Le dernier appel d'offres pour la construction de centrales solaires sur les bâtiments n'a pas attribué autant de capacités que prévu, signe que les prix avaient trop baissé lors des précédentes enchères.
Sur les 300 mégawatts (MW) prévus, seuls 115 MW ont finalement été attribués, répartis entre 243 projets, et surtout, pour la première fois les prix moyens qui sont ressortis de cet appel d'offre sont supérieurs à ceux de la précédente enchère réalisée au trimestre dernier, selon une délibération de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).
Ce résultat peut paraître paradoxal alors que la France s'est fixé des objectifs ambitieux pour cette énergie et que le coût du solaire ne cesse de diminuer ces dernières années, tiré par la concurrence et la baisse des prix des panneaux solaires essentiellement chinois.
Mais pour les professionnels du secteur, il illustre une situation dans laquelle les prix étaient tombés si bas lors des enchères précédentes, qu'ils ont découragé de nombreux développeurs à concourir, craignant pour leur rentabilité.
Une pression sur les prix néfaste pour les appels d'offres
"Il y a eu un désengagement de beaucoup d'acteurs du segment des toitures du fait de cette pression sur les prix" pour privilégier par exemple les centrales au sol, explique Daniel Bour, président du syndicat Enerplan.
Marion Lettry, du Syndicat des énergies renouvelables (SER) évoque aussi "un épuisement progressif des projets les plus faciles à développer et donc moins cher". Tous les deux pensent toutefois que ce rebond des prix (+10% pour les projets de 100 à 500 kilowatts et +7% pour ceux de 500kW à 8 MW) va attirer les candidats aux prochains appels d'offres.
"C'est une bonne nouvelle pour le marché car il faut que les acteurs retrouvent un peu de marges", abonde Damien Ricordeau, dirigeant de la société de conseil en financement Finergreen, qui y voit également la fin d'une "course à l'échalote" de certains développeurs pour gagner des projets à tout prix.
Une situation préoccupante pour la CRE
La CRE est moins optimiste, jugeant la situation "préoccupante". Elle estime que cela "soulève une interrogation quant à la capacité de la filière à s'adapter au rythme de développement imposé par l'appel d'offres et/ou aux freins éventuels qui affecteraient le développement des projets".
Elle propose, si cette situation persiste, de réduire les volumes des appels d'offres ou leur fréquence, ou encore de baisser les prix plafonds pour éviter les effets d'aubaine en cas de candidatures insuffisantes.
Source : batirama.com