Wienerberger vise un marché premium avec sa nouvelle brique monomur

Wienerberger a ouvert, à Betschdorf (67), une ligne de production de briques à isolation répartie (ex monomur) dont les alvéoles sont remplies de laine de roche. Le fabricant vise une clientèle premium.

La brique terre cuite, matériau de construction aujourd’hui majoritairement utilisé en maisons individuelles, peut être utilisé selon trois systèmes constructifs. Il s’agit de l’isolation thermique par l’intérieur ou ITI (brique ou bloc + isolant à l’intérieur), l’isolation thermique par l’extérieur ou ITE (technique dit du double mur répandu dans le Nord de la France) et celle enfin de l’isolation thermique répartie (ITR), avec l’isolant intégré dans le mur

 

Le premier système constructif, l’ITI, tous matériaux confondus (bloc béton, briques) est largement répandu en France aussi bien en maisons individuelles qu’en logements collectifs (86 % en maisons individuelles et 62 % dans le collectif). « C’est aujourd’hui le système constructif le plus économique » commente Francis Lagier, président de Wienerberger France.

 

L’ITE, second procédé, très peu utilisé en maisons individuelles connaît un plus grand succès en logements collectifs avec 33,8 % de parts de marché. Si la part du bois se maintient à 8 % en maisons individuelles et à 3 % en logements collectifs, celle du monomur (béton cellulaire ou briques) demeure quant à elle anecdotique.

 

 

La ligne de production est implantée dans l’usine de la famille Sturm à Betschdorf (67) sur un site de carrière de 53 ha situés derrière l’usine ©F. Leroy

 

Le monomur n’a pas dit son dernier mot

 

C’est justement la part du monomur terre cuite que le fabricant souhaite développer. Ce produit a vu ses ventes décoller en 1995, avec l’apparition de la maçonnerie dite roulée (joints minces réalisés à base de colle au lieu du traditionnel mortier). Il s’agit d’une brique alvéolée aux parois épaisses (3 formats : 30 cm, 36 cm et 42 cm de large) permettant de réaliser des parois maçonnées sans ajout d’isolant.

 

Mais la Réglementation thermique 2012 a contribué au déclin du système Monomur terre cuite au grand dam des clients professionnels et particuliers attachés à cette technologie. Explication : le produit alvéolaire traditionnel ne permet pas à lui seul de répondre aux performances thermiques imposées par la RT 2012 et la construction BBC….

 

L’industriel a donc décidé de relancer la brique monomur en modifiant sa structure et en incorporant un isolant en laine de roche hydrophobe dans ses alvéoles, afin que ses performances thermiques soient en conformité avec la RT 2018 et la future RE 2020 (Réglementation environnementale). Une première ligne de fabrication du Climamur a été ouverte sur le site de Betschdorf en 2018, usine historique de la famille Sturm, moyennant un investissement de 3,5 millions d’euros.

 

 

Un mélange d’argiles (marne et loess) ainsi que du papier (de récupération), de sciure et poussières de rectification servira à fabriquer les briques du site.
©F. Leroy

 

Une gamme complète avec accessoires

 

Ce nouveau monomur peut ainsi afficher de bonnes performances thermiques avec une résistance R de 3,92 m2.K/W pour la brique de 30 cm d’épaisseur (contre un R de 2,70 m2.K/W pour la brique de 30 sans laine de roche) jusqu’à 5,35 m2.K/W pour la brique de 42 cm. Précision : la brique standard la plus performante thermiquement chez Wienerberger affiche un R de 1,50 m2.K/W

 

A noter que le système monomur intègre un traitement optimisé des ponts thermiques, validé par le CSTB, puisqu’il s’avère 5 fois plus performant que l’exigence de la RT 2012 (en plancher intermédiaire, Ψ = 0,12 W/(m.K)). Il ne nécessite donc aucun doublage supplémentaire.

 

C’est le début d’une renaissance pour le système dont le développement va se poursuivre, promet l’industriel. En effet, le fabricant a l’intention de commercialiser une gamme complète de briques monomur et d’accessoires (poteaux, tableaux, coffres de volets roulants) afin de garantir l’homogénéité de la façade. Le développement du produit est également prévu en Suisse.

 

 

La superficie totale des bâtiments couvre 26 851 m2 pour 29 000 m2 d’aires de stockage (hors voies de circulation) ©Wienerberger

 

Deux types de mise en oeuvre du produit Monomur

 

La mise en oeuvre de la brique s’opère de deux manières : soit avec le joint mince classique (maçonnerie roulée) soit avec le système Dryfix : il s’agit d’un liant colle monocomposant délivré par une bombe dotée d’un pistolet de distribution.

 

Efficace (la force adhésive est très élevée) et source de gain de temps pour le maçon, (il n’a plus de mortier colle à préparer), ce liant colle peut servir à jointoyer les briques monomur jusqu’à R + 1 + combles. Il faut compter environ 4 bombes pour réaliser un m2. Pour les bâtiments de plus grande hauteur (jusqu’à R + 4), il faudra utiliser un joint mince classique.

 

La brique monomur vise 10 % du chiffre d'affaires du fabricant

 

Le fabricant a bien l’intention de réaliser 10 % de son chiffre d’affaires (181 M€ de CA réalisés en 2018) d’ici 4 à 5 ans contre 4 % aujourd’hui avec sa nouvelle gamme. Le produit se positionne sur un marché dit premium, avec une clientèle convaincue par les qualités intrinsèques de la terre cuite et du climamur en particulier.

 

Ce type de mur joue en effet un rôle de climatiseur naturel et le client prescripteur va privilégier de fait l’investissement dans la construction (et sa valeur patrimoniale) plutôt que les équipements (type chauffage, climatisation, etc…), insiste Wienerberger

 

Les promoteurs du monomur mettent en avant les avantages suivants : le confort en toutes saisons, puisque la brique épaisse emmagasine la chaleur ou la fraîcheur pour la restituer de manière diffuse. C’est par ailleurs un produit inerte doté de parois perspirantes (il respire et ne génère pas de moisissures)

 

Attaquée pour sa consommation gourmande en énergie (il faut un temps de cuisson conséquent pour fabriquer une brique), l’industrie de la terre cuite rétorque que le carbone est compensé par la durée de vie du matériau qui se calcule sur une échelle de 100 ans plutôt que 50 ans.

 

 

La laine de roche arrive sous forme de panneaux. Après avoir été découpée au jet d’eau, elle viendra remplir automatiquement les briques sur la nouvelle ligne de remplissage de l’usine. ©F. Leroy

 

Les ambitions de Wienerberger en France

 

Fondé à Vienne en 1819, le premier briquetier mondial et 1er tuiler européen, va fêter ses 200 ans cette année. Présent dans 30 pays, ses 197 usines emploient plus de 16 300 personnes à travers le monde et lui permettent de réaliser un CA de 3,3 milliards d'euros (+ 6 % en 2018 vs 2017)

 

En France, le groupe compte 801 collaborateurs qui travaillent dans les 8 usines de tuiles et de briques implantées sur le territoire pour ses 5 marques : Aléonard (Toiture), Argeton (Façade), Koramic (toiture et façade), Porotherm (murs) et Terca (façade).

 

Il a réalisé un CA de 181 millions d’euros (165,5 M€ en France et 16 M€ à l’exportation) dont 82 M€ pour les briques, 63 M€ pour les tuiles et 19,5 M€ pour les parements.

 

Quelles sont ses ambitions ? « Nous suivons trois axes, répond Francis Lagier. Le groupe, bien implanté dans l’Est de la France, souhaite renforcer sa présence dans l’Ouest de la France via l’implantation de nouvelles forces de vente. Il vise également à étendre l’offre de solutions en façades et enfin, la société n’exclut pas de nouvelles acquisitions ».

 

En 2019, le groupe s’est donné pour objectif de développer sa brique à bancher (elle est destinée au dernier étage en logement collectif) ainsi que les tuiles Ultima TFP (tuiles à très faibles pentes) sans oublier les tuiles Actua dont l’apparence plus moderne séduira également le marché sud allemand.

 


Source : batirama.com / Fabienne Leroy

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