Les chantiers qui ne peuvent se conformer aux prescriptions du guide de l'OPPBTP doivent être arrêtés
Attendu depuis le 21 mars, le « guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction en période d’épidémie de coronavirus Covid-19 » est enfin paru le 2 avril en soirée.
Réalisé par les experts de l’OPPBTP, avec le soutien de médecins du travail et de préventeurs, il liste les mesures urgentes et spécifiques à mettre en œuvre pour assurer les conditions sanitaires nécessaires aux personnels appelés à travailler en bureaux, ateliers, dépôts ou chantiers, en complément de toute mesure sanitaire édictée par les pouvoirs publics.
En ces temps de COVID-19, ceci n'est plus possible. Le respect, en toutes circonstances, des distances de sécurité est l'une des principales prescriptions du guide de l'OPPBTP. ©PP
Le port du masque
Ce guide a fait l’objet d’une validation des ministères de la transition écologique et solidaire, de la ville et du logement, des solidarités et de la santé, et du travail. Il commence par un avertissement clair : « Dans le contexte de cette crise sanitaire d’ampleur exceptionnelle, l’OPPBTP insiste sur l’extrême nécessité pour tous les acteurs du BTP de suivre strictement les consignes et, à défaut de pouvoir les suivre, d’arrêter les activités concernées ».
Le port du masque est obligatoire dans trois situations de travail : travail à moins d’un mètre d’un autre compagnon (sans autre solution opératoire possible), intervention chez des particuliers malades, à la santé fragile.
Dans les autres cas, le port du masque n’est pas obligatoire, selon les directives gouvernementales, et doit faire l’objet d’un échange au sein du dialogue social des entreprises. Bien entendu, tant que dure la pénurie de masques, il convient d’en réserver l’usage en priorité pour les personnels de santé.
Une fiche conseil est consacré au port du masque : comment le mettre, l’enlever, l’entretenir s’il s’agit d’un masque à cartouche, le jeter, etc. Petit détail : il est recommandé d’être rasé si l’on porte un masque FFP. Une fiche est consacrée à l’explication des différents types de masques, les circonstances dans lesquelles ils sont adaptées, etc.
23 pages de consignes précises
Le guide comporte 23 pages. Les 8 premières sont consacrées aux différentes catégories de personnel, à des consignes générales, puis à des consignes particulières en fonction des situations, des lieux et des personnels concernés.
Les consignes générales rappellent, par exemple, que les personnels à risque élevé – diabétiques, etc. – ne doivent pas travailler et doivent avoir un arrêt de travail. Chaque entreprise doit désigner un référent COVID-19 pour l’entreprise et par chantier. Il coordonne et fait respecter les mesures à mettre en œuvre.
Le guide rappelle aussi que les conditions de travail actuelles sont moins « dégradées » par rapport à l’habitude - moins de personnel, moins de matériel, moins de sous-traitants, etc. -, il faut donc faire encore plus attention aux risques traditionnels des chantiers : chute, heurt, risque électrique, engins, produits chimiques, etc.
Les consignes générales listent les fournitures nécessaires au respect des consignes sanitaires :
- Désinfectant type Javel diluée, alcool à 70°, Anios Oxy’floor ou Phagosurf ND,
- Lingettes désinfectantes type WIP’Anios (poignées, clavierd’ordinateurs, siège de toilettes, véhicules, engins, outillage…),
- Savon liquide,
- Essuie-mains jetables,
- Poubelles à pédale et couvercle pour jeter les consommables d’hygiène après usage,
- Sacs à déchets,
- Gants usuels de travail,
- Gants jetables pour manipuler les poubelles et pour le nettoyage/désinfection,
- En cas d’absence de point d’eau sur le lieu de travail, bidons d’eau clairement marqués « eau de lavage mains »,
- Gel ou solution hydroalcoolique (en complément, si disponible),
- Masques de protection respiratoire de type masque chirurgical ou de protection supérieure (en complément et pour activités spécifiques).
Le guide traite des chantiers, des bases vie, des ateliers, des dépôts, des véhicules et engins. ©PP
Des consignes sévères pour les véhicules, les engins et les bases vie
Les préconisations indiquées par le guide sont contraignantes. Dans le cas d’une utilisation partagée d’un véhicule ou d’un engin, il faut désinfecter les surfaces de contact (volant, boutons de commande, poignée de changement de vitesse, etc.) à chaque changement d’utilisateur. Il faut prévoir pour cela des lingettes désinfectantes, du gel ou une solution hydroalcoolique.
Le guide préconise de diviser par deux la capacité d’accueil nominal de toutes les installations des bases vie, sauf des bureaux. Il recommande aussi l’installation d’un point de lavage des mains avant toute entrée dans les bases vie, ainsi que la mise à disposition de lingettes dans les toilettes afin de les désinfecter avant chaque usage.
Deux pages traitent des conditions de travail proprement dites et détaille notamment les activités chez des particuliers et dans les locaux de clients où ces derniers sont présents.
Huit fiches conseil
Á partir de la page 9 du guide de l’OPPBTP, on trouve 8 fiches qui traitent de questions spécifiques : questionnaire de vérification de la santé d’un salarié, procédure de déclaration des personnes à risque, conseils de port du masque, check-list pour la préparation des chantiers notamment en cas d’intervention chez des clients particuliers et chez des clients professionnels, protocole d’intervention chez un particulier à risque de santé élevé, protocole d’intervention chez un particulier malade du COVID-19, intervention chez un particulier, que faire face à une personne malade.
Ce guide à la fois éclaire sur les conditions de sécurité à mettre en œuvre, mais insiste aussi sur le fait que si les consignes de sécurité ne peuvent pas être respectées, le chantier ne doit pas reprendre, l’intervention ne doit pas avoir lieu, etc. Il fournit donc une méthode d’évaluation rationnelle permettant aux entreprises de décider si elles continuent ou suspendent leurs activités.
Le guide est particulièrement contraignant pour les entreprises de dépannage et de maintenance, dans le cas d’intervention chez des particuliers à risque.
Source : batirama.com / Pascal Poggi