Les logiciels du BTP dopés par la mobilité et le cloud

Si la transition numérique concerne toutes les entreprises du BTP, les besoins en outils et logiciels diffèrent en fonction des tailles d'entreprises et de leurs métiers.

Pour les TPE, les sociétés les moins structurées et les plus petites, le premier achat informatique porte en général sur la gestion avec la gestion de la paie et la comptabilité, mais aussi par le chiffrage et la création de devis.

 

« Habituellement, l'artisan peut faire son devis manuellement à partir du catalogue ou de la fiche technique du fabricant mais c'est chronophage. Il peut aussi demander un prix et un devis au fabricant, mais il ne maîtrise pas le délai et le retour peut prendre plusieurs semaines.

 

Ensuite il doit remettre en forme avec son logo et envoyer sa proposition à son client au risque de perdre la vente car cela ne rassure pas sur l'artisan, sur sa réactivité et son autonomie », avance Nicolas Maritan, directeur marketing chez Elcia.

 

Ces artisans ont tout intérêt à trouver des solutions logicielles faciles à mettre en service et à utiliser, abordables financièrement, avec les fonctions essentielles et le respect des réglementations en vigueur.

 

Des logiciels avec des fonctions avancées

 

Les entreprises de taille plus importante sont organisées avec plusieurs commerciaux et parfois structurées en multi-agences avec des revendeurs. Les logiciels de gestion qui leur sont destinés possèdent des fonctions avancées pour la commande fournisseur, le suivi du volume de commande et des chantiers, avec une visibilité par client ou par fournisseur.

 

Au final, il revient à l'éditeur de construire une offre commerciale adaptable à ses différentes cibles en combinant logiciels et services. Ainsi BRZ, éditeur d'un logiciel de paie, a construit une offre d'externalisation pour la paie et la gestion sociale. Il s'agit de services mais qui peuvent intégrer des "logiciels" comme les pointages main d'œuvre, les tableaux d'analyse ou encore les coffres fort électroniques.

 

Suivre le chantier…

 

Pour les PME et entreprises de tailles plus importantes, un autre besoin est d'organiser et de suivre le chantier avec différents outils de planification, si possible reliés à la commande fournisseurs, la gestion de la paie et l'émission de factures.

 

Mais la grande nouveauté avec le smartphone et la tablette est de pouvoir utiliser directement sur chantier les différentes applications, carnet de notes, tableaux de bord ou documentation technique en continuité avec le bureau.

 

Les offres mobiles ont ainsi fait leur apparition chez les éditeurs, par exemple planification et rapports de chantiers chez BRZ et carnet de notes numériques chez Elcia. Deux facteurs d'innovations se rejoignent, la mobilité avec une puissance embarquée dans les smartphones devenue impressionnante et le cloud qui simplifie l'informatique.

 

Des outils pour collaborer autour du BIM

 

Tous les intervenants y compris l'artisan sont attendus pour collaborer autour du processus BIM, qui gagne du terrain sur le chantier et en maintenance.

 

« Les entreprises vont pouvoir extraire de la maquette des informations comme les métrés et les quantités nécessaires à leurs chiffrages mais aussi devenir acteurs de la maquette numérique. Elles vont la renseigner de manière assez simple en intégrant des informations comme l'équipement choisi et/ou sa fiche technique en pdf. Toutes les données sont sur le cloud et les applications fonctionnent sur smartphone ou tablette. L'entreprise n'a pas besoin de changer de matériel informatique au bureau », s'enthousiasme Matthieu Ferrua, directeur général de SXD, un spécialiste du BIM et filiale d'Engie Axima.

 

Les peites structures apportent ainsi leur plus-value, en indiquant avoir mis un doublage en plâtre ou une menuiserie à telle date avec tel produit. Cela permet d'effectuer un suivi de chantier précis et à jour, mais aussi de préparer une maquette numérique telle que réalisée pour l'exploitation et la maintenance.

 

Des logiciels de gestion 100% web pour l'artisan

 

Du côté des logiciels de gestion, de comptabilité, de paie ou de réalisation de devis, les éditeurs conçoivent pour les artisans et les très petites structures, des versions simplifiées et 100% web de leurs logiciels. Commercialisés par abonnement en mode SaaS, ces logiciels sont vendus comme des services depuis le cloud et sont accessibles à partir d'un compte par l'utilisateur sur n'importe quel navigateur internet.

 

Pour l'artisan, pas besoin d'installer ou de maintenir un logiciel, pas besoin d'augmenter la puissance de son poste de travail, ni d'emporter son ordinateur à la maison, comme le compte demeure accessible depuis n'importe quel support, PC, tablette ou smartphone. C'est le cas par exemple de PaieConnect, le logiciel de paie de BRZ dédié aux entreprises du BTP et disponible sur abonnement depuis n'importe quel navigateur.

 

 

L’interview de l’expert

 

 

Cécile Jolas, coordinatrice pôle ingéniérie numérique au sein de la plateforme Tipee

 

Quelles sont les attentes des artisans ?

 

Cécile Colas : La diffusion du BIM et du travail collaboratif chez les artisans est compliquée d'autant plus que la diversité des métiers est très large. Aussi avec l'aide de la Capeb, nous avons créé un parcours de formation adapté et très concret "Encore+Pro" afin de démocratiser le sujet. Il porte sur les outils mobiles et collaboratifs.

 

Une petite partie du parcours se fait en présenciel et le reste se fait en ligne. Il existe une forte attente de la part des artisans sur ces sujets avec une offre commercial produits riche mais une formation est souvent nécessaire. De plus les formations initiales de type CAP et BP intègrent déjà du numérique dont la maquette BIM et l'entreprise ne doit pas être en décalage. L'employeur doit proposer aux jeunes embauchés des méthodologies modernes de travail d'autant plus que le recrutement n'est pas facile pour les artisans.

 

Quels sont les usages attendus avec ces logiciels ?

 

Cécile Colas : Il existe plusieurs familles de produits dont des outils gratuits et intuitifs. Par exemple la plateforme Kroqi du CSTB peut servir pour le stockage et le partage de documents sur des opérations de taille modeste. Simple à utiliser, elle sert de GED collaborative pour tous types de documents, des compte-rendus, des documents techniques ainsi que des modèles BIM.

 

Pour le BIM nous mettons aussi en avant eveBIM du CSTB, avec lequel l'entreprise peut extraire des données quantitatives de la maquette BIM, par exemple toutes les menuiseries pour faire un chiffrage.

 

Il faut aussi citer les outils logiciels de suivi de chantiers dont l'offre commerciale est  diversifiée et qui savent gérer aussi bien des plans en DWG que des modèles BIM. Comme plusieurs solutions coexistent la collaboration sur un projet à plusieurs entreprises peut s'avérer délicate. En revanche ils répondent parfaitement à un suivi individuel de chantier.

 

Faut-il s'équiper ?

 

Cécile Colas : Sur chantier l'équipement est la tablette ou le smartphone. Ces outils mobiles permettent aussi d'aller vers des applications de Réalité Augmentée, où on vient sur chantier superposer la maquette numérique 3D sur la réalité, pour vérifier les cotes et les réservations. Le résultat est assez impressionnant.

 

Ce sont pour l'instant les grandes entreprises qui l'utilisent mais là aussi les plus petites structures pourraient appréhender cette technique et en bénéficier mais le frein vient d'une méconnaissance du sujet.

 


Source : batirama.com / François Ploye

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