Trois immeubles de 48 logements chacun, avec terrasse ou loggia. Couverture et façade du dernier étage sont traitées avec un système de profilé acier à joint debout qui allie contemporanéité et tradition.
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Pour la couverture et les façades au dernier étage de ces petits immeubles de logements, l’acier traité à joint debout s’est imposé comme une solution économique et pérenne. Pour l’entreprise, pas de changement dans les habitudes hormis quelques petites adaptations.
C’est un programme comme il y en a beaucoup en ce moment en région parisienne : soit la construction, sur une petite parcelle à Alforville (94), d’un immeuble collectif de 48 logements en accession à la propriété.
Le projet regroupe trois bâtiments de R+4 reliés entre eux par des terrasses et un autre en R+ 2. Tout aussi caractéristique des tendances architecturales du moment, le traitement des façades et des couvertures qui combinent matériaux et systèmes différents.
L’assurance pour les architectes d’éviter la monotonie, de rompre avec l’aspect monolithique et de rehausser la qualité architecturale de leur ouvrage. Cette tendance en rejoint une autre, qui consiste à créer des volumes ou percements en façade, avec loggias en retrait ou terrasses plus ou moins ouvertes... Ces espaces sont mis en valeur par la différenciation des matériaux de façade et de couverture.
Le système est constitué de longues feuilles d’acier revêtu Aluzinc ou galvanisé prélaqué, posées à joints debout. Ces feuilles sont profilées en usine. © STM
Bardage et couverture métallique acier
C’est exactement le principe que l’équipe de maîtrise d’oeuvre a adopté ici. Côté rue, une façade avec loggias en retrait pour les trois premiers étages et balcons filants au dernier étage ; côté jardin, de grandes terrasses et loggias.
Quant aux revêtements, cela se traduit par la mise en oeuvre sur la structure béton porteuse d’un enduit de couleur blanche et de volets coulissants bois pour les étages inférieurs, tandis que l’étage supérieur réinterprète les combles à la Mansart – traitement en brisis avec bardage et couverture métallique à joint debout.
Pour cette partie, c’est la Francilienne de bardage charpente couverture (FBCC) qui a remporté le marché.
Les pattes de fixation en acier inoxydable sont vissées sur le voligeage à raison de deux fixations par patte fixe et de trois par patte coulissante. © STM
Un choix dicté pour des raisons budgétaires
Le chantier était classique pour cette entreprise de couverture qui existe depuis vingt-sept ans : « Nous réalisons beaucoup de couverture et de bardage métallique à joint debout », explique Manuel Oliveira, conducteur de travaux FBCC, qui suit le projet.
La couverture est ici en acier : « Au départ, les architectes avaient prévu une couverture et des façades en zinc mis en oeuvre à joint debout. Pour des raisons budgétaires, le maître d’ouvrage a choisi une alternative avec un système de longues feuilles d’acier profilées en usine » – un système sous avis technique “Profil n°1“ développer par Styl’inov®
Le support – voliges, frises ou planches, conformément aux paragraphes 5.1311 et 5.1312 du DTU 40.4 – est réalisé dans une essence de bois (sapin, pin sylvestre, épicéa, peuplier) compatible avec les couvertures en acier galvanisé prélaqué ou avec revêtement Aluzinc. © STM
Gestion qualitative points singuliers
Pour le conducteur de travaux, c’est un choix tout aussi qualitatif : « Les feuilles de métal sont livrées prêtes à poser, nous n’avons pas à les façonner. En revanche, la pose sur voligeage avec sous-face ventilée est identique ».
Concernant la conception des supports en panneaux à base de bois, le système sous avis technique fait référence à la norme NF DTU 43.4 « Toitures en éléments porteurs en bois et panneaux dérivés du bois avec revêtements d'étanchéité ».
Côté pose, l’avis technique renvoie à la norme NF DTU 40.41 « Couvertures par éléments métalliques en feuilles et longues feuilles en zinc », la mise en oeuvre décrite y étant similaire.
Néanmoins, cela nécessite quelques adaptations : « L’acier est un peu plus rigide, moins malléable. Il n’est pas non plus possible de souder sur place, ce qui nous impose d’utiliser d’avantage d’accessoires », précise Manuel Oliveira. D’où un travail rigoureux – ce qui est vrai avec n’importe quel matériau de couverture – de façon à gérer qualitativement les points singuliers. Et il ne manque pas : « La couverture est très simple et elle ne nous a pas posé de problème.
De nombreux accessoires autorisent un traitement aisé des points singuliers. © STM
« Le DTU, rien que le DTU »
En revanche, les façades présentant de nombreuses ouvertures sont plus complexes ; il y a beaucoup de détails à gérer ». Au nombre de ceux-ci, il y a bien sûr l’ensemble des points singuliers, sachant que les compagnons bénéficient d’un nombre important d’accessoires pour les traiter : kit de bande d’égout, bande de faîtage ventilé ou non ventilé, couvre-joint d’arêtier ou encore bande de rive et bande, de noue, de solin…Et dans tous les cas, ils sont traités conformément au texte de référence : « Le DTU, rien que le DTU », conclut Manuel Oliveira.
Dans la partie haute des ouvertures, les bandes d’agrafe maintiennent les feuilles d’acier, évitant ainsi la prise au vent. © STM
Manuel Oliveira, conducteur de travaux FBCC
Manuel Oliveira © STM
« Nous rencontrons les mêmes difficultés que toutes les entreprises du bâtiment pour le recrutement »
« Nous intervenons principalement sur des chantiers de construction de logements collectifs. Il y a actuellement beaucoup d’activités puisque nous gérons une soixantaine de dossiers en même temps, ce qui nous demande de jongler avec les uns et les autres. Ici nous avons mobilisé deux à trois personnes pour un chantier qui aurait dû avoir une durée de trois mois (un mois par bâtiment) mais les maçons ont pris un peu de retard et donc nous aussi…
De notre côté, nous rencontrons les mêmes difficultés que toutes les entreprises du bâtiment pour le recrutement. Cela s’explique par l’activité soutenue : il y a beaucoup de travail, d’où une difficulté à trouver de la main-d’oeuvre qualifiée. Mais pas seulement, les jeunes s’intéressent moins aux métiers du bâtiment. C’est parfois paradoxal, nous embauchons sur certains chantiers des personnes en insertion ; ce pourrait être une chance pour elles mais elles restent rarement plus d’un mois ». |
Joint debout ou la technique du double pliage
Compatibilité façade et couverture, design sobre et original, étanchéité à l’eau à toute épreuve, rapidité de pose… Autant de qualités qui ont imposé le joint debout sur les bâtiments contemporains.
Technique qui consiste à agrafer les feuilles de métal entre elles sur toute leur longueur, en procédant à un double pliage des reliefs latéraux après interposition de pattes de fixation qui sont clouées ou vissées dans le voligeage. Lesdites pattes, en acier inoxydable de 0,4 mm d’épaisseur, sont de deux natures : fixes ou coulissantes.
Leur rôle est d’assurer le maintien de la couverture, tout en autorisant la dilatation du matériau. Les joints transversaux sont réalisés à ressaut pour les pentes inférieures à 20% et à double agrafure à joint couché pour les pentes supérieures à 20%. La pente minimale admise pour ce type de pose en travées continues est de 5%, quelle que soit la région ou le site.
De l’importance de la lame d’air
Pour assurer la pérennité du système, il est nécessaire de ménager, dans le cas des couvertures froides, une lame d’air sous le support pour évacuer l’humidité, particulièrement en cas d’isolation sous rampant.
Cette lame d’air, d’une épaisseur minimale de 40 ou de 60 mm si la longueur du rampant est supérieure à 12 m, est capitale : sans elle, il y a risque de condensation à l’interface du voligeage et de la feuille de métal. La bonne circulation de l’air est assurée par des entrées à l’égout et des sorties au faîtage ou par chatière.
Tout aussi important, le choix du bois de voligeage, particulièrement avec le zinc. Les bois au pH inférieur à 5 sont à proscrire en raison de leur comportement corrosif vis-à-vis du métal en présence d’humidité. Seuls le sapin, l’épicéa, le pin sylvestre et le peuplier sont acceptés par le DTU 40 41. Ce principe est également à respecter pour les métaux en contact direct, afin d’éviter les risques d’altération. |
Système acier à joint debout
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Si le zinc en est le premier promoteur, les produits en acier font une percée remarquée sur ce marché. Deux raisons à cela : un coût plus attractif et des propriétés qui se sont améliorées, notamment une durabilité croissante avec des traitements de plus en plus efficaces contre la corrosion : citons la galvanisation qui protège la surface mais aussi les tranches (protection cathodique fer-zinc), ou le laquage bicouche qui autorise une mise en oeuvre dans tous les environnements.
Au plan esthétique, la palette de couleurs s’enrichit et les profils des bacs se font plus contemporains. Il y a aussi les aciers autopatinés à corrosion superficielle forcée. Leur aspect corrodé et leur résistance aux conditions atmosphériques en font des produits de choix. |
Fiche technique
Le chantier : couverture et bardage métallique à joint debout immeuble collectif de 48 logements à Alforville
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Source : batirama.com / Stéphane Miget