Comment protéger le littoral maritime et fluvial ? La fréquence et la violence des catastrophes naturelles telles que les ouragans et les inondations ont amené les chercheurs à développer des solutions.
On connaît les procédés de gabions ou ceux plus traditionnels d’enrochement : ces murs de rochers sont construits au moyen de grosses pierres choisies en carrière et placées à l'aide de camions grappins ou de pelles mécaniques.
Inconvénient : la technique est « lourde » et mobilise d’importants moyens en ressources et en matériels. Des chercheurs* ont donc mis au point un matériau de protection du rivage qui se veut à la fois efficace et respectueux de l’environnement.
Résine et cailloux dans la bétonnière
Il s’agit d’une résine élastomère bicomposante (Elastocoast) constitué à 50 % de matières premières renouvelables. Ce produit est compatible avec l’écosystème aquatique ainsi qu’avec la faune et la flore environnante, selon ses inventeurs.
Cette résine polyuréthanne est livrée sous la forme d’un kit de 33 kg avec un composant A et un composant B. Les produits A et B sont donc mélangés dans une bétonnière avec des cailloux propres et secs, de 40 à 60 mm de diamètre, issus des ballasts SNCF recyclés ou des carrières.
Un ouvrage poreux monolithique et stable
Pour obtenir une bonne résistance, chaque agrégat doit être enrobé par la résine. Le mélange s’effectue en 3 minutes et la polymérisation de la résine intervient au bout de 20 minutes à 23°C.
La combinaison résine/agrégats est ensuite déposée sur les espaces à protéger. « Le système permet de créer un ouvrage poreux, monolithique et stable dont l’avantage est d'absorber l'énergie des vagues et donc de mieux la dissiper » expliquent les chercheurs de BASF. « Le résultat est une réduction de la hauteur de vague et une diminution du potentiel de détérioration. »
Place à la faune et à la flore
Autre avantage : outre un aspect visuel proche d’un enrochement grâce à la transparence du matériau, la faune et la flore peuvent à nouveau coloniser les ouvrages protégés grâce à sa structure poreuse.
Par ailleurs, une plus grande porosité signifie « une réduction des pressions interstitielles exercées sur une digue qui auraient pu être à l’origine de sa déstabilisation » ajoutent les chercheurs.
*de BASF Polyuréthanes
Source : batirama.com / Fabienne Leroy
Opérations pilotes : bientôt l’Ile de Ré
EMCC (Groupe Vinci Construction) est aujourd’hui le partenaire exclusif de BASF. Ensemble, ils ont déjà réalisé quelques opérations pilotes dont :
- Le Grand Port Maritime du Havre sur le canal de Tancarville,
- Le Conseil Général de la Seine Maritime au bac de la Bouille,
- Le Grand Port Maritime de Rouen dans le cadre d’un marché d’entretien des berges de Seine,
- La Compagnie Nationale du Rhône à l’écluse de Bollène dans le Vaucluse,
- Le Grand Port Maritime de Bordeaux sur le site du Verdon,
- Le Port Autonome de Paris – Agence de Gennevilliers en avril 2011.
Un chantier est en projet avec le Conseil général de la Charente Maritime pour la remise en état de l’épi le plus exposé au phare des Baleines de l’île de Ré, en octobre 2011. En savoir plus : www.elastocoast.fr