Cinq opposants à la construction d'une rocade autoroutière controversée à Strasbourg ont annoncé à Bischheim (Bas-Rhin) qu'ils mettaient fin à leur grève de la faim entamée un mois plus tôt.
"La 5e semaine qui a débuté est le moment où le risque d'atteinte aux organes nobles s'aggrave vraiment", font-ils valoir. Les cinq opposants réunis dans une église protestante, en banlieue de Strasbourg, dénoncent le "silence assourdissant des autorités" face à leur mouvement ainsi que "la violence des passages en force" de Vinci, l'un des constructeurs de cette rocade.
Déplorant aussi l'"écho insuffisant dans les médias", l'"inertie d'une majorité d'élus" ou l'absence du "moindre signe d'attention" d'Emmanuel Macron, ils estiment que la "fin de non recevoir" qui leur est opposée ne vaut pas qu'ils mettent leur "vie en danger". "Ils ont perdu entre 9 et 14 kilos, soit 12 à 13% de leur poids de corps, c'est énorme", a noté Anny Zorn, un des médecins qui suivaient les grévistes de la faim presque quotidiennement depuis le début de leur jeûne le 22 octobre.
"Certains auraient pu continuer plus longtemps, d'autres sont plus faibles et ils ont pris une sage mesure d'arrêter collectivement cette action pour ne pas mettre en danger les plus fragiles", a-t-elle observé." Alsace Nature tient à remercier ces personnes qui se sont engagées, dans une démarche rare, en faveur de l'intérêt général, pas de leur propre intérêt", a souligné de son côté Maurice Wintz, vice-président de cette association écologiste.
Poursuite de la lutte sous d'autres formes
"La période de reconstruction de leur corps va être quelque chose de très long: on n'arrête pas brutalement une grève de la faim en recommençant à manger de la tarte flambée dès le lendemain", a-t-il aussi insisté. "La grève de la faim s'arrête, la lutte contre ce projet absurde qu'est le GCO ne s'arrête pas. Nous allons continuer sous d'autres formes à mener cette lutte pour demander un moratoire", a-t-il poursuivi, dénonçant "le hiatus entre le discours du gouvernement et la réalité".
Le tribunal administratif de Strasbourg doit ainsi rendre une décision dans les prochains jours après un nouveau recours d'Alsace Nature contre les travaux du GCO."On aurait pu tenir plus longtemps, mais face à ce mur, au silence des autorités, ça ne sert à rien de se mettre en danger", déplorait de son côté Christine Ludes, une des grévistes de la faim qui a perdu 13 kilos. "
Cela montre malheureusement que l'argent passe avant tout, avant la vie elle-même, parce que c'est la vie que nous défendons".Selon ses promoteurs, le GCO doit délester l'autoroute A35, régulièrement engorgée, en absorbant le trafic du nord au sud de l'Alsace. La mise en service de cette rocade de 24 km, essentiellement payante, est prévue en 2021.Mais ses opposants estiment qu'elle entraînera un afflux de camions dans la région, une dégradation de la qualité de l'air, la disparition de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées.
Source : batirama.com