Trois techniques principales peuvent ętre associées ? l?ossature bois, le CLT, les poutres et poteaux en lamellé-collé ? pour construire des bâtiments en bois de toutes formes et de toutes hauteurs.
Au moment où Julien Denormandie, le Ministre chargé du logement, veut multiplier les bâtiments publics en bois et en matériaux biosourcés, comment peut-on faire ? Si l’on considère les chantiers emblématiques réalisés en matériaux bio-sourcés, selon la hauteur et la forme du bâtiment, selon qu’il s’agisse d’une réhabilitation lourde ou d’une construction neuve, les solutions sont nombreuses. Les bâtiments en associent toujours plusieurs.
Paille structurelle à Rosny-sous-Bois
La Ville de Rosny-sous-Bois, par exemple, a ouvert à la rentrée 2017, le groupe scolaire des Boutours : 2200 m² aménagés de plain-pied, dans un ancien marché couvert : paille structurelle, ventilation naturelle, mais avec récupération de chaleur tout de même, isolation thermique sous dalle et isolation thermique des parties enterrées à l’aide de Foamglas, isolation thermique et acoustique de la toiture à l’aide de caissons contenant plusieurs couches croisées de Métisse, un isolant issu du recyclage du coton.
A l’école des Boutours, les murs sont constitués de bottes de paille de blé, d’orge, de seigle ou d’avoine, provenant de Seine-et-Marne, de dimensions 47 x 37 x 90 cm (b x h x L), affichant un taux d’humidité relative inférieur à 20%. Les bottes de paille sont posées à plat - λ = 0,08 W/(m.k), une épaisseur de 47 cm et R = 5,8 m².K/W – ou sur champ - λ = 0,052 W/(m.k), une épaisseur de 37 cm et R = 7,1 m².K/W – pour constituer des murs de plus de 1 m d’épaisseur. Leur résistance thermique est importante, mais leur affaiblissement acoustique est également considérable. Ces bottes de paille coûtent 3 à 6 € HT/m². ©PP
Structure bois et paille isolante à la Ferme du Rail dans Paris
Livrée en 2019 et construite sur une parcelle le long des voies de la Petite Ceinture près du canal de l’Ourcq à Paris, la Ferme du Rail est un ensemble de deux bâtiments, lauréats de l’appel à projet « Réinventer Paris ».
L’un des deux bâtiments, un R+3 consacré à l’hébergement de personnes en réinsertion et d’étudiants en horticulture, est construit en ossature bois au sens du DTU 31.2, sur une dalle béton.
L’isolation thermique est assurée par des bottes de paille remplissant les coffres de l’ossature bois. Les murs extérieurs sont constitués de panneaux de mélèze de 12 x 3 met portent des compartiments de 104 x 47 x 36 cm qui contiennent les bottes de paille. ©PP
Les bottes de pailles sont compressées à 80 kg/m3 et livrées avec un taux d’humidité compris entre 15 et 20%. Ce qui leur assure une résistance thermique de 7,1 m².K/W. La toiture accessible est constituée de caisson bois, remplis de bottes de paille. ©PP
Lamellé-collé, CLT et panneaux Metsäwood pour la tour de Mjøstårnet en Norvège
La tour de Mjøstårnet, livrée en 2019 à Brumunddal en Norvège, culmine à 85,4 m de haut. Mi-février 2019, c’est toujours le plus haut bâtiment du monde construit en bois. La tour fait appel à la fois à des poteaux, à des poutres et à des éléments diagonaux en façade en lamellé-collé, à des murs en CLT et à des panneaux Metsäwood Kerto LVL Q-panels.
Les panneaux en CLT forment les deux cages d’escalier et les trois cages d’ascenseurs. Ils ne sont pas connectés à l’ossature en poteaux-poutres en lamellé-collé et ne contribuent donc pas à la stabilité horizontale du bâtiment.
Les caissons de sol des étages 2 à 11 sont composés d’une Plaque de Kerto LVL Q-panel en dessous, de poutrelles en Kerto LVL Q-panel et refermés par une autre plaque de Kerto LVL Q-panel. Ils sont remplis de laine de roche, à la fois pour l’isolation phonique et pour la résistance au feu.
Pour fournir de la masse et résister aux vents de 150 km/h, le sol des étages 12 à 18 est en béton de 300 mm d’épaisseur, coulé sur les panneaux Kerto supporté par des poutres en lamellé-collé.
La tour de Mjøstårnet devrait bientôt être dépassée par « The Ascent », une tour en lamellé-collé et CLT, dont la construction commence en Avril 2020 à Milwaukee au Etats-Unis. Elle sera 90 cm plus haute. ©Korb + Associates Architects
Steico à DACH+HOLZ
Au salon DACH+Holz à Stuttgart fin janvier, le stand de Steico rappelait aussi la diversité des isolants à base de bois et d’autres matières biosourcées. Steico proposait notamment SteicoZell, un isolant à souffler ou à insuffler en fibres de bois en vrac ; SteicoFloc, un isolant en ouate de cellulose ; SteicoFlex 036 et 038, des panneaux flexibles ou semi-rigides en laine de bois pour l’isolation des toitures, des murs et planchers, … plus onze autres solutions d’isolation thermique et acoustique à base de fibres de bois pour toutes sortes d’emplois : sous plancher, sous-toiture, pour les vides techniques en cloisons, support d’enduit en ITE, etc.
Steico propose également ses poutres en I SteicoJoist pour toitures et planchers, SteicoWall pour murs à ossature bois selon le DTU 31.2. SteicoJoist et SteicoWall sont des poutres en I, dont la faible épaisseur de l’âme – 6 et 8 mm – réduit le poids des éléments de structure bois, comparé à du bois massif, et divise par deux les déperditions thermiques.
Bref, nous disposons de toutes les solutions techniques nécessaires pour construire en bois et biosourcé. Ce qui manque probablement le plus sont des concepteurs familiers de ces technologies et des entreprises pour les mettre en œuvre.
Source : batirama.com / Pascal Poggi