Après une excellente année 2019, le groupe de BTP dit aborder la crise sanitaire avec sérénité mais l'organisation de la reprise des chantiers fait face à de nombreuses incertitudes.
Lors de la conférence de presse qui s'est tenue mardi 21 avril, la direction de NGE (Nouvelles Générations d'Entrepreneurs) a dressé un état des lieux des effets de la crise du Covid-19 sur les activités du groupe et présenté de premiers éléments sur la reprise progressive des chantiers.
En préalable, le Président du Groupe, Antoine Metzger a assuré que la crise sanitaire était abordée avec sérénité du fait d'une croissance particulièrement belle en 2019 et d'un carnet de commandes exceptionnellement bien rempli.
Côté organisation, le groupe NGE s'appuie sur sept métiers différents du BTP, avec la spécificité sur les projets d'avoir un interlocuteur unique vis à vis du client. « Parmi nos autres spécificités figurent celle d'avoir un actionnariat détenu à 80% par les dirigeants et salariés et le fait de proposer à nos clients une expertise complémentaire en financement de projets, du type PPP ou concessions ».
« Nous avons ainsi en démarrage en PPP l'Aréna Futuroscope de Poitiers », défend Antoine Metzger. À ceci s'ajoute une présence régionale forte d'une centaine d'implantations et internationale déployée dans une douzaine de pays. Le réseau de 12400 collaborateurs s'est étoffé de 4500 ces cinq dernières années.
Pour les chiffres, après avoir dépassé 2 Mds € de CA en 2018, l'année 2019 a été marquée par une croissance de 23% pour un CA atteignant 2,497 Mds €. « Nous sommes particulièrement sereins car nous avons abordé la crise du Covid avec un carnet de commandes record de 4,1 Mds € correspondant à vingt mois d'activité. Ce carnet de commandes en grande partie publiques n'a souffert d'aucune annulation », poursuit Antoine Metzger.
Une nouvelle gouvernance a été mise en place début 2020. Sur la photo, de gauche à droite, Jean-Sébastien Leoni, Directeur Général Adjoint, Antoine Metzger, Président et Jean Bernadet, Directeur Général. © NGE
Un chantier sur dix a repris
La décision de confiner a lourdement impacté l'activité de l'entreprise. Au 17 Mars au matin, 99% des chantiers en France du Groupe se sont arrêtés à l'exception de quelques chantiers d'urgence, qui servent d'ailleurs de retour d'expérience.
Le taux de chômage partiel au sein de l'entreprise a culminé à 85%. Mais la reprise dans des conditions sécurisées s'effectue progressivement et à la date du 21 Avril, le Groupe affiche 170 chantiers qui ont repris, soit de l'ordre de 10% des chantiers en cours. Si une date de reprise est fixée pour 16,3% de chantiers additionnels, plus de 70% demeurent dans l'incertitude.
Plusieurs semaines ont été nécessaire pour amorcer un redémarrage prudent, déjà le temps d'obtenir une validation du Guide de préconisations Covid-19 de l'OPPBTP. « Pour redémarrer les chantiers, il a fallu acheter des masques en grande quantité. Il faut aussi respecter les gestes barrière et la distance sociale donc augmenter la surface de la base vie, et désigner un référent Covid afin que les consignes soient respectées.
Le secteur du BTP fonctionnant comme une cordée, tout le monde doit se remettre en route en même temps, ce qui est plus difficile à obtenir sur les gros chantiers qui vont redémarrer plus tard », estime Antoine Metzger.
Dans un premier temps seuls les chantiers urgents comme ici à Sèvres se sont poursuivis. Tous les autres ont été arrêtés. ©NGE
Limiter à deux semaines les vacances estivales ?
La direction de NGE envisage une accélération du redémarrage des chantiers en Mai et une reprise quasi complète de l'activité cet été, à condition d'arriver à limiter la deuxième vague de contamination. « Il faudra essayer de rattraper le temps perdu d'ici la fin de l'année et nous avons appelé à la responsabilité de chacun pour limiter à deux semaines les vacances estivales.
Du côté des maîtrises d'ouvrage publiques, le prolongement de la période électorale n'est pas favorable, mais nous leur demandons de continuer à investir et à passer des appels d'offre », souligne Antoine Metzger.
S'agissant des différents métiers du Groupe, confie Jean Bernadet, Directeur Général : « La reprise d'activité est plus simple pour des métiers comme le terrassement ou le ferroviaire. Le plus problématique est le bâtiment avec des chantiers qui réunissent plus de cent personnes et qui nécessitent donc un arrêté préfectoral ».
Acquisition de masques et Plan d’économie à l’étude
La distanciation sociale est aussi plus difficile à garantir avec différents métiers travaillant dans la même pièce et des croisements dans des couloirs étroits. Un autre métier compliqué est celui du tunnelier qui est confiné dans sa machine elle-même située dans l'espace confiné du tunnel. Le rythme de la reprise est aussi différencié régionalement.
La stratégie Covid a été résumée en quatre grands axes par Antoine Metzger, dont le premier est l'acquisition massive de masques de protection, par centaines de milliers et essentiellement en Chine. Le deuxième est un plan d'économies pour faire face à une contraction prévue du CA en 2020 d'un montant inconnu à ce jour. En particulier, aucun dividende ne sera versé aux actionnaires, les investissements et les frais généraux sont réduits.
Le troisième axe est d'être en capacité de chiffrer les surcoûts liés au Covid dans les nouveaux appels d'offre, non seulement le coût des masques et la mise en place des gestes barrières (comme l'augmentation de la surface de la base vie) mais aussi la perte de rendement, à minima dans les premières phases de la reprise.
Enfin, la direction du Groupe est en train d'élaborer un plan de relance de l'activité sachant que les objectifs de croissance du CA à moyen terme sont maintenus ainsi que le recrutement de 2500 nouveaux collaborateurs d'ici à 2024.
Source : batirama.com / François Ploye