A la veille du salon Artibat, événement incontournable pour eux, plusieurs industriels implantés en Bretagne nous font part de leurs perspectives et évoquent leur vision du marché.
La 16e édition d’Artibat se déroulera du 24 au 26 octobre prochain au parc des expositions de Rennes. Si elle draine des professionnels venant de toute la France, la manifestation occupe une place toute privilégiée dans l’agenda des acteurs du Grand-Ouest.
« C’est une date importante pour nous, témoigne Sébastien Caradec, directeur commercial et marketing du groupe Renou. Avec moins de 10 ans d’existence, Thermibloc (fabriquée par la société Xélis née en 2010) est une jeune marque innovante encore en quête de notoriété.
La diffusion de notre bloc de coffrage isolant en béton de bois passe par un partenariat rapproché avec les architectes, les maîtres d’œuvre, les maçons, les bureaux d’étude. Notre usine se trouve à 30 minutes de Rennes. Notre participation à Artibat est donc une évidence et nous réunissons tous nos partenaires dans nos locaux le 23 octobre, veille de l’ouverture du salon, pour une journée d’échanges. »
Construction tertiaire avec le bloc Thermibloc (Xélis), une jeune marque innovante en quête de notoriété
Une date clé pour Perin & Cie
Le rendez-vous biennal de la construction est également une date clé pour Perin & Cie, spécialiste du béton, dont le stand sera divisé en deux parties : aménagement extérieur et gros œuvre.
Chaque univers mettra particulièrement en vedette une innovation majeure. Ici, une clôture dont les dalles en béton fibré, légères et peu épaisses (2 cm seulement), imitent l’esthétique du bois.
Là, le produit breveté Air’Bloc. Il s’agit d’un bloc rempli d’une mousse minérale isolante, très léger mais à haute performance thermique et acoustique, qui autorise une pose collée beaucoup plus rapide que la mise en œuvre traditionnelle.
Encore une innovation pour le spécialiste du béton, Perin & Cie, avec Air'Bloc rempli d'une mousse minérale isolante
Une conjoncture globale décevante
Renan Denis, PDG de Perin et Cie, aborde le salon avec un entrain manifeste même s’il s’avoue un peu « déçu » par l’évolution globale de la conjoncture. « Après des années de crise qui ont vu chuter le marché de la maison individuelle de 50% entre 2008 et 2016, il y a eu une réelle embellie en 2017. Mais elle ne se confirme malheureusement pas ! déclare-t-il.
Nous notons une nette décélération depuis le mois de juin. La réforme des prêts à taux zéro affecte la construction de maisons qui chute de 14% au plan national par rapport à l’an dernier. Il ne faut pas oublier que les deux tiers des propriétaires de maison neuves sont des primo accédants… Quant au logement collectif, il subit l’impact de la baisse des budgets pour les HLM et des programmes sont abandonnés ».
Fidéliser les clients et développer de nouveaux marchés
Cette analyse de la conjoncture est assez largement partagée. Laurence Renévot s’en fait aussi l’écho. Elle dirige à Quimper l’entreprise Eclisse, pionnière en France de ces portes à galandage dont l’Italie raffole.
« Le climat des affaires est compliqué par le recul des mises en chantier de la maison individuelle, constate-t-elle. Les perspectives 2019 ne sont pas forcément positives. La fidélisation clients tout comme le développement de nouveaux marchés seront les moteurs de notre activité future ».
Au sein d’Isocell France, spécialiste de l’isolation cellulosique et de l’étanchéité à l’air, le directeur commercial Frédéric Bleuse fait entendre un même son de cloche : « Le premier semestre a été très bon mais un peu moins bon depuis le mois de mai. Les artisans ont toujours des trésoreries tendues, ils sont encore en convalescence même si la situation s’est améliorée. Par ailleurs, nous constatons qu’ils sont sensibles à l’utilisation de matériaux biosourcés renouvelables mais connaissent mal leur mise en œuvre. Il y a un déficit de formation à cet égard ».
Les artisans sont sensibles à l’utilisation de matériaux biosourcés renouvelables... et souffrent parfois d'un déficit de formation
La créativité à l’honneur
En dépit d’une conjoncture en demi-teinte, l’activité des industriels interrogés semble poursuivre une bonne dynamique, souvent portée par l’innovation. Delta Dore, par exemple, est une entreprise leader sur le marché des solutions pour la maison et les bâtiments connectés.
Elle propose des outils domotiques permettant de piloter depuis un smartphone ou une tablette divers équipements de l’habitation : chauffage, alarme, volets, éclairage, portail. Et elle accompagne les bâtiments tertiaires soucieux d’optimiser leur efficacité énergétique.
« Le marché du smart home est porteur, reconnaît Carine Jacq, responsable Marketing digital et Communication au sein de la société. Les logements sont de plus en plus connectés avec pour focus le confort, la sécurité, la simplicité. Nous réalisons actuellement 146 M€ de CA, dont 30% hors de France. Nous souhaitons continuer à nous développer à l’international et nous misons beaucoup sur les solutions et services permettant d’accompagner la transition énergétique ».
Le rôle moteur des politiques énergétiques est d’ailleurs unanimement constaté, avec parfois quelques réserves. « Le processus de transition énergétique est en bonne voie mais il est encore mal connu du grand public, et parfois mal exploité. L’Isolation à 1€ pour les ménages modestes par exemple donne lieu à de nombreux abus », estime Frédéric Bleuse.
Vers la RTE 2020
L’essor de la demande vers des bâtiments toujours plus économes en énergie est en tout cas perçu comme un phénomène durable. Sébastien Caradec s’en réjouit pour Thermibloc : « Parallèlement au logement, nous sommes de plus en plus sollicités pour la réalisation de bâtiments tertiaires ultra-performants (écoles, bureaux, administration…) comme récemment la maison de santé de Vern-Sur-Seiche, près de Rennes, un projet labelisé Passivhaus. C’est pour nous un axe de développement prometteur car la qualité de vie au travail et dans le domaine de l’enfance est devenue un vrai enjeu de société. »
Un groupe comme Perin se prépare activement à la future Réglementation thermique et Environnementale 2020 qui prendra en compte nous seulement les performances thermiques des constructions mais aussi leur impact carbone.
Un nouveau label E+/C- (Energie positive / Réduction carbone) doit voir le jour. A cet égard la technologie Air’Bloc développée par l’entreprise a un temps d’avance : son empreinte de 15 kg équivalent CO2 par m2 est vertueuse.
« L’innovation tire notre croissance, conclut Renan Denis. Nous investissons beaucoup dans la recherche et le développement et déposons de nombreux brevets. C’est ce qui nous a permis de quadrupler notre chiffre d’affaires en 12 ans ».
Un CA passé de 9 à 35 M€, dont 20% sont réalisés hors du Grand Ouest grâce à des produits comme le Bardaclean, un bardage béton autonettoyant qui trouve parfaitement sa place dans l’environnement pollué de la région parisienne.
Parallèlement au logement, les industriels de la construction sont de plus en plus sollicités pour la réalisation de bâtiments tertiaires ultra-performants, selon Sébastien Caradec, directeur commercial et marketing du groupe Renou (marque Xélis/Thermibloc)
Source : batirama.com / Coline Gady