Légers, voire manuportables pour certains, totalement sécurisés? les coffrages permettent de réaliser des murs béton droits ou courbes, lisse ou matricé.
Les coffrages verticaux, également appelés banches, sont des outils provisoires, réutilisables la plupart du temps, assemblables, superposables (jusqu’à 3 ou 5 éléments superposables permettant de réaliser des voiles jusqu’à 18 m de hauteur) utilisés pour réaliser des ouvrages en béton plans ou cintrés.
Ils sont définis par la norme NF P93-350 de Juin 1995, “Équipement de chantier - Banches industrialisées pour ouvrages en béton”. Une banche se compose de deux éléments coffrants (constitués d’une ossature et d’une peau coffrante) disposés en face à face et réunis par des entretoises (munies d’écarteurs déterminant l’épaisseur du mur) qui reprennent les efforts dus à la poussée du béton.
Il existe trois familles de coffrages verticaux :
- les coffrages plans ou cintrés à composants séparés, à assembler, préférés sur les chantiers de travaux publics et génie civil ;
- les coffrages plans ou cintrés à composants intégrés utilisés pour la réalisation de tous types de bâtiments. Ils sont équipés à la sortie de l’usine de tous les dispositifs techniques et sécuritaires indispensables à leur exploitation : poste de travail en hauteur avec protection collective contre les chutes ; moyens d’accès, de circulation et de bétonnage ; dispositifs de réglage pour mettre l’outil d’aplomb et de niveau ; dispositifs d’assemblages latéraux et de superposition ; dispositif de préhension pour recevoir les crochets des appareils de manutention comme des élingues ou des palonniers.
En dimension standard, ce type de coffrage mesure généralement 240 x 280 ou 300 cm maximum. Il peut se décliner selon les fabricants en largeur, dans toute une gamme de sous-multiples de 15 : 15, 30, 45, 60, 120 ou 240 cm.
A noter que les banches d’une largeur inférieure à 90 cm, même équipées de système de stabilisation, n’ont pas d’échelle d’accès et devront donc être combinées avec une banche de 120 ou 240?cm de large.
Les fabricants proposent des coffrages à composants intégrés entièrement en acier (offrant une bonne durabilité mais induisant un poids important du coffrage) ou combinant aluminium pour l’ossature (très léger mais imposant un entretien soigné) et contreplaqué pour la peau.
Côté mise en œuvre, ce type de coffrage est colisable et repliable : il se monte par simple déploiement des différents éléments qui, le travail terminé, se replient sur l’ossature pour faciliter le transport à plat. La notice du fabricant indique l’ordre de dépliage et de clavetage des composants.
- les coffrages plans manuportables à composants séparés dont la caractéristique est la légèreté (entre 20 et 25kg/m2), idéals pour les lieux difficiles d’accès, les voiles de faible hauteur ou la réalisation d’ouvrages spécifiques tels que longrines, allèges, garde-corps…
Ils peuvent être assemblés et mis en œuvre par un seul opérateur sans matériel de levage. Les plus courants sont fabriqués en ossature aluminium + peau en contreplaqué bakélisé et mesurent de 20 à 90 cm de large pour 135 ou 270 cm de haut.
AVIS D'EXPERT
| Michel Penin Président de la section coffreurs-étayeurs du Syndicat Français de l’échafaudage, du coffrage et de l’étaiement. |
« Les banches combinent sécurité et ergonomie »
« Les coffrages verticaux sont soumis à deux types d’effort, la déformation sous la pression du béton et le déversement sous l’action du vent. Pour supporter les efforts engendrés par la mise en place et le serrage du béton, ils doivent présenter une rigidité suffisante.
Il existe des banches qui résistent à une pression de 15 tonnes/m2permettant le coulage avec du béton autoplaçant et supprimant les nuisances liées à la vibration du béton. Il faut simplement utiliser des tiges entretoises de 27 mm au lieu de 23 mm.
Concernant la stabilité au vent, plusieurs systèmes sont proposés permettant de satisfaire toutes les configurations de chantier et tous les types d’ouvrages. Ils doivent être mis en œuvre dans le strict respect des conditions d’emploi fixées par le constructeur.
La stabilité du coffrage doit être assurée avant de le décrocher de l’appareil de levage. En 10 ans, la conception des banches a nettement évolué, devenant des outils particulièrement aboutis.
Les fabricants ont su travailler sur des améliorations de sécurité et d’ergonomie : passerelle de bétonnage équipée de garde-corps repliables pour le colisage mais fixée par des axes inamovibles pour ne pas pouvoir être désolidarisée de la banche ; inscription de la charge limite supportable à côté des points d’accrochage des élingues; vérins de réglage de pieds de banche rehaussés par rapport au sol pour supprimer les postures défavorables ; intégration de porte-outils et accessoires ; tige de serrage pouvant se mettre en place à une personne grâce à un système de boulonnage d’un seule côté de la banche … »
Peau coffrante : traditionnelle ou nouvelle génération ?
Outre son rôle mécanique et d’étanchéité, sa résistance aux agressions physico-chimiques lors du bétonnage, l’aspect et la qualité de la surface coffrante appelée “peau” conditionne la qualité de parement du béton, son état de surface, sa texture, l’homogénéité de sa teinte...
Les matériaux traditionnellement utilisés en peau sont le contreplaqué bakélisé ou la tôle d’acier. Depuis quelques années, une nouvelle génération de peau est apparue, déclinée en fibre de verre ou en polypropylène.
Selon les fabricants, entre autres avantages, elles sont extrêmement résistantes dans le temps (notamment aux UV, à l’humidité), d’un entretien facile, nécessitent peu d’agent de démoulage tout en offrant une qualité supérieure en terme de surface du béton (surface extra lisse, unie, brillante).
Leur manipulation et leur mise en œuvre restent identiques à celles des peaux coffrantes classiques (utilisation de clous). Rappelons enfin, que pour obtenir un béton architectonique dont le parement présente un relief décoratif, une matrice en négatif peut également être appliquée sur la peau de coffrage.
Stabilité au vent : 3 systèmes au choix
Dans la mesure où une banche n’est pas auto-stable, afin d’éviter tout risque de renversement (et en particulier au vent, principale cause de basculement), elle doit être équipée d’un système de stabilisation fixé à demeure sur la banche ou faisant partie intégrante soit du matériel soit du mode opératoire.
La stabilité des banches doit être assurée par un vent pouvant atteindre 85 km/h en pointe. La Cnamts (Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés) a établi un référentiel de recommandations (R 399 du 19 juin 2003) pour prévenir le risque de renversement des banches sous l’effet du vent dans lequel elle reconnaît 3 classes de dispositif de stabilisation :
- stabilisation par ancrage arrière (classe 1) : deux étais sont fixés, d’un côté, sur la partie arrière de la banche et de l’autre, sur un lest indépendant (en béton dans moule acier ou en fonte) ou sur un ouvrage solide (comme une dalle béton) par l’intermédiaire de douilles, boucles…
Les lests doivent être positionnés de façon à ce que les étais soit dans le plan perpendiculaire à celui de la banche. Leur poids et leur distance par rapport au coffrage sont donnés par le constructeur. Ce système s’adapte sur toutes les banches sans modification importante et a pour avantage de permettre le ripage de la banche et le réglage de la verticalité.
- stabilisation par contrepoids à demeure (classe 2) : un contrepoids arrière (dont le poids est déterminé par le fabricant de la banche en fonction des conditions d’emploi) est solidaire de la banche par l’intermédiaire de supports prévus par le constructeur.
Pour faciliter le couplage / découplage des banches, le contrepoids est placé entre les raidisseurs verticaux. Lorsque le contrepoids est prévu en béton armé il peut être réalisé par l’entreprise. Le ripage et le réglage de la banche demandent des efforts plus importants, le poids de la banche étant doublé. La surcharge du contrepoids est à prendre en compte dans le choix du matériel de manutention.
- stabilisation par couplage (classe 3) : les banches sont couplées deux à deux, en vis-à-vis, à l’aide de deux dispositifs minimum à écartement variable (compas, ciseau ou crémaillère) situés en partie haute.
Un dispositif de verrouillage (manuel ou automatique) permet de maintenir un écartement donné entre les banches selon l’opération à réaliser (stockage, manutention, ferraillage, bétonnage…). Ce dispositif apporte un gain de temps certain à la mise en œuvre mais induit une grande inertie à la réception. Il est rare de réaliser un chantier dans sa totalité avec ce dispositif qui est souvent couplé aux dispositifs de classe 1 ou 2.
Formation obligatoire
Le métier de coffreur – étayeur regroupe la mise en œuvre des coffrages verticaux et celles des coffrages horizontaux ou inclinés accompagnés des structures d’étaiement les supportant.
Il y a obligation de respecter les règles de sécurité ainsi que les réglementations liées au travail en hauteur. Les matériels utilisés sont régis par des normes produits, leur utilisation sur le chantier requiert donc une formation spécifique.
Conformément au décret 2004 – 924 du 01/09/2004, relatif à l’utilisation des équipements de travail mis à disposition pour des travaux temporaires en hauteur, la formation est obligatoire mais peut être dispensée par l’entreprise elle-même (l’employeur devant pouvoir justifier des éléments/supports techniques et pédagogiques qui lui ont permis de former mais aussi d’évaluer les compétences du salarié), au sein d’un organisme de formation agréé par la Cnamts ou via le Syndicat français de l’échafaudage, du coffrage et de l’étaiement.
Pour les coffrages verticaux, ce dernier propose 3 formations comprenant le coffrage proprement dit, le ferraillage simple, la mise en œuvre du béton, le décoffrage :
- Aide-coffreur – niveau 1 ;
- Coffreur – niveau 2 pour travailler sur des ouvrages jusqu’à 6 m de hauteur ;
- Coffreur – Niveau 3 sur des ouvrages au-delà de 6 m de hauteur.
Poteau : un coffrage particulier
Il existe différents types de coffrage de poteaux, à dimensions fixes (constitués d’éléments industrialisés assemblés par clavetage ou boulonnage) ou à dimensions variables.
Les coffrages à dimensions variables sont des coffrages carrés dits “en aile de moulin” (dimension variable dans les deux sens permettant avec un même coffrage de couler des poteaux de sections différentes).
Ils sont manutentionnés par demi-coquilles ou en éléments séparés dans le cas d’un montage “portefeuille” (plate-forme, accès et stabilisateurs sont dans ce cas là livrés séparément).
Il existe également des nouveaux coffrages en carton permettant de réaliser des poteaux de formes variées, rectangulaire (avec angles vifs ou chanfreinés), carré, cylindrique, hexagonale ou octogonale dans différentes finitions (lisse, spiralée, cannelée ou avec un joint de dilatation).
Ces coffrages sont prêts-à-poser, il suffit de les fixer en pied par un système de blocage et en tête par un carcan pour fixer les étais tirants-poussant. Non réutilisables, ils sont par contre entièrement recyclables.
Source : batirama.com / Virginie Bourguet