Alors que LCA-FFB avait prévu une baisse de 10% des ventes de maisons individuelles, elle estime aujourd?hui qu?elle sera plus importante. En cause, le rabotage des aides au logement et la suppression de l?APL Accession.
L’idée souvent véhiculée, selon laquelle les aides publiques au logement créent un effet d’aubaine, est infondée. Preuve en est, les derniers chiffres dévoilés le 20 septembre par Patrick Vandromme, président de LCA-FFB, qui rappelle au passage que si l’Etat y consacre chaque année plus de 40 milliards d’euros, le secteur rapporte beaucoup, plus de 74,4 milliards de recettes fiscales en 2017 pour une dépense de 42 milliards (selon les comptes du logement publiés en juillet par l’Insee).
9 mois de recul des ventes
A fin juillet 2018, le marché de la maison neuve enregistre une chute de 9,8% en glissement annuel sur 12 mois. Sur les 7 premiers mois 2018, le décrochage atteint même 13,7%. Les ventes en secteur diffus atteindraient 123 600, contre 135 000 en 2017. Ce qui correspond aussi à l’effondrement du PTZ : -34% dans le neuf sur les 8 premiers mois de 2018 par rapport à la même période en 2017, et même de 55% dans l’individuel neuf.
« Depuis novembre 2017, la maison individuelle a enchaîné 9 mois consécutifs de recul de ventes et le deuxième trimestre qui d’ordinaire correspond à des mois favorables à la décision d’achat, n’a pas fait exception », constate Patrick Vandromme.
Aucune région n’est épargnée. Toutes, y compris l’Ile-de-France (-16%) qui souvent correspond à un marché soutenu, ne résiste pas à cette tendance baissière, alors que seules 5 régions étaient dans le rouge en 2017.
2020 : l’année couperet
Face au décrochage des ventes depuis fin 2017, LCA-FFB estime qu’une inflexion de la production de maisons et du chiffre d’affaires va commencer à se manifester d’ici la fin de l’année, pour s’intensifier en 2019.
Mais c’est surtout, à partir de 2020 avec la disparition du PTZ en zones B2 et C, c’est-à-dire sur 22 000 communes, et la hausse éventuelle des taux, que la situation s’aggravera. « Le marché pourrait entrer dans une récession durable avec des ventes annuelles inférieures à 100 000 unités », craint Patrick Vandromme.
L’impact des aides publiques : le vrai sujet
Pour mieux comprendre les raisons du dévissage des ventes au premier semestre , LCA-FFB a mené une enquête auprès de ses adhérents. Les répondants représentant 22 0000 ventes de logements individuels et collectifs en 2017 ont déclaré une baisse des ventes de 11% entre le 1er semestre 2018 et celui 2017.
Selon cette enquête, la suppression de l’APL Accession en zones A et B1 expliquerait 40% de la baisse, le reste étant dû à la dégradation de l’environnement économique et l’aspect psychologique.
En zones B2 et C (zones détendues et rurales) qui représentent les trois quarts des ventes des constructeurs de maisons, la disparition de cette aide compte pour 42% de la baisse, auxquels il convient d’ajouter le rabot du PTZ, prépondérant ici avec 45% de repli des ventes.
La réforme des aides responsable de la chute du marché
Au final, la réforme des aides expliquerait près des neuf dixièmes de la chute de l’accession dans les territoires supposés peu ou pas tendus. Pour Benoît Catel, directeur général du Crédit Foncier, la suppression de l’APL Accession, subvention qui permettait de solvabiliser les ménages et dont prenaient en compte les banquiers dans l’octroi de prêts, a pour conséquence la non concrétisation en 2018 de 30 000 opérations d’accession, dont 20 000 dans le neuf.
Côté investissement locatif, en zones B2 et C, la suppression de l’éligibilité au dispositif « Pinel » aurait conduit au recul des ventes de 84%.
Crédits immobiliers : en baisse pour 2018
- Le volume de crédit en 2018 devrait connaître une baisse de 9%, passant de 175 milliards d’euros en 2017 à 160 milliards en 2018 ; la hausse reste malgré tout de 6% sur la période 2015-2018.
- Les taux d’intérêt restent stables depuis 18 mois, à un niveau bas. En août : 1,43%.
- L’accélération de l’inflation à 2% rend l’endettement immobilier plus intéressant que jamais.
- L’augmentation des durées moyennes de crédit (18 ans et 6 mois en août 2018) traduit des problèmes de solvabilité des demandeurs de crédits en raison de la hausse des prix de l’immobilier (+2,7% sur les appartements, + 3,2% pour les maisons) et de la dégradation des soutiens publics.
Source : batirama.com / Frédérique Vergne