A Paris, le quartier de la samaritaine et ses 4 magasins historiques, propriété du groupe LVMH, font l?objet d?une réhabilitation complète. Coup de projecteur sur le magasin 3 bientôt terminé.
Photo©F. Leroy
Le quartier historique de la Samaritaine, situé entre la rue Rivoli et la Seine, au niveau du Pont neuf, a été édifié dans la période 1870-1932. Caractéristique des lieux : le site compte 4 magasins totalisant une surface de vente de 48 000 m2 dont le magasin principal, inscrit au titre des Monuments historiques. Les bâtiments de style Art nouveau et Art déco sont l’oeuvre des architectes Frantz Jourdain et Henri Sauvage.
Au fil du temps, après la cession des magasins 1 et 3 à d’autres enseignes, la Samaritaine devient déficitaire et est cédée en 2001 au groupe LVMH. Après plusieurs recours juridiques, le groupe entame en 2015, d’importants travaux de restauration et de transformation des lieux qui doivent recevoir des bureaux, des commerces, des logements et un hôtel de luxe.
Aujourd’hui, après la reconstruction du magasin 4* et la réhabilitation du magasin 2, le plus connu et donnant sur la Seine, le groupe LVMH termine les travaux du magasin 3, situé à l’angle de la rue de Rivoli et de la rue du Pont Neuf. L’édifice de 8 étages (avec 3 niveaux en infrastructure) subit en effet un lifting complet depuis le début de l’année 2019.
Le magasin 3 de la Samaritaine encapsulé pendant les travaux ©CCS International
Des commerces et des bureaux dans le magasin 3 de la Samaritaine
Objectif des travaux : transformer les lieux en commerces du sous-sol au 2e niveau, puis, en immeubles de bureaux du 3e au 8e niveau. Le bâtiment construit en 1930 par Henri Sauvage, se distingue par une architecture métallique entièrement rivetée.
Or les aciers de la structure sont devenus fragiles, nécessitant de très nombreux calculs via une étude menée depuis 1 an, avec l’appui du CTICM (Centre technique industriel de la construction métallique).
La société de travaux CCS international s’est vu confier les travaux de renforcement de la structure métallique. Elle avait déjà œuvré sur les magasins 2 et 4, avec la société SMB. De nombreux relevés sur site ont été opérés auparavant, avec des études au cas par cas, et la réalisation d’une maquette BIM 3D.
Etage courant à renforcer pour supporter le poids des nouveaux planchers béton ©CCS International
12 mois de travaux pour renforcer la charpente métallique
Cette restauration s’avère toutefois complexe en raison du remplacement des planchers de verre d’origine par des planchers béton (pour garantir la stabilité au feu). Cette substitution va augmenter les charges à reprendre jusqu’à une fois et demi.
La structure de la charpente existante doit donc être renforcée par mixité ou tôles/plats soudés. Ce qui nécessitera 12 mois de travaux au total. « Certaines poutres impossibles à renforcer car trop fragilisées ont dû être remplacées », explique David Henocq, directeur général de CCS International.
Les poteaux intérieurs et de façade seront également renforcés tandis que plusieurs noyaux béton (escaliers de secours, ascenseurs) sont créés pour répondre aux normes de sécurité. Ces nouveaux ouvrages viennent d’ailleurs perforer les planchers métalliques existants qui doivent être adaptés. Les attaches poteaux/poutres sont également renforcées.
Renforcement des attaches de façades après étaiement et vérinage de la poutre au préalable © CCS International
L’assistance précieuse de l’Institut de soudure
Au final, quelque 300 tonnes de matériaux permettent le renforcement de la structure et 5200 m2 de planchers (bac acier) sont reconstruits. Enfin, le nombre de connecteurs posés s’élève à 35 000 unités ; D’où un effectif moyen sur chantier de 30 monteurs avec une pointe à 45 monteurs.
Concernant les opérations de soudure, très complexes à réaliser compte tenu de la vétusté des aciers, le maître d’oeuvre a bénéficié de l’assistance de l’Institut de soudure. Il a d’abord fallu opérer des prélèvements d’échantillons et réaliser des essais de soudabilité.
« Pour éviter l’échauffement des aciers à la soudure, des procédés spéciaux ont été utilisés en soudant à l’électrode afin de réduire les vitesses de dépôt de soudure et ainsi ne pas fragiliser les aciers de 1930 » détaille David Henocq.
Renfort poteaux et accroche poutres existantes sur poutres neuves ©CCS International
Le « poumon » du chantier : la logistique !
Quant à la logistique, elle a constitué un chantier dans le chantier, selon le responsable de CCS International. L’entreprise a eu recours à un bras Palfinger monté sur un portique pour décharger les camions dans la rue.
Elle a également mis en place un système de chariot sur rail pour transférer les poutres vers la trémie centrale. Enfin, il a fallu installer un pont roulant provisoire de capacité de 3,2 tonnes au niveau du 7e étage pour lever les poutres.
Par ailleurs, des « recettes escamotables » ont pris place à chaque niveau afin de recevoir les poutres en sécurité. Il s’agit de planchers métalliques mobiles façon "tiroir" pour aller chercher au vide les poutres manutentionnées avec le pont roulant à chaque niveau du bâtiment et ainsi pouvoir les ramener en sécurité au niveau concerné. « Cette organisation est le poumon du chantier » insiste David Henocq.
L’entreprise aura fini le renforcement de la structure métallique du magasin d’ici quelques mois. Elle poursuivra ses travaux sur Paris puisqu'elle réhabilite deux édifices de renom : la Bourse du Commerce en vue de recevoir la collection Pinault ainsi que l’immeuble Dior au 50 avenue Montaigne.
*issu de l’agrandissement de la Samaritaine en 1932 après l’acquisition d’immeubles occupant l’ensemble de l’ilot au nord du magasin
(1) ce sont des planchers metalliques mobiles façon "tiroir" pour aller chercher au vide les poutres manutentionnees avec le pont roulant à chaque niveau du bâtiment et ainsi pouvoir les ramener en sécurité au niveau concerné.
Fiche technique
- Maitre d’ouvrage : Grands magasins de la Samaritaine
- Maitre d’oeuvre : Braun Architecte
- BET structure : Aedis
- Maitre d’oeuvre pilote : Setec
- Entreprise générale : Bouygues Renovation privée
- Renfort charpente métallique : CCS international
- Montant marché CCS International : 6 624 000 € HT
- Montant marché global : 52 millions € HT
Source : batirama.com / Fabienne Leroy