La Ferme du Rail : ossature bois et isolation répartie en paille

Sélectionnée par le premier tour du concours « Réinventer Paris », la Ferme du Rail sera livrée mi-2019

 

La Ferme du Rail est construite sur une parcelle le long des voies de la Petite Ceinture, tout près du canal de l’Ourq. Ce segment de la Petite Ceinture – entre le Parc des Buttes Chaumont et le nouveau Parc des Batignolles – doit être transformé en une promenade verte, accessible au public en 2020. ©PP

 

 

Lauréate de l’Appel à Projets Urbains Innovants « Réinventer Paris », lancé en novembre 2014 par la Mairie de Paris, sur la parcelle située au 2 bis rue de l’Ourcq, dans le XIXème arrondissement, pour une part sur l’emprise des anciennes voies de chemin de fer de la Petite Ceinture, la Ferme du Rail est le projet de Rehabail, société coopérative sociale créée en mars 1993, ayant pour objet l’amélioration des conditions d'insertion dans un habitat normal de populations défavorisées.

 

 

 

Clara Simay (à gauche) et Julia Turpin sont les architectes de l’opération. La Scop d’Architecture Grand Huit à laquelle toutes deux participent, est installée dans le XIXème arrondissement de Paris, pas très loin du chantier. ©PP

 

Un projet social monté par trois associations

 

Rehabail a été fondé par trois associations : Bail pour Tous (accompagnement social dans le logement), Atoll 75 (hébergement social), Travail et Vie (Insertion par l’Activité économique) et GRAJAR (prévention spécialisée). Rehabail est agréé par la Préfecture de Paris pour la réalisation en Maîtrise d’Ouvrage de logements adaptés, destinés à des familles défavorisées.

 

L’idée de la Ferme du Rail consiste à promouvoir la mixité sociale pour favoriser la réinsertion. Le lieu comptera deux bâtiments, dont un consacré à l’hébergement. Il accueillera à la fois des étudiants en horticulture et des personnes en rupture social. Tout le monde travaillera dans la ferme urbaine qui proposera maraîchage sur site et entretien des espaces paysagers du lieu.

 

 

 

Le caractère social du projet vient des associations qui en sont à l’origine. Les deux bâtiments accueilleront des personnes précaires et des étudiants en horticulture qui se verront proposer un panel étendu d’activités pour que la formation des personnes employées sur le site soit aussi complète que possible. ©Clara Simay Architecte

 

 

De l’agriculture urbaine

 

Différentes techniques de culture seront développées sur le site afin de diversifier les apprentissages : la permaculture, qui sera pratiquée dans le potager en butte de culture ; l’aquaponie, pour la culture de tomates dans les jardins d’hiver du bâtiment d’hébergement, alimentée par un bassin de pisciculture au pied de l’immeuble ; la culture en sac sur les toitures végétalisées des deux bâtiments ; un verger organisé en agroforesterie ; dans la serre, la préparation des semis et des cultures à forte valeur ajoutée comme celle des graines germées et des fleurs alimentaires ; enfin, dans la champignonnière, la production de pleurotes.

 

Un poulailler sera installé à l’entrée du site et quelques ruches compléteront les équipements. La Ferme du Rail organise également la récupération de déchets compostables dans le quartier.

 

 

 

Le bâtiment d’hébergement proposera 15 T1 pour personnes précaires et un espace collectif pour une surface de 369 m², 5 T1 pour étudiants et un espace collectif pour 124 m². ©PP

 

 

 

Le bâtiment cuisine/restaurant/ serre offrira une surface de restauration de 137 m², terrasse extérieure non-comprise. ©PP

 

Ossature bois et isolation en paille

 

Rehabail a confié le projet à une équipe de Maîtrise d’Ouvre comprenant Clara Simay (Architecte Mandataire, architecte au de la SCOP d’architecture Grand Huit), Julia Turpin (Architecte, Link), Mélanie Drevet (Paysagiste, Grand Huit), Philippe Peiger (Jardin de Jade, AMO agriculture urbaine), Julien Virgili (Scoping, BET tous corps d’Etat), David Lebanier (Pouget Consultants, BE Ingénierie Thermique), Rony Chebib (BTP Consultants, Bureau de Contrôle), Frédéric Cousin (Toerana Habitat, BET Paille et étanchéité à l’air), Jules Paillous (Gamba, BET Acoustique) et Marc Sérieis (OPC, Albert et Compagnie, BE Développement durable).

 

Ils se sont arrêtés sur un projet maximisant les techniques douces. Le bâtiment d’hébergement en R+3 sera construit sur dalle béton en ossature bois au sens du NF DTU 31.2, avec remplissage des murs par bottes de paille. Le second bâtiment - R+1 : cuisine/restaurant au RDC et serre au premier niveau – aura un cœur béton et une structure bois.

 

L’ensemble, honoraires, évacuation des terres polluées, construction et aménagements, a coûté 3,3 Millions d’Euros. Le projet est certifié NF Habitat HQE et conforme au Plan Climat Paris : 90 kWhEP/m².an. Les deux bâtiments sont chauffés par une seule chaudière à pellets qui assure également la production d’ECS.

 

 

 

L’entreprise construction bois francilienne Vaninetti a préfabriqué l’ossature bois en atelier. Les murs extérieurs sont constitués de panneaux de mélèze de 12 x 3 m et portant des compartiments de 104 x 47 x 36 cm qui accueillent les bottes de pailles. ©PP

 

 

 

Pour préserver les bottes de pailles fournies par un agriculteur de Rambouillet, elles ont été posées par l’intérieur par l’entreprise d’insertion APIJ-Bat. Les bottes sont compressées à 80 kg/m3 et livrées avec un taux d’humidité compris entre 15 et 20. Ce qui leur donne une résistance thermique de 7,1 m².K/W. Les casiers aménagés dans l’ossature bois les maintient en compression. ©PP

 

 

 

 

Côté intérieur, les coffres sont refermés par des panneaux de bois Durelis Vapourblock d’Unilin. Ils sont dotés d’un seul côté d’un pare-vapeur transparent qui leur assure une valeur μ constante de 185 (pour 12 mm d’épaisseur) sur toute la surface du panneau et une étanchéité à l’air très élevée. Côté extérieur, des plaques Fermacell Firepanel A1 assurent le contreventement et l’étanchéité à l’air. L’étanchéité à l’eau est prise en charge par un parre-pluie. La façade sera finie par un bardage ventilé en demi-rondins de châtaignier. ©PP

 

 

 

La toiture-terrasse constitue une première technique en tant que seule toiture accessible en caissons bois remplis de bottes de paille, pour l’instant. Ces caissons ont été entièrement préfabriqués, paille incluse. Ils sont recouverts par une membrane d’étanchéité et recevront une terrasse sur plot. La terrasse sera utilisée pour l’agriculture urbaine.

 

Interview de l'architecte Clara Simay



Source : batirama.com / Pascal Poggi

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