Selon les spécialistes du courtage en crédit immobilier, les recommandations du Haut conseil de sécurité financière (HCSF) entraîneront une baisse significative de la construction de logements.
Les spécialistes du courtage en crédit immobilier tirent la sonnette d’alarme après la publication des recommandations du HCSF visant à limiter l’octroi de crédits immobiliers, jugé trop important. En effet, la production de crédit a augmenté de 10 % en 2019, ce qui a d’ailleurs bénéficié au secteur de la construction l'année dernière, notamment aux constructeurs de maisons individuelles.
Selon ces recommandations, la durée d’emprunt ne pourra pas excéder 25 ans maximum et 33 % d’endettement. Toutefois, 15 % des crédits (en volume) pourront dépasser ces critères et les trois-quarts de ces dérogations bénéficieront aux primo-accédants.
Pour Sophie Ho Thong, fondatrice de "J'aime mon courtier" c’est d’abord et avant tout la règle des 33 % d’endettement qui posera problème. Le courtier estime qu’entre 35 et 40 % des acquéreurs n’auraient plus accès au crédit immobilier.
Les jeunes et les seniors impactés
Et parmi les personnes impactées, ce sont plus d’un quart des jeunes de moins de 35 ans qui ne pourront plus accéder au crédit immobilier et plus de 15 % des 40-60 ans dans le cadre d’un investissement locatif. Enfin, ajoute le courtier, les banques vont demander davantage d’apport et certaines ont déjà annoncé qu’elles exigeraient un minimum de 15 %.
Dans ce contexte les banques vont prioriser l’achat de la résidence principale et ne pourront plus ou presque accompagner le secteur de l’immobilier neuf à la location, estime le courtier qui précise qu’un établissement bancaire venait de décider de ne plus traiter les dossiers portant sur des opérations locatives émanant de la prescription.
En effet, près de 50% des ventes de logements neufs sont réalisées grâce au dispositif Pinel. De plus, chaque année, les investisseurs Pinel représentent entre 40 et 60% de l’ensemble des VEFA et contribuent donc largement au lancement des chantiers de construction de logements.
Des lancements de programmes immobiliers compliqués
« En l’absence de particuliers bailleurs, le lancement des programmes immobiliers dans leur ensemble sera compliqué, et nous allons donc assister à un très fort ralentissement de la promotion immobilière. Les délais pour atteindre le niveau de réservations plancher exigé par les banques seront beaucoup plus longs et les promoteurs devront mobiliser davantage de fonds propres pendant plus longtemps » détaille le communiqué.
« Là où la loi Pinel doit favoriser la construction de logements à la location, ses bienfaits seront neutralisés par ces recommandations, alors même que la menace de la suppression du prêt à taux zéro est toujours présente » déplore Sophie Ho Thong.
Selon la responsable « la règle du 33% n’est ni juste, ni fiable, les établissements bancaires le savent et sont capables d’analyser au cas par cas les risques sur chaque dossier. »
Faire sortir l'investissement locatif du dispositif
« L’analyse du reste à vivre en fonction du niveau de revenus et du pouvoir d’achat selon les secteurs géographiques permet d’octroyer des crédits sur-mesure de manière totalement sécurisé. Près de 50% des ménages qui se verraient priver de crédit disposeraient d’un reste à vivre de plus de 1000 euros par mois » poursuit-elle.
Le courtier préconise que les 15 % de dépassement ne soient pas analysés en volume de crédit mais en nombre, avec un réhaussement de ce pourcentage qui permettrait de continuer à accompagner les jeunes, les seniors ainsi que les ménages plus modestes mais dont le reste à vivre est suffisant.
Il est également fondamental que l’investissement locatif sorte du dispositif pour ne pas gripper la construction de logements neufs dont la France a besoin » termine Sophie Ho Thong.
Source : batirama.com