Les travaux qui permettront au Mont Saint-Michel de redevenir une île avancent, mais des tours opérateurs japonais critiquent les futures conditions d'accueil des touristes sur le site.
Le nouveau parking à 2 km du Mont qui remplacera l'actuel au pied du rocher est "quasi terminé", de même que le contesté point de départ des navettes, a indiqué François-Xavier de Beaulaincourt, directeur du syndicat mixte qui pilote le projet.
Le nouveau parking ouvrira le 28 avril 2012. Le chantier doit même passer à la vitesse supérieure en octobre, après la haute saison touristique, avec notamment le début de la construction du pont qui remplacera l'actuelle digue d'accès d'ici à 2015.
Mais l'horizon n'est toutefois pas encore totalement dégagé pour le syndicat mixte présidé par le président du conseil régional de Basse-Normandie (PS), Laurent Beauvais.
La société Sodetour va faire appel "en début de semaine prochaine" de la décision du tribunal administratif de Caen, le 12 juillet, rejetant sa requête contre un départ des navettes à 800 mètres du parking, a indiqué l'avocat de cette société, Me Frédéric Marchand.
Nombre d'acteurs du tourisme, dont la société Sodetour qui possède plusieurs restaurants et hôtels sur la côte en face du Mont, souhaitent que les navettes partent directement du parking, comme prévu initialement dans le projet soumis à enquête publique, mais modifié ensuite.
300 000 touristes nippons sur 3 millions de visiteurs
Les tours opérateurs japonais, qui chiffrent à 300.000 le nombre de touristes nippons - sur trois millions au Mont - qui se rendent sur le rocher chaque année, sont eux aussi passés à l'offensive. Ces 2 kilomètres minimum de marche aller-retour, "pour nous qui travaillons toute l'année sur cette région humide et avec une clientèle de tous âges, c'est énorme.
Techniquement, on ne peut pas travailler", s'étrangle Arnold Apfelbaum directeur financier d'Emitravel (30.000 Paris/Mont Saint-Michel l'an passé). Le responsable de cette société, qui ne travaille qu'avec des Japonais, a rendez-vous mardi avec le maire du Mont Saint-Michel Eric Vannier, propriétaire d'une vingtaine de commerces sur l'ilôt et à proximité du nouveau point de départ des navettes.
"Si la destination Mont-Saint-Michel ne marche plus, on ira ailleurs", avertit le tour opérateur. "On a d'ores est déjà commencé à ouvrir d'autres destinations au cas où". Fin juin, M. Apfelbaum a envoyé un courrier à une quinzaine d'élus locaux, pour dénoncer "une décision discriminatoire".
Un risque de perte de 7,2 millions d'euros
"Nos clients viennent de Paris, ils font l'aller et retour dans la journée. Ils n'ont que trois heures et demi pour visiter le Mont. Il faut une demi-heure pour monter à l'abbaye pour des marcheurs normaux", détaille M. Apfelbaum.
Pour l'association des agences et des tours opérateurs japonais de Paris, les excursions, dans ces nouvelles conditions, vont devoir être rallongées d'une heure trente et leur coût augmenté.
"Un client japonais dépensant 80 euros au Mont-Saint-Michel. Une baisse d'activité de 30% représenterait une perte de 7,2 millions d'euros par an" pour le rocher, avertit son représentant, Yoshitake Ko, dans un courrier envoyé en mai à 24 élus locaux.
Des craintes "absolument pas justifiées" pour M. de Beaulaincourt, qui dit toutefois comprendre que "la solution un peu radicale" choisie "pour protéger le site" suscite des réactions.
Source : batirama.com / AFP