Le syndicat des entreprises de service après-vente prend à bras le corps cette problématique de santé publique pour orienter ses adhérents sur le marché de l?entretien des installations.
Légende : De gauche à droite, Patrick Carré, président du Synasav, Régis Olagne, directeur de clientèle de BVA Group chargé du développement durable, et Roland Bouquet, responsable de l'entreprise Atout Gaz Bouquet (69) et administrateur du Synasav. ©B.Reinteau
Tarte à la crème de ces vingt dernières années – alors que quasiment rien n’a été fait, sinon de belles études –, le sujet de la qualité d’air intérieur des logements devient le support de la nouvelle campagne commerciale des adhérents du Synasav, syndicat des entreprises du service après-vente technique.
D’après une étude commandée auprès du département développement durable de BVA, « les résidents de logements connaissent très moyennement leur équipement de ventilation et sont très peu informés sur les enjeux de la qualité d’air intérieur », explique Régis Olagne, de BVA et responsable de ce travail mené en mai dernier. 2 014 réponses au questionnaire sur internet ont été exploitées.
Une connaissance approximative de la ventilation
Exemples. 16 % des interviewés ne connaissent aucun système de ventilation ; les systèmes simple flux et les extracteurs sont connus de deux tiers de la population, et 38 % connaissent les systèmes double flux.
Plus grave, 29 % des sondés disent ne pas avoir de ventilation. Parmi les 71 % restant, 36 disposent d’une simple flux, 11 % d’une double flux et 33 % d’extracteurs.
S’ils sont plutôt largement satisfaits de leur équipement, il en reste 16 % qui pestent en raison du bruit, du rejet de chaleur « aux petits oiseaux », de courants d’air ou, pire, de moisissures, d’odeurs et d’humidité…
Plus grave, deux tiers des répondants avouent benoîtement n’avoir jamais fait contrôler leur installation (66 %) ; en creusant un peu, le questionnaire indique qu’ils seraient seulement 43 %. Mais parmi les « consciencieux », 33 % l’entretiennent tous les ans. Ensuite, ça se dégrade : 20 % le font une fois tous les 5 ans, et 4 %, tous les 10 ans.
La pollution intérieure tue
Venons-en au fait. Pourquoi dresser un tel constat ? Pour proposer des contrats d’abonnement d’entretien ! Évidement, chiffon, burette, et tout ira pour le mieux. Pour tenter de convaincre, Patrick Carré, président du Synasav, sort l’artillerie lourde : « L’étude commandée en 2014 par l’Anses, le CSTB et l’OQAI conclut à un coût social de la mauvaise qualité de l’air intérieur de 20 Mds€ par an et environ 20 000 décès.
Le nombre de maladies – asthme, rhinite, conjonctivite et allergies – liées à la qualité de l’air intérieur augment chaque année de 28 000 cas, et le nombre d’asthmatiques a été multiplié par 4 en 30 ans. » À cela, il ajoute « les effets du de l’isolation renforcée et confinement produit par l’étanchéité à l’air des récentes réglementations thermiques. »
D’après l’enquête BVA, les sondés tombent de la chaise en découvrant ces chiffres. Deux tiers se disent étonnés. 29 % ne s’avouent pas surpris et 5 % jugent l’information… fausse.
Des actions de formation et l’information
Action, réaction ! Roland Bouquet, responsable de l’entreprise Atout Gas dans le Rhône et administrateur du Synasav annonce qu’il va falloir « transformer les informations de cette étude en actions sur le terrain. » Un groupe de travail sur la qualité de l’air intérieur en logement a été rassemblé. Il a produit deux actions.
La première vise à informer les syndics, associations de consommateurs et pouvoirs publics des données remontées par l'étude de BVA. La diffusion de cet état des lieux s'inscrit aussi parmi les actions menées par le Synasav dans le cadre de deux événements politiques importants : la préparation du 4? plan national santé et environnement (PNSE) 2020-2024 où « la qualité de l'air intérieur sera placé parmi les enjeux prioritaires », annonce Roland Bouquet, et la préparation de la réglementation environnementale 2020 applicable aux bâtiments. « Le Synasav veut prendre la parole dans ce débat. »
Plus prosaïquement, le Synasav va aussi développer le savoir-faire de ses adhérents. Un guide « ventilation » est disponible en téléchargement sur le site du syndicat, et une formation spécifique sur la maintenance des systèmes de ventilation par e-learning est en cours de rédaction. Il débouchera sur une qualification spécifique.
Dans la foulée, la production d'un contrat type est envisagé, sur la base du modèle Afnor proposé par les chauffagistes. Dans un premier temps, les adhérents pourraient aussi proposer des diagnostics « ventilation » à l'occasion de l'entretien de la chaudière.
L'étude BVA indique d'ailleurs que les détenteurs d'un contrat d'entretien pour leur chauffage (18 % du panel) constituent les premiers clients potentiels. Au-delà, 7 % des interrogés se monteraient intéressés. Essai à transformer.
Source : batirama.com/ Bernard Reinteau