Avec un plateau d?exposants de bonne tenue et en expansion, le salon lyonnais du bois, des techniques de transformation et de l?agencement démarre en fanfare une année qui sera riche en évènements bois.
Le salon Eurobois sera bientôt suivi par le Forum Bois Construction, Le Carrefour International du Bois et le salon Forexpo. En raison du salon Ligna de Hanovre, Eurobois se place en année paire, mais pas tout seul car il y a Xylexpo à Milan qui suit pour les mêmes raisons en mai.
Quant au salon allemand Dach+Holz, de rythme olympique, il vient de s’achever à Stuttgart, de sorte qu’une bonne partie des nombreux exposants germanophones d’Eurobois ont juste eu le temps de descendre en AURA pendant le week-end. Mais ils sont venus, et les Italiens aussi.
Et cette année encore moins que par le passé, il ne se sont pas contentés de faire de la figuration devant un panneau de stand blafard. Les fabricants de machines ont amené leurs machines, bien conscients que cette édition lyonnaise biennale est le seul rendez-vous français de la machine à bois depuis la fin du salon Expobois, et qu’il dispose de l’onction d’Eumabois.
L’originalité de la taille de charpente portative, récompensée par un trophée ©JT
La place du bois
La partie habituellement dédiée aux machines est généreuse et moins déséquilibrée que dans un passé récent qui virait à l’affrontement direct de Biesse, SCM, Homag et Weinig. La partie chantier public, qui est l’un des signes distinctifs d’Eurobois, a été soignée avec la réalisation in situ d’un projet de construction bois R+4 qui sera monté à… Nantes.
Quant à la partie située vers l’entrée et habituellement destinée aux produits, aux outils et aux logiciels, l’espace est bien occupé. On peut simplement se demander : où est le bois ? Eugen Decker et Schneider déménagent leur stand de Stuttgart à Lyon, mais les fournisseurs régionaux sont peu présents. Une explication, mais qui devrait alors aussi valoir pour les Allemands, ce serait la programmation du Carrefour du Bois, voire du Forum de Paris.
Dans ce cas, Eurobois a réussi un beau tour de passe-passe car l’absence du bois ne se fait guère remarquer dans les allées. L’autre explication, c’est que ce salon est en train de s’affranchir de son ancrage régional, mais cela ne colle pas tout à fait car il y a tout de même quelques distributeurs.
Il ne reste que deux stands assez modestes des scieries Blanc et Ducret, cela n’est guère représentatif de la première transformation de l’AURA. Et mieux vaut ne pas parler de la seconde transformation, du BLC, des bardages, des fenêtres, carrelets, portes, parquets, systèmes constructifs, maisons bois ou autres solutions modulaires.
La représentation des panneaux est faible. Mais comme Eurobois va bien, tous ces absents sont comme un immense réservoir d’exposants pour des éditions futures où l’organisateur GL Events remplira petit à petit tous les halls d’Eurexpo si le climat lui en laisse le temps.
Le renouveau de la machine à bois française
La dernière décennie a été catastrophique pour la machine à bois française, à peine pire que la précédente. Sur un champ de ruine, voici que repoussent quelques fleurs d’espoir. Le groupe Finega semble stabilisé, La Forézienne vient de prendre une participation chez Elbé et la distribution de la marque.
Les anciens de SEGEM ont remis sur pied SGM qui s’est repositionné sur le registre historique des écorceuses et des broyeurs, avec des effectifs qui atteignent 20 personnes et des perspectives à l’export. De son côté, AE conçoit, fabrique et monte des lignes de scieries, ce qui fait que l’offre française de machine de première transformation monte à trois acteurs (LBL Brenta, Finega, AE).
Surtout, le marché de la machine de taille de charpente à commande numérique s’anime par l’ancrage progressif de deux gammes complémentaires, Concept 345 pour trois types d’outils à destination des artisans, et Epur pour une solution portative originale, remarquée et distinguée par un Trophée Eurobois. Il n’y a pas là de quoi rivaliser avec les jours anciens, mais tout de même, ce sont de premiers signaux encourageants.
Garantir le coupe-feu au jointoiement des planchers en CLT avec une solution française d’ACDF©JT
Nouveautés
Comme indiqué plus haut, une bonne partie de la filière bois française communique par son absence. Et une bonne partie de ce qui reste expose sans souci de communication. Pas un stand estampillé de « nouveauté mondiale », « nouveauté européenne », « lancement mondial », « première présentation » ou autres indicateurs de nouveauté. Les marquages des nominés aux Trophées d’Eurobois corrigent un peu le tir.
Et puis il y a quelques acteurs du marché qui surnagent, comme le Suisse Woodtec Fankhauser qui propose une défonceuse d’atelier aspirant la poussière des plaques Fermacell, mais surtout une nouvelle gamme de portiques et palonniers pour l’ossature bois, volontairement limitée à des charges inférieures à une tonne.
Woodtec comptabilise apparemment quelque 200 tables de montages installées en France. A la différence de la Suisse, son offre bute chez nous sur la concurrence des plateaux multifonctions, notamment ceux de Mach Diffusion.
Jusqu’à présent, l’équipement d’atelier d’un constructeur bois se réduisait en général à une machine de taille à commande numérique, et un plateau multifonction comme évolution par rapport à la simple table de montage. Les solutions de manutention de Woodtec vont rebattre un peu les cartes.
Quoi d’autre ? Chez l’Autrichien Knapp, une solution d’ancrage pour murs en bois, alternative aux multiples équerres. La solution Dalfeu pour assurer notamment la performance de REI 60 de planchers en CLT, couramment appliquée par ACDF pour les petits chantiers de Stora Enso. Corr&you, relais français des solutions canadiennes de Corruven en bois ondulé. Et la plateforme Boostonbois, qui se propose de déchargez les artisans de tout tracas en matière d’efficacité technique et réglementaire en matière de production et de fabrication dans les métiers du bois.
Walco L525, nouvelle solution d’ancrage pour murs bois en alternative aux multiples équerres. ©JT
Un climat chaleureux
Sur Eurobois, l’offensive du béton bas carbone, les affrontements autour de la RE2020 ne se font pas sentir, mais on ne parle pas non plus de carbone. Le scolyte est loin, mais aussi la question de l’utilisation de bois scolyté. Le Brexit est à peine un sujet et les exposants, presque tous européens, semblent un peu à l’abri de l’évolution du monde.
Le biosourcé, le circuit court, le réemploi, le recyclage ne sont pas vraiment des sujets qui se prêtent à une exposition commerciale. Ils préoccupent sans doute les exposants au détriment parfois d’une innovation qui par le passé s’avérait parfois un peu factice.
Quant à savoir à quel point ces sujets du 21e siècle accaparent les visiteurs et les détournent de ce qui fait habituellement l’intérêt d’un salon, il faudra attendre les résultats des fréquentations des événements du ce semestre pour pouvoir en juger.
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven