A la tête d?une entreprise de 40 salariés en Loire Atlantique, Michel Brochu est tombé dans le chanvre en 2000. Quant à Mickaël Derand, il pose de l'isolant chanvre à 70 % des cas avec ses 4 salariés.
Maisons individuelles, logements collectifs et bâtiments tertiaires : tous sont construits ou rénovés à 100 % en biosourcé par l’Atelier Isac, basé à Nort sur Erdre, à 30 km au nord de Nantes. « Nous posons de la fibre et de la laine de bois, de la paille, de la ouate de cellulose et du chanvre " explique Michel Brochu.
Selon les besoins en inertie, en acoustique et la mise en œuvre souhaitée, l'entreprise choisit les plus appropriés parmi ces biomatériaux. "Le chanvre offre un excellent confort de pose aux applicateurs, il est moins poussiéreux et plus facile à travailler que la laine de bois." reprend l'artisan.
Depuis cinq ans, l’atelier n’emploie plus que du Biofib : « Nous en posons au moins 10 000 m2 par an. Nous avons trois poseurs spécialisés dans l’isolation et une dizaine de compagnons qui aident régulièrement ». Michel Brochu attire l’attention sur un point : « l’isolation en matériaux biosourcés est très technique. On ne s’y lance pas par opportunité car cela demande une certaine connaissance de la physique du bâtiment ».
Aucun sinistre à déplorer
Très vigilant sur la qualité de mise en œuvre, l’entrepreneur ne déplore aucun sinistre. « Depuis trois ans, la dynamique est enclenchée pour les matériaux biosourcés, notamment au niveau des marchés publics. Nous avons travaillé sur deux médiathèques, une restauration scolaire, un complexe multi-accueil de 1 000 m2, une école en paille,… »
Président de la Capeb Pays de la Loire, il souhaite faire entrer les matériaux biosourcés dans les programmes des formations de base aux métiers concernés par l’isolation : « Maçons, charpentiers, couvreurs, menuisiers, plâtriers, peintres, et même électriciens et carreleurs : tous sont susceptibles de poser des isolants. »
La Capeb travaille avec la DREAL pour intégrer un tel module dans le tronc commun des formations, puis dans les applications métier. Peut-être les CFA de la région seront-ils prêts pour la prochaine rentrée !
Mickaël Derand aime les isolants sains
Artisan plaquiste en Charente Maritime, Mickaël Derand s’est lancé dans l’isolation au chanvre avec enthousiasme. Il apprécie ce matériau sain, performant et agréable à poser.
Initialement formé à la plasturgie composite, Mickaël Derand a entamé une seconde carrière après 13 ans d’activité de commerce d’articles nautiques : en 2011, il se forme au métier de la plâtrerie et se met à son compte à Thairé d’Aunis, à 10 km de La Rochelle.
En 2015, il se lance dans l’isolation au chanvre, à l’occasion d’un chantier chez un particulier : « il souhaitait quelque chose de performant et de pas trop épais pour isoler sa toiture. J’ai fait quelques recherches et lui ai proposé du Biofib ; c’est parti comme ça, tout simplement ! » Vite convaincu, notre homme devient Artisan du Club Expert de la marque en 2016.
Mickaël Derand s'est formé aux métiers de la plâtrerie en 2011 et a embauché 4 salariés en 2019
Isolant chanvre et laine minérale
En 2018, encore seul, il pose 750 m2 d’isolant chanvre. En 2019, il embauche et double la surface mise en œuvre. Aujourd’hui, les 4 compagnons de l’entreprise Aunis Plâtrerie posent de l’isolant en chanvre dans environ 70 % de leurs chantiers, exclusivement chez des particuliers.
« Dans l’immense majorité des cas, c’est sur ma proposition que le client adopte le produit », note Mickaël Derand. « Dans la maison en pierre ou en bois, le chanvre laisse respirer les murs, même avec un doublage en plâtre. Et travailler sans gant ni masque est très important pour moi.»
Par ailleurs, l’entreprise met en œuvre de la laine minérale. « Là encore, je privilégie le confort de pose, je n’utilise qu’une laine minérale douce au toucher et sans formaldéhyde», précise l’entrepreneur. Mickaël Derand met en avant le chanvre en tant qu’isolant sain pour l’occupant du bâtiment.
« Je n’ai pas la fibre écologiste, mais je signale juste que c’est un produit naturel. » Le chanvre issu de la coopérative Cavac, qui commercialise l’isolant Biofib n’est d’ailleurs pas estampillé bio ; seuls 10 % de sa production sont cultivés en agriculture biologique.
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson