50 ans de Distribution professionnelle : une mutation inachevée

En 50 ans, la distribution professionnelle bâtiment s?est fortement concentrée. Un groupe domine : Saint-Gobain Distribution Bâtiment France. © Franck Follet

La distribution professionnelle est passée du comptoir où l’on cause le matin, avec les copains, au service en ligne avec livraison sur les chantiers en moins de 24 heures. Elle poursuit sa mutation.

 

Depuis 50 ans, le monde du Négoce bâtiment s’est très fortement concentré. Le leader Incontesté, Saint-Gobain Distribution Bâtiment France (SGDBF) a successivement créé Point P (1979), Cedeo (1991), Clim+ (1993), la Plateforme du Bâtiment (1998) et Dispano (2009).

 

En 1998, le groupe acquiert l’Asturienne (charpente et couverture), la Sfic (isolation), puis Isopar en 2003, Pum Plastiques en 2004 et finalement Brossette en 2012. En 2018, SGDBF réalise un CA de l’ordre de 7 Milliards d’Euros et possède environ 2 200 points de vente, soit presque 4 fois plus que Descours & Cabaud, seconde enseigne de distribution bâtiment en France.

 

L’une des conséquences de la concentration est qu’il devient difficile pour un nouvel entrant de pénétrer le marché à travers la distribution. Si un industriel veut commercialiser en France une nouvelle marque de chaudière murale gaz ou de pompe à chaleur air/eau, par exemple, il aura du mal à intéresser la distribution.

 

Chaque enseigne commercialise déjà parfois plus d’une dizaine de marques différentes pour ces deux types de générateurs et, clairement, n’en veut pas de onzième, rêvant au contraire de descendre à 5 ou 6 marques.

 

Le poids économique du secteur

 

En 2018, chacune des 14 premières enseignes de distribution bâtiment a réalisé un chiffres d’affaires supérieur à 500 Millions d’Euros, pourtant, il est difficile d’obtenir une vue globale du CA de ce secteur.

 

Toutefois, si l’on rassemble plusieurs code NAF/APE : 4673A Commerce de gros de bois et de matériaux de construction (dont Point. P), 4613Z Intermédiaires du commerce en bois et matériaux de construction (dont Bigmat France), 4673B Commerce de gros d’appareils sanitaires et de produits de décoration (dont Descours & Cabaud), 4674B Commerce de gros de fournitures pour la plomberie et le chauffage (dont Brossette, Richardson et Tereva) et 4674A Commerce de gros de quincaillerie (dont Wurth France), on parvient, pour 2011 dernière année disponible, à 13 332 entreprises, réalisant collectivement un CA de 52,3 milliards d’€ H.T. et employant 1,150 million de personnes. C’est considérable.

 

De nouvelles contraintes

 

Malgré, ou bien en raison, de son importance, le monde de la distribution professionnelle bâtiment est soumis à de multiples contraintes. Certaines sont issues de la loi et de la réglementation. Par exemple, la loi no 2015-992 du 17 août 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte prévoyait qu’à compter du 1er janvier 2017, les points de vente de plus de 3000 m² avaient l’obligation de « reprendre les déchets issus des mêmes types de matériaux, produits et équipements de construction à destination des professionnels qu’il vend ».

 

Les grossistes, vent debout contre cette disposition, ont demandé des aménagements (points de vente ≥ 10 000m²) et des délais supplémentaires pour s’adapter. Le Conseil d’Etat a validé ce dispositif fin Août 2018. Il est maintenant question de créer une éco-taxe pour aider la filière à financer collecte et recyclage des déchets de chantiers.

 

Livrer à J+1 implique des investissements logistiques très importants que tous les distributeurs ne pourront pas assumer. Clim+, enseigne de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France, fidélise ses clients en étant en mesure de leur fournir des dizaines de milliers de références de pièces détachées de climatiseurs et de pompes à chaleur © PP

 

Amazon arrive

 

D’autres contraintes viennent du monde du commerce en ligne. Amazon a lancé en France en juillet 2018, son offre Amazon Business, destinée aux professionnels. Amazon Business propose des matériaux de construction facturés directement par Amazon et livrés en J+1, mais constitue aussi une plate-forme à disposition de fournisseurs tiers.

 

La cible, ce sont les artisans et les petites entreprises qui réalisent environ 65% du CA du bâtiment en France. Point. P qui traite avec environ 300 000 clients de moins de 10 salariés se sent concerné et réagit. L’entreprise développe peu à peu ses « Point P Express » - 5000 références en stock, 15 000 de plus en J+1 – et en prévoit 150 en 2020.

 

Dans le même temps, Point. P, Saint-Gobain Distribution Bâtiment France et Saint-Gobain développent de nouveaux services en ligne : « Génération Artisans », une communauté d’artisans pour Point. P, un effort concerté de Saint-Gobain et de SGDBF pour capter les intentions de travaux du client final et l’orienter vers ses points de vente et les installateurs fidélisés.

 

Il s’agit pour eux de dépasser le stade de la vente de matériaux de construction et de développer de nouveaux services pour orienter le client final vers les professionnels clients des enseignes du groupe pour les fidéliser davantage encore.

 

Pour fidéliser ses clients artisans, Point P a ouvert des show-rooms pour le client final. L’artisan y vient avec son client pour leur montrer les solutions qu’il recommande ou bien l’enseigne dirige les clients vers les artisans qui lui sont fidèles. © Thomas LEAUD



Source : batirama.com / Pascal Poggi

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