Paille : des règles professionnelles pour le remplissage isolant


La construction en paille bénéficie d?un engouement dans les milieux écolos. Ce déchet agricole est renouvelable pour un impact écologique quasi nul.

 

La paille assure plusieurs fonctions dans la construction : elle sert d’isolant thermique pour les murs comme en toiture et elle est autoporteuse pour les murs. Luc Floissac a coordonné la rédaction des Règles professionnelles, Construction en bottes de paille, Remplissage isolant et support d’enduit. C’est le premier document de référence dans ce domaine. Il porte uniquement sur les constructions à structure bois.

 

« Les règles doivent être représentatives de notre époque, le début du XXIe siècle », affirme Luc Floissac. Elles favorisent et développent le savoir-faire des artisans et des entreprises, une notion privilégiée par rapport à la qualité des produits industriels.

 

La majorité des ballots ont une section de 14 x 18 pouces, soit 356 x 457 mm. Les ballots peuvent être découpés : on insère les nouvelles ficelles, puis on retire celles qui formaient le ballot à l’origine. La paille décompresse, ce qui gomme les ponts thermiques. La masse volumique vaut 60 à 200 kg/m3. Posé à chant, un ballot de paille procure un R de 5,4 m2.K/W. Posé à plat, un ballot de paille procure un R de 7 m2.K/W.

 

Le grand ennemi : l'eau

 

Luc Floissac insiste sur les points principaux de la construction en paille : la qualité des soubassements et le fait d’éviter la présence d’eau liquide en haut et en bas des parois, de façon répétée. Le grand ennemi d’une construction en paille est l’eau : inondation, fonte de neige, défaillance de la toiture ou des gouttières. « La pluie battante n’est pas très dégradante ; la paille devient grisecomme certains bois — sur une épaisseur d’environ 3 cm ».

 

En soubassement, il est nécessaire d’éviter les remontées capillaires par les moyens de protection courants. La protection contre les mouvements de vapeur d’eau demande les protections courantes. Sans oublier un élément frein-vapeur placé côté intérieur, les parements sont variés : plaques en matériaux divers, enduits à la terre ou à la chaux, etc.

 

Incendie : des risques très limités

 

Le feu n’est pas dramatique comme pour une meule de foin. Une paroi recouverte par une couche d’enduit épaisse de 1 cm offre une tenue au feu supérieure àheures. La paille ne facilite pas particulièrement les incendies et elle n’est pas directement accessible au feu, sauf sur le côté extérieur de la toiture. Et si la paille est en contact direct avec les flammes, « elle brûle lentement, un peu comme les pages d’un livre fermé », précise Luc Floissac.

 

Les rongeurs attaquent assez peu la paille, matériau moins facile à pénétrer que les autres matières isolantes. La paille ne reste pas à nu et il convient de la protéger par des enduits, des panneaux à base de bois ou de plâtre. Les termites et les insectes xylophages s’intéressent peu à la paille qui est trop peu nourrissante. Les termites attaquent éventuellement la paille après s’être gavé du bois, bien plus nourrissant.

 

Une ressource importante

 

« La production française de paille représente environ 60 Mt/an, ce qui correspondrait aux besoins d’environ 10 millions d’habitations. Ainsi, on ne remet pas en cause l’agriculture. Une maison représente la paille produite par deux hectares de blé », note Luc Floissac. « La paille est un produit de proximité qui génère une économie de proximité ».

 

« Les matériaux sont biodégradables ou recyclables. Ainsi, on ne laisse pas de cadeau empoisonné aux générations suivantes », rappelle Luc Floissac. Les constructions en bottes de paille ont démarré aux États-Unis fin XIXe siècle. En France, la maison « Feuillette » est la plus connue, construite à Montargis en 1921 à partir d’une structure porteuse en bois R + 1.

 

La construction en paille bénéficie d’un cadre réglementaire aux États-Unis, au Canada, en Biélorussie, en Allemagne et en Autriche. Dans ce pays, une filière très active produit des bâtiments préfabriqués isolés en paille et passifs. En Suisse, la construction en paille est portée par des architectes. En France, les autoconstructeurs mènent la majorité des projets.

 

 

Source : batirama.com / Pascal Graindorge

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