« Le design industriel ne doit pas se borner à engendrer des produits plus beaux ». Pour Francesco Giganti, responsable de l?agence IDA, il doit aussi les rendre plus faciles à poser, à utiliser et plus écologiques aussi.
Francesco Giganti, impose à ses produits un cahier des charges en béton. Cet architecte de formation devenu designer industriel est directeur d’IDA, une agence spécialisée dans le BTP et l’architecture, mais aussi ouverte au monde des transports, de l’équipement ou de la communication.
Originaire de Sicile, ce quinquagénaire souriant nous accueille au dernier étage d’une étonnante cité d’artiste du XVIIIème arrondissement. Il s’est installé voilà plusieurs lustres au sommet de cette résidence des années 30, accumulation d’ateliers aux grandes verrières, posés les uns sur les autres, comme des boîtes à chaussures.
Mais revenons à notre homme, regard pétillant et bouche joyeuse, il parle avec un accent italien chantant. Une partie de son travail consiste à créer des produits industriels destinés à la construction. C’est bien sûr, ce domaine qui nous intéresse. A son actif : des poignées de porte pour Bézault, des fenêtres pour Lapeyre, des sorties de toit pour Poujoulat ou des bouches d’aération pour Anjos...
Sa réflexion va bien plus loin que le seul point de vue esthétique. Son travail recouvre la conception du produit, et peut même aller dans certains cas, jusqu’à l’élaboration du processus d’industrialisation.
Plus qu’un simple traitement esthétique
« Mon objectif est de trouver des solutions techniques innovantes, visant à améliorer les produits existants. Du coup, je travaille en partenariat avec les ingénieurs mais aussi les bureaux de R&D de mes clients industriels, leur équipe marketing ou encore leur force commerciale. Je suis une sorte de chef d’orchestre ».
Francesco intervient sur le produit très en amont, dès le processus de création. Exemple à l’appui avec Twinea Techno une gamme de fenêtres coulissantes qu’il a créée pour les services R&D de la société Bouvet et du Groupe Lorillard.
« Plutôt que de procéder à un simple relookage, j’ai développé un produit révolutionnaire dont je suis assez fier, explique le designer. Jusque-là les montants des baies en PVC intégraient des renforts métalliques lourds.
Sur mon produit, après réflexion et confrontation de mes idées avec les ingénieurs maison, ils ont été remplacés par de la fibre de verre injectée par pulextrusion. Au final, on obtient un produit aux surfaces vitrées agrandies, aux performances thermiques améliorées et beaucoup plus léger. Qui est du coup également, plus facile à poser ».
C’est donc une innovation majeure qui a été mise au point par le travail conjoint de tous les acteurs de la chaine de création. Une innovation qui a des répercussions jusqu’au travail final de l’artisan poseur.
Bref, quand Francesco Giganti se penche sur un produit, il revisite tout son process industriel, de la planche à dessin jusqu’à son recyclage. Ce que l’on peut appeler une réflexion complète.
Le design pour tous
Toute cette partie recherche avancée, ne fait pas pour autant oublier à notre designer la dimension purement esthétique de son travail. « Les objets mêmes les plus simples peuvent être beaux », explique t-il. Ainsi, il a récemment travaillé sur une gouttière, objet fonctionnel s’il en est, pour la rendre plus élégante.
« J’ai notamment occulté les fixations, travailler sur les formes pour les rendre plus agréables ». L’exercice n’est pas vain. Un produit design se vend mieux. Le consommateur accepte de le payer plus cher, ce qui permet d’améliorer les marges. Une aubaine que les professionnels auraient tort de laisser passer.
Source : batirama.com / Nicolas Dembreville
Le travail du designer selon Francesco Giganti
- améliorer l’esthétique du produit et au passage son ergonomie
- garantir sa faisabilité industrielle
- veiller à la réalité économique du projet qui doit se situer dans une fourchette de prix acceptable par le marché
- préserver une mise en œuvre aisée. Pour que le professionnel puisse l’utiliser avec un outillage traditionnel et sans suivre de formation
- garantir une pose simplifiée et rapide pour que les entreprises améliorent leur marge
- se soucier de développement durable et d’écologie et utiliser des matériaux recyclables
- respecter la réglementation en vigueur
Une cheminée personnalisée façon Mini Cooper
« Il m’arrive de m’inspirer de secteurs adjacents pour concevoir mes produits », explique Francesco Giganti. Ainsi pour Poujoulat, le designer a imaginé une sortie de cheminée s’inspirant du concept de la Mini Cooper de BMW. Une petite auto que l’on personnalise à sa guise.
Comme pour cette citadine chic, le fabricant propose donc tout un catalogue de pièces permettant d’enjoliver son conduit de toiture. « J’ai imaginé des plaques inox colorées, ornées de motifs sculptés au laser. D’autres imitent la brique ou la pierre pour rappeler le matériau utilisé pour les murs de la maison ». Voilà une bonne manière de différencier sa maison.