Comment les pros peuvent-ils répondre aux défis de la RT 2012 et notamment ceux du BBC ? L?agence Qualité Construction a tenté de faire le point lors de son assemblée générale.
Guy Cholley, économiste de la construction, estime que les problèmes commencent déjà à son niveau. Il doit gérer le rapport qualité-prix d’un chantier pour le maître d’ouvrage. Ce qui implique que ce dernier sache exactement ce qu’il veut. « C’est généralement le cas, notamment au niveau de son enveloppe financière, mais le problème est que celle-ci est souvent fixée depuis un certain temps après de longues discussions.
Lorsqu’on demande son augmentation, au vu de ce qu’il va falloir devoir faire pour répondre au cahier des charges, on se heurte souvent à un mur. Or, le maître d’ouvrage doit avoir conscience des lacunes qu’il peut y avoir dans une programmation et doit être à notre écoute s’il veut obtenir de meilleurs résultats ! »
Bien gérer le phasage sur le chantier
Autre son de cloche avec Philippe Emery, entrepreneur plaquiste. « Le plus grand challenge pour le professionnel reste la gestion des interfaces entre les différents corps de métier qui oeuvrent sur un chantier (un électricien et un plaquiste, par exemple), car toute dégradation ultérieure d’un ouvrage déjà mis en place peut avoir des conséquences importantes.
Toute la difficulté est que l’entreprise doit être responsable des performances d’un chantier auquel elle ne participe que partiellement ! Qui plus est, elle ne participe pas non plus à la gestion effectuée par l’usager ».
Créer une chaîne de performances
L’espoir formulé réside donc dans la construction d’une chaine de performance, de la conception à l’utilisateur, qui va être co-auteur de la performance. Mais des craintes sont aussi exprimées : « Lorsque deux nouveaux marchés s’ouvrent, ils attirent de nouveaux entrants dont on ne connait pas forcément la fiabilité.
Par ailleurs, certains fabricants enferment les entreprises en proposant des systèmes dont les produits sont imposés jusqu’à la moindre vis, faute de quoi elles ne sont plus assurées ! Un cercle dont il faudrait pouvoir sortir… Enfin, les professionnels doivent s’approprier les nouvelles techniques, ce qui passe par la formation.»
Qualité des chantiers : vers de nouveaux métiers
Laurent Peinaud, de Socotec a pour sa part rappelé que le contrôle technique joue aussi son rôle, en assurant une surveillance permettant d’avoir une cartographie des risques. « Or, la charge de piloter la qualité devient plus complexe devant la hauteur des exigences attendues, proche du « Zéro défaut » et conduira sans aucun doute à de nouveaux métiers destinés à animer la qualité sur le chantier, dit-il.
L’important est d’éviter les points de non-retour (par exemple en étanchéité à l’air, où les malfaçons sont irréversibles) ». Le contrôle technique va donc au-delà de la gestion des risques, jusqu’à la gestion organisationnelle et de la programmation.
Source : batirama.com / M.F
Les assureurs peu optimistes
Enfin, est venue la grande question : qui va garantir ? Daniel Lemaitre de la SMABTP ne s’est guère montré très optimiste à cet égard : « Les assureurs se demandent si la législation est en mesure de traiter l’évolution des normes, la mesure des performances ou le comportement des usagers. On entend beaucoup parler de performance énergétique…mais de quoi s’agit-il au juste ?
La performance conventionnelle ? La performance réelle ? La performance sur laquelle on s’est engagée avant la construction ? Sans clarté sur ces points et avec un tel manque de visibilité, il sera difficile pour un assureur de s’engager. En outre, la surconsommation ne nous semble pas devoir entrer dans une assurance de protection de l’usager… »