Terreal anticipe la RE 2020 sur une maison de 146m2

© Terreal

La filière bâtiment expérimente aujourd'hui la future réglementation environnementale (référentiel E+C) applicable au logement et au bureau. Terreal s?investit pour proposer une offre globale.

À la question : « les industriels sont-ils en mesure de proposer de produits de construction pour répondre à la future réglementation environnementale des bâtiments ? », Terreal répond de manière affirmative.

 

Ses solutions portent à la fois sur les choix de structures et sur les options techniques. Ce fournisseur invite d’ailleurs les maîtres d’oeuvre et maîtres d’ouvrage à s’investir dans ces nouvelles méthodes.

 

C’est ce que démontre la construction d’une maison individuelle sur la commune de Tocane Saint-Âpre, en Dordogne. Conçu par le cabinet d’ingénierie thermique Bastide & Bondoux, cet ouvrage de 146 m² de surface hors oeuvre brute (169 m² de surface au regard de la réglementation thermique 2012), répond aux critères E3C1 du référentiel E+C-. Ce texte doit prochainement se substituer à la réglementation thermique 2012 (RT 2012).

 

Cette construction de 146 m² shob présente un plan à trois ailes. © Terreal

 

Une belle performance

 

« C’est une belle performance », précise Antoine Giret, responsable technique chez Bastide & Bondoux, « car aujourd’hui le niveau E4 est quasiment inatteignable. Sauf à développer une installation photovoltaïque d’une surface supérieure à celle du toit… ».

 


Ce référentiel a pour premier objectif d’améliorer les consommations d’énergie des constructions neuves, en dépassant le niveau « basse consommation » de 50 kWh/m².an établi par la RT 2012, et en visant le niveau dit « passif », voire « positif ».

 


En second lieu, il prendra en compte les émissions de gaz à effet de serre, critère mis en marge de la réglementation actuelle. « La classification E3C1 devrait devenir le seuil réglementaire à l’horizon 2020 », note Emmanuel Toffolo, responsable d’activité « Label et ATH » chez Promotelec Services, certificateur de cette opération.

 

Un enjeu d’avenir

 

Conscients des impacts importants de cette évolution réglementaire en termes techniques et d’organisation, dès 2016, les pouvoirs publics ont lancé les expérimentations du référentiel dit « E+C- ».

 

En résidentiel ou tertiaire, ces « field-test » permettront à la filière construction de tenir un niveau élevé d’ambitions environnementales. Terreal a saisi la balle au bond : « Nous nous sommes mobilisés pour être parmi les tous premiers industriels à atteindre le label E+C – au plus haut niveau », déclare Jean-Philippe Monlouis-Bonnaire, responsable développement marché Gros-oeuvre chez Terreal. « Et surtout, avant même qu’il n’entre en vigueur. »

 

Il détaille les contours de sa stratégie : « Nos efforts se poursuivront par un grand projet de labellisation de maison dans chaque région de France. Cela demande une adaptation réelle aux contraintes énergétiques et environnementales de chaque territoire.

 

En parallèle, nous lançons des rencontres avec les constructeurs, promoteurs et tous les acteurs du bâtiment pour informer sur cette nouvelle réglementation. Nous poursuivons également nos efforts pour apporter à nos clients des solutions performantes et durables en couplant la terre-cuite aux solutions de récupération et de production d’énergie renouvelable. Pour nous c’est l’avenir ! »

 

Quatre niveaux « Énergie », deux niveaux « Carbone »…

 

Le référentiel retient quatre niveaux de performance énergétique et, actuellement, deux niveaux « carbone ».


Les quatre niveaux « Énergie » sont :

− Énergie 1 et Énergie 2 : en résidentiel, les niveaux de consommation d’énergie sont réduits de 5 à 15 % par rapport à ceux de la RT 2012, et en tertiaire, de -15 % à -30 % ;
− Énergie 3 : en résidentiel, les consommations d’énergie sont réduites de 20 % par rapport à la RT 2012 auxquels doivent s’ajouter 20 kWh/m².an fournis par des solutions à énergies renouvelables ; en tertiaire, les consommations d’énergie sont 40 % inférieurs au seuil de la RT 2012, et 40 kWh/m².an sont apportés par des énergies renouvelables ;
− Énergie 4 : ce niveau qualifie les bâtiments producteurs d’énergie, réellement à énergie positive, c’est-à-dire ceux où la production d’énergies renouvelables est équivalente aux consommations non renouvelables, tous usages du bâtiment pris en compte.

 

Les deux niveaux « Carbone » varient selon se distinguent par :

− Carbone 1 : niveau établi pour être accessible à tous les projets où les concepteurs et entreprises jouent le jeu d’une évaluation des impacts de l’ouvrage en termes d’émissions de gaz à effet de serre ; aucun système constructif n’est exclu. La production de carbone est calculée lors du chantier et au cours de 50 années d’exploitation du bâtiment.
− Carbone 2 : le travail sur la réduction des émissions est considérablement renforcé. Selon les ouvrages, le poids carbone peut être 2 à 5 fois inférieur au précédent.

 

À l’expérimentation, l’écart étant estimé trop important par nombre de concepteurs et de constructeurs, un niveau intermédiaire devrait être établi. Voir le site http://www.batiment energiecarbone.fr.

 

 

Les murs isolés par l'intérieur ont été réalisés en briques Calibric One d’une résistance thermique de 1,09 (m².K)/W. © Terreal

 

Adapté au site

 

Pour réaliser ce chantier, les ingénieurs du cabinet Bastide & Bondoux, en accompagnement du maître d’oeuvre et constructeur Les Bâtisses du Périgord, ont exploité le potentiel du catalogue Terreal. À savoir : les matériaux de construction et leurs accessoires, mais aussi les équipements de production d’énergie renouvelable et une solution d’autoconsommation.

 


« Les produits Terreal sont déjà calibrés pour rentrer dans le processus d’obtention de label », reconnaît Antoine Giret. Pour créer cette construction de plain-pied au tracé en trois ailes, les concepteurs disposaient principalement de deux produits pour monter les murs : les briques rectifiées à montage par joints minces Calibric One et Calibric Max.

 


Ces blocs d’une épaisseur de 20 cm, affichent respectivement une résistance thermique R après enduit de 1,09 (m².K)/W et de 1,5 (m².K)/W.

 

 Les points singuliers de la construction – appuis de menuiseries, linteaux – ont été traités avec des éléments à isolation répartie. © Terreal

 

Isolation thermique par l’intérieur

 

En raison de la position géographique et climatique du projet – en zone H2c –, la version Calibric One associée à une isolation par l’intérieur convenait parfaitement. L’enveloppe est complétée de deux produits destinés à maîtriser les ponts thermiques aux points singuliers : des linteaux monoblocs adaptés aux chaînages et volets roulants, ainsi que des appuis de fenêtres monolithes isolés.

 


Cette association de matériaux a permis de créer une enveloppe qui affiche un coefficient bioclimatique (Bbio) de 27,7 pour un niveau maximal requis de 42. Par ailleurs, les consommations d’énergie requise affichent un niveau 80 % inférieur au Cep max : 8,2 kWh/m².an !

 

Energies fatales et renouvelables

 

Si les besoins de chauffage sont faibles et simplement apportés par des radiateurs électriques – un conduit de fumée a toutefois été installé pour donner la possibilité d’installer un chauffage au bois –, les besoins d’eau chaude sont assurés par un équipement thermodynamique original : le Lahe-Roof.

 


Déjà porteur d’un Titre V RT 2012, ce système comprend un ballon de production d’ECS de 200 l équipé d’une pompe à chaleur de 3 kW et d’un Cop de 2,5. Particularité : sa source froide est alimentée par l’air extérieur préchauffée par le passage dans une lame d’air aménagée sous la toiture.

 


Pour maintenir un niveau de température satisfaisant en toute saison, soit 5 à 15 °C de plus que la température extérieure, le bureau d’études a retenu une tuile plate de teinte sombre : la Volnay PV de teinte ardoisée. Comparée à une solution sur air extérieur classique, le gain énergétique sera d’environ 4 à 5 kWh/m².an.

 

L’eau chaude sanitaire est produite par un ballon thermodynamique doté d’une pompe à chaleur air/eau ; cet équipement utilise l'air extérieur réchauffé par son transfert en sous face de la toiture. © Terreal

 

Consommer son énergie

 

L’accès au niveau énergie E3 tient aussi à l’installation photovoltaïque dédiée à l’autoconsommation. Le pan de toiture incliné au sud est recouvert de neuf panneaux Solterre, de 260 Wc chacun.

 


Cette source d’énergie est connectée à un système de stockage Storelio, une batterie au lithium qui dispose d’une capacité de charge rigoureusement adaptée, soit 2,25 kWc. L’installation rassemble aussi les micro-onduleurs et un transformateur d’électricité en courant alternatif indispensables pour exploiter l’énergie directement dans le logement ; le solde est injecté sur le réseau, à titre gratuit.

 

Comment les propriétaires de la Maison Tocane Saint Âpre apprécieront-ils l’impact de telles performances au quotidien ? « Ils verront la différence sur leurs factures d’énergie, mais aussi en termes de confort de vie », note Antoine Giret, « même si le confort est une notion plus difficile à quantifier ».

 

Interview : Eric Risser, Directeur marketing de Terreal

 

Eric Risser © Terreal

 

« La brique dispose encore de marges de progression »

 

En gros-oeuvre, si Terreal présente le profil d’un industriel de la grande région sud de la France, son offre de produits développe une palette large de solutions. L’entreprise doit répondre à une demande croissante, en volume et en matière de solutions techniques.

 

Quelle est aujourd’hui votre place sur le marché de la construction ?

 


Pour ce qui concerne le marché de la brique, Terreal est historiquement très présent sur la moitié sud de la France, au sud d’une ligne La Rochelle - Marseille. Sur ce territoire, la part de marché de la brique en construction de maison individuelle peut atteindre 80 %.

 


En collectif, à la faveur des référentiels environnementaux et du renforcement de la réglementation thermique depuis une vingtaine d’année – et notamment en raison de sa réponse aux contraintes de ponts thermiques –, la brique s’est hissée à un niveau de 25 %, localement 30 % de parts de marché. Nous considérons qu’il existe encore des marges de progression.

 

Pourquoi cet intérêt pour ce matériau ?

 


Tout d’abord, nous avons vécu une grande mutation technique de la brique. Avec, essentiellement, la généralisation des produits rectifiés pour un montage collé. Concrètement, nous avons travaillé sur deux sujets à la fois : d’une part, la performance des produits – qu’elle soit mécanique, thermique, acoustique ou en termes de résistance au feu – et d’autre part, la mise en oeuvre afin que les éléments soient plus faciles et plus rapides à poser.

 

Vos capacités de production sont-elles en phase avec la demande ?

 


L’année 2019 sera justement l’occasion d’un recalage. Car notre usine de briques de Colomiers, près de Toulouse, configurée en 2008, est arrivée à saturation. Nous avons donc investi 4 M€ pour réaménager notre usine espagnole de La Pera, près de Gérone ; sa capacité sera de 120 000 t par an. Ce site, intégré à ceux en France et proche de la frontière, servira les clients du sud de la France.

 


Vous suivez l’expérimentation E+C- menée depuis plusieurs mois. Ce référentiel sera-t-il à l’origine de la création de nouveaux produits ?

 


Nous avons déjà des produits optimisés pour ces projets dans notre catalogue. Cependant, nous poursuivons l’innovation selon une démarche d’éco-conception qui tient compte de critères tels que les déchets, les ressources utilisées, le poids… Par exemple, nous préférons le « banderolage » des palettes à une housse ; le volume de déchets sera moindre. Nous avons aussi commencé à étudier l’approvisionnement des fours en biogaz… En matière d’offre de produits, fin 2019, nous allons cependant rajouter au catalogue un coffre en terre cuite dédié aux brise-soleil orientables.

 

Source : batirama.com/ Bernard Reinteau

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