Le BIM reste une promesse attrayante mais sa généralisation prendra encore plusieurs décennies.
La démarche BIM (Building Information Modelling) contient une promesse idéale. Les concepteurs réalisent une maquette numérique 3D du projet en utilisant des objets – des portes, des fenêtres, des poutres, des chaudières, … - au sens informatique.
Chaque fenêtre, par exemple, est un dessin 3D enrichi de multiples données : ses dimensions, sa marque, son modèle, ses caractéristiques de toutes sortes (classement EAU, classe de résistance à l’effraction, etc.), les protections solaires associées, … que l’on appelle attributs techniques.
A son tour, l’entreprise qui les pose enrichit chacun de ces objets fenêtres de sa date de livraison sur chantier, de sa date de pose, de la date de commissionnement si la fenêtre comporte un moteur électrique qui actionne son ouverture ou manœuvre ses protections solaires, le protocole de communication et son support physique seront ajoutés si la fenêtre est connectée, …
Une image détaillée du Bâtiment
Au bout du compte, à la livraison du bâtiment, les Maîtres d’œuvre remettent au Maître d’ouvrage une maquette numérique qui constitue une parfaite image détaillée de son bâtiment, tel qu’il est construit – dans le milieu parfois un peu snob du BIM, on dit « as built » - et où chaque ouvrage, chaque équipement est géographiquement localisé.
Le Maître d’ouvrage transmet cette maquette à l’entreprise de Facility Management qui, dès le premier jour, s’en sert pour la maintenance et l’exploitation du bâtiment.
Ensuite, tout au long de son contrat, elle assurera religieusement la maintenance de la maquette numérique : chaque fois qu’un équipement est modifié ou changé, les dates d’interventions seront saisies dans la maquette numérique, les caractéristiques des nouvelles pièces ou du nouvel équipement seront entrées de manière à ce que la maquette BIM, toujours à jour, demeure un instrument de travail procurant des gains de productivité inégalables.
BIM : la réalité
L’idée notamment est que cette maquette constitue une mine d’informations qui peuvent être analysées et dont la variation dans le temps apporte de précieux enseignements.
Trois conditions sont nécessaires, cependant, pour que le BIM soit efficace. La première est une rigueur absolue de tous les acteurs depuis la conception jusqu’à la maintenance (attention à la cascade de sous-traitants utilisés par les entreprises générales).
La seconde est une réflexion et un accord préalables sur la nature des informations requises à propos de chaque ouvrage et équipement et sur la répartition des coûts pour les acquérir.La troisième est une formation de tous les acteurs.
Le BIM demande donc un changement d’attitude et une nouvelle manière de travailler, au moins autant que l’adoption de nouveaux outils logiciels. La surveillance et le maintien de la maquette BIM devient une tâche en elle-même sous la conduite du fameux BIM Manager, un tout nouvel acteur dans l’acte de construire.
Ce n’est financièrement possible et bénéfique que pour les opérations importantes. Le BIM Manager est en principe attaché au Maître d’ouvrage. En réalité, c’est le plus souvent, l’un des participants à la Maîtrise d’œuvre.
L’absence de standard favorise une standardisation de fait
Il n’existe en effet pas de standard expliquant quelles données techniques détaillées, il faut fournir à propos des différents produits industriels incorporés dans les bâtiments, ni comment elles doivent être présentées.
Par exemple, la température de fonctionnement pour un climatiseur est une température minimale, maximale, en °C et non en degrés Fahrenheit, pour une durée indéterminée ou pour un temps limité ?
Ce type de question se pose pour chacun des produits incorporés dans le bâtiment. Un effort de standardisation est en cours sous l’égide, au niveau mondial, de l’association buildingSmart international (https://www.buildingsmart.org/), dont buildingSmart France Mediaconstruct (https://www.buildingsmartfrance-mediaconstruct.fr/) est le chapitre français.
Les travaux avancent lentement et n’en sont pas encore parvenus à la définition des attributs nécessaires pour décrire une fenêtre, un escalier préfabriqué en béton ou un ventilo-convecteur. Sans être pessimiste, le temps nécessaire pour disposer d’un standard, au moins français, se comptera en décades.
Un trio d’éditeurs de logiciels BIM
En attendant, Revit est, de très loin, le logiciel le plus utilisé dans les projets BIM en France et en Europe. Revit appartient à l’américain Autodesk. Depuis 2016, Autodesk et le suédois BIMobject, éditeur d’objets BIM, collaborent étroitement à la mise à disposition d’objets BIM pour les utilisateurs des logiciels Autodesk, dont Revit.
Début 2019, BIMobject a acheté Polantis, un éditeur français d’objet BIM. La manière dont ce trio structure les attributs techniques des différents produits, dont il incorpore ou pas les normes de performance de toutes sortes – depuis l’acoustique jusqu’à la tenue au feu – aboutit peu à peu à un standard de fait.
Source : batirama.com / P. Poggi