Fabio Rinaldi : « BigMat prépare la reprise globale des activités »

Quelque 80 % des points de vente de l?enseigne ont repris leur activité, en mode « dégradé » selon le président du directoire de BigMat qui revient sur la crise sanitaire et économique qui frappe le secteur.

« L’année 2020 n’aura rien de commun avec 2019 » indique d’emblée Fabio Rinaldi, président du directoire de BigMat France. En effet, le groupement de distributeurs indépendants a réalisé quelque 963 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année passée (avec 90 adhérents et 290 points de vente), soit une progression de 4,5 % par rapport à 2018. Il par ailleurs recruté 8 nouveaux adhérents.

 

Et l’année 2020 avait très bien démarré avec une belle dynamique de croissance interne et externe, selon le président du directoire qui avait prévu de dépasser le milliard de chiffre d’affaires HT en 2020. Le groupement a d’ailleurs concrétisé quelques projets phares et structurants lancés il y a deux ans, notamment concernant sa politique d’achat.

 

Il a en effet quitté le CMEM (Centre multi-enseignes des matériaux) pour retrouver son indépendance et son pouvoir de négociation avec ses 300 fournisseurs. Un pari mené à bien pour le groupement dont le montant des achats représente 700 millions d’euros, dont 500 réalisés avec les fournisseurs référencés.

 

3 nouveaux adhérents en prévision chez BigMat

 

Par ailleurs, de nouvelles démarches ont été entamées pour recruter des adhérents et trois d’entre eux devraient rejoindre le groupement dans les prochains mois, estime Fabio Rinaldi. BigMat avait par ailleurs amorcé un autre chantier, qui se poursuit et n’accuse aucun retard, malgré la crise : la constitution d’une base de données centralisées en vue d’un système d’information commun.

 

La crise économique et sanitaire a subitement mis un coup d’arrêt brutal à l’activité des distributeurs, dès les premières annonces gouvernementales, contribuant à désorganiser toute la filière interdépendante, c’est-à-dire fournisseurs et entreprises de travaux.

 

« Une confusion est née rapidement, car la liste des commerces fermés a été publiée le 16 mars, mais elle excluait les négoces en matériaux » indique Fabio Rinaldi. Or, comment maintenir en toute sécurité l’activité des salariés présents dans les points de vente alors qu’un confinement général avait été décidé ? se demande le président du directoire.

 

« Nous n’étions pas préparés à un afflux massif de clients »

 

En effet, le maintien de l’activité du négoce aurait pu créer un mouvement de panique, à l’instar de ce qui s’est produit dans les surfaces alimentaires. « Nous n’étions pas préparés à un afflux massif de clients inquiets pour leurs chantiers et nous avons recommandé à nos adhérents de fermer leurs points de vente en attendant de pouvoir vite nous réorganiser » précise Fabio Rinaldi.

 

La profession a pu réfléchir pendant une semaine pour partager les meilleures pratiques à déployer dans les points de vente de manière à garantir la sécurité des collaborateurs et des clients.

 

« C’est dans ces conditions et sur la base du volontariat des salariés que nous avons pu reprendre nos activités le 23 mars » explique Fabio Rinaldi. Notons que le premier guide de préconisations sanitaires a vu le jour dans le secteur de la distribution de matériaux.

 

 

La crise a permis aux distributeurs de matériaux de mettre rapidement en place de nouveaux outils de livraison, tels que le Drive. « Cela nous a montré que nous avions peut être tendance à nous censurer sur ce type de pratiques commerciales alors que sommes capables de nous organiser très rapidement et de répondre à la demande de nos clients artisans » explique Fabio Rinaldi ©Probemat à Ste Reine de Bretagne

 

80 % des adhérents en activité, en « mode dégradé »

 

Aujourd’hui, selon ce dernier, 80 % des points de vente de l’enseigne ont repris leur activité, réalisant environ 50 % du chiffre d’affaires habituel. Le drive, le click and collect, mais aussi les livraisons sur chantier permettent aux distributeurs d’assurer l’approvisionnement en matériaux dont ont besoin leurs clients.

 

« Il y a moins d’effectifs dans les points de vente, et nous avons dû adapter une organisation de vente, sans contact physique, à une activité de la clientèle également réduite de moitié » reprend le président du directoire.

 

Fabio Rinaldi constate en effet que les gros chantiers n’ont pas réellement redémarré et que les fournisseurs notamment de produits en planchers béton ont arrêté leurs usines dans l’attente imminente de la publication d’un guide de bonnes pratiques agréé par le gouvernement.  (FIB/ Unicem).

 

Des stocks à reconstituer chez les négociants

 

Conséquence : les stocks de matériaux des négociants ont nettement diminué et ne permettraient pas de subvenir aux besoins de l’ensemble des clients, en cas de reprise pleine et immédiate de l’activité. Une reprise qui suppose tout d’abord la réorganisation de toute la chaine logistique, aujourd’hui impactée par la crise.

 

Dans le même temps, concernant les activités de second œuvre du groupement, menuiserie et carrelage, les show-room des adhérents qui accueillent essentiellement les particuliers n’ont pas pu réouvrir leurs portes. Certaines livraisons marginales ont cependant pu être effectuées, précise Fabio Rinaldi.

 

Ne pas rompre la chaîne des paiements dans la filière du BTP

 

En attendant la fin du confinement et une reprise globale des activités, des consignes ont été données aux adhérents concernant les modalités des paiements clients et fournisseurs. « Les artisans comme nos adhérents peuvent bénéficier des dispositifs de l’Etat et donc, plutôt que refuser une échéance de paiement, ils doivent activer ces aides en priorité, afin de ne pas rompre la chaîne des paiements » insiste Fabio Rinaldi.

 

Une communication a donc été faite dans le réseau BigMat pour rappeler aux adhérents de respecter leurs échéances de paiement. Selon le président du directoire, il est essentiel que les artisans puissent régler leurs négociants qui pourront à leur tour régler leurs fournisseurs industriels.

 

Il reste cependant difficile de prévoir un scénario de reprise clair et précis, selon le président du directoire. « Est-ce que l’activité reprendra en juillet ou à la sortie de l’été ? C’est trop tôt, la crise a été brutale et peut se poursuivre. Tout dépendra de sa durée et de nos clients. Les Français ont prévu de faire des travaux et l’activité peut reprendre progressivement. Mais on ne sait pas comment les entreprises vont ressortir de cette situation » tempère Fabio Rinaldi.

 

Pour sa part, le président du directoire, estime que la crise sanitaire et économique fait perdre 3 points par mois de pandémie à l’activité du groupement. Ce qui pourrait générer une baisse du chiffre d’affaires annuelle entre 5 à 10 % pour 2020.

 

Chez BigMat, les équipes sont en tout cas mobilisées pour reprendre une activité dite normale et se réajuster. « Nos salariés et collaborateurs ont fait preuve de solidarité et d’engagement et se battent aux côtés des adhérents et patrons de négoces pour que les activités fonctionnent » souligne Fabio Rinaldi qui conclut : « Il faut éviter de se replier sur soi-même, et beaucoup partager nos expériences. La force de notre groupement le permet et c’est un avantage important de notre organisation ».

 

Le groupement a commandé une centaine de milliers de masques pour ses collaborateurs et ses clients. D’ici la fin du mois d’avril, les stocks en masques, seront reconstitués, assure le président du directoire.

 


Source : batirama.com / Fabienne Leroy

 

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