Après une année 2018 chaotique, la SGP adapte son effectif à la dimension du chantier. L'année 2019 sera marquée par l'implantation de cinq nouveaux tunneliers.
Photo© Société du Grand Paris
Après l’élection de Patrick Braouezec, mi-septembre, à la présidence du Conseil de surveillance de la Société du Grand Paris (SGP), instance chargée de l’immense chantier des nouvelles lignes et gares du métro en périphérie de Paris, Thierry Dallard, président du directoire nommé en mars dernier a fait le point, le 25 septembre, sur l’avancement du projet et du management des chantiers.
Cet ingénieur des ponts et chaussées, ex-sous-directeur à la direction des routes au ministère de l’équipement, reconnu pour ses compétences sur les divers projets qu’il a déjà menés (LGV Tours-Bordeaux, Rocade L2 à Marseille…) prend les rênes après plusieurs mois de troubles : augmentation du budget de 24 à 35 Mds€, commentaires de la Cour des comptes sur le sous-dimensionnement des équipes, retards de chantiers…
Devant la presse, Thierry Dallard avance des propos positifs. Pour ce « système de transport à mettre en place », il oppose aux critiques la mise en place en quelque 10 ans – 2008-2018 – d’une solution unique qui, après ses consultations, a reçu l’assentiment « des collectivités locales, d’Île-de-France Mobilité et de la Région ».
400 embauches d’ici deux ans
Les remarques de la Cour des comptes en décembre 2017 sur le ratio d’externalisation trop élevé et la nécessité de renforcer les moyens internes, actuellement constitués de quelque 200 personnes, ont été pris à bras le corps ; par comparaison, le projet londonien Crossrail comptait jusqu’à 1 200 personnes, dont 500 dédiés à la maîtrise d’ouvrage.
Thierry Dallard annonce donc deux échéances de recrutement : 200 embauches en 2019 et 200 autres en 2020, avec à la clé une évolution du management de la SGP. Ce choix devrait être approuvé d’ici la fin de l’année. Il fera aussi l’objet d’un nouveau management des équipes.
Thierry Dallard, président du directoire de la SGP, nommé en mars dernier a fait le point, le 25 septembre, sur l’avancement du projet et du management des chantiers.
Bientôt 300 chantiers
La SGP suit actuellement une centaine de chantiers sur les 35 km de voies en construction : 65 chantiers de génie civil et 35 chantiers de préparation. Mais progressivement, l’ensemble des 200 nouveaux kilomètres de voies seront en travaux, avec un total de 300 équipements (gares, ateliers, arrières-gares…) qui seront mis en œuvre.
L’engagement d’un tel volume de travaux a aussi fait apparaître des risques de dérives de délais et d’ouverture des lignes, notamment en tenant compte des jeux olympiques de 2024. à ce titre, le président du directoire demande de « rester modeste ». « Ce sont des chantiers de génie civil qui plus est en travaux souterrains ; il peut y avoir des aléas… ». Ce fut le cas récemment avec des venues d’eau sur le parcours de la ligne 14 nord, ainsi qu’à la gare de Saint-Maur où la correspondance de la ligne 15 sud (à 52 m de profondeur !) avec le RER A a demandé de modifier totalement la solution technique pour éviter de déstabiliser les voies existantes.
À cela s’ajoute la prise en compte des demandes des collectivités locales pour revoir l’organisation des gares, voire leur architecture. Pour Thierry Dallard, ces difficultés demandent un réajustement indispensable du planning. Et il se donne jusqu’au printemps 2019 pour lever les incertitudes.
De nouveaux tunneliers arrivent…
Parmi les chantiers importants figurent l’entrée en action des tunneliers. Actuellement, deux sont en opération : celui au départ de Champigny avait effectué un percement de 289 m ce 24 septembre, et celui allant de Noisy-Champs vers Champigny, 39 m. En 2019, cinq autres tunneliers entreront en action.
Cependant, à la politique d’achat d’équipement se substitue des efforts d’économie. Ainsi, les tunneliers des chantiers sur les lignes 15 sud, et 16 seront réemployés sur les lignes 15 est et ouest et 17 nord. Globalement, l’engagement est pris pour réaliser 10 % d’économie sur le budget : 1 200 pistes sont étudiées dont une très grande part peuvent aboutir.
Préparer l’exploitation
« Après la gestion politique et la matérialisation du projet, il faut se projeter sur le fonctionnement, anticiper sur la mise en service », note Thierry Dallard. Ce mois de septembre, la SGP a passé son premier marché de matériels roulants à Alstom pour équiper les lignes 15, 16 et 17. En tout 183 rames, soit 1 000 voitures pour un montant de 1,3 Mds€.
Et d’ici fin 2018, elle doit passer les marchés des systèmes embarqués (information visuelle et sonore des trains) et d’automatismes de conduite (les rames seront autonomes). Les commandes grossiront en 2019 : douze marchés de systèmes seront notifiés et trois appels d’offres lancés. Viendront ultérieurement les marchés d’aménagement de toutes les nouvelles gares.
La SGP tient d’ailleurs à marquer l’ancrage local de ce projet exceptionnel : mille petites et moyennes entreprises, dont 620 franciliennes, travaillent actuellement avec majors ou consortiums titulaires des lots, ce pour un chiffre d’affaires estimé à 650 M€.
Une ouverture au financement privé
La fin de l’année 2018 sera aussi marquée par une nouvelle forme de financement de ce projet. Après les financements publics de 1 Md€ par le Caisse des dépôts et consignations (CDC) et 2 M€ par la Banque européenne d’investissement (BEI), la SGP va prochainement lancer un premier emprunt obligataire de 1 Md€. Dans les années à venir, cette demande de fonds privés devrait s’élever à 30 Mds€.
Source : batirama.com / Bernard Reinteau