La 6e édition du concours organisée par ConstruirAcier, l?organisme de promotion de la filière acier français, a récompensé les ?uvres architecturales de 10 maitres d?ouvrages et architectes de projet.
Photo Catégorie Architecture et Ingénierie : l’hippodrome Paris Longchamp à l’honneur a été récompensé ©Vincent Fillon
Le jury des 6e Trophées Eiffel 2020, présidé par l’architecte Francis Soler, a rendu son verdict. Dans cette période particulière, Il a pu dévoiler le palmarès dans le cadre prestigieux de la Tour Eiffel devant un public réduit de 70 personnes, précautions sanitaires obligent.
Rappelons que le concours a pour vocation de faire connaitre des œuvres architecturales « variés et significatives, réalisées avec tout ou partie grâce au matériau acier ».
« L’association ConstruirAcier a été créée il y a 12 ans en raison de la méconnaissance et des préjugés liés au matériau » expliquait sa déléguée générale, Charlotte Flores, déléguée générale de l’association, quelques jours avant la cérémonie. « Notre mission consiste à faire connaître ses atouts et ses limites, dans le cadre d’une communication responsable, sans greenwashing ».
9 catégories et un trophée Spécial Restructuration
Cette année, les projets soumis à l’appréciation du jury étaient répartis dans 9 catégories : Architecture & Ingénierie, Apprendre, Divertir, Franchir, Habiter, Travailler, Voyager, Innover et International. Le président du jury, l’architecte Francis Soler, a cependant souhaité créer une 10e catégorie, hors concours, avec le trophée Spécial Restructuration. Une catégorie qui peut concerner le secteur du logement mais bien d’autres également, explique Francis Soler.
Lors de la présentation des projets retenus, Francis Soler, a révélé son attachement pour l’acier, un matériau qu’il a toujours utilisé. C’est d’ailleurs son agence qui avait présenté un projet en acier, élégant et innovant, non retenu, pour le viaduc de Millau.
« Pour ce concours, notre jury a travaillé sur la diversité des échelles et des expressions, car l’acier autorise un éventail large de solutions techniques, fonctionnelles et esthétiques » rappelle l’architecte. En effet, le palmarès de cette 6e édition dévoile des projets modestes tout comme de grandes réalisations, réalisées par des équipes méconnues ou au contraire, à forte notoriété.
Au total, 80 candidats ont donc postulé dans les différentes catégories, à l’exception des deux catégories International et Restructuration, laissées à l’appréciation du jury.
Catégorie Architecture et Ingénierie : l’hippodrome Paris Longchamp à l’honneur. ©Michel Denance
Le palmarès : de grands noms récompensés mais aussi des anonymes
Dans la Catégorie Architecture et Ingénierie, c’est l’hippodrome Paris Longchamp réalisé par les équipes de Dominique Perrault Architecte, qui a été récompensé. Particularité, l’ouvrage qui est une restructuration de l’ancien site datant de 1960, mêle le béton, le bois et l’acier, dans une « ambiance chic à la française » relève Francis Soler. A noter que sa structure complexe avec gradins et plancher haut, en porte-à-faux successifs, repose sur des poteaux de type baïonnette sophistiqués, a noté le jury.
La Catégorie Apprendre, distingue le Lycée Léonard de Vinci à Saint-Germain en Laye, (Tank et Cosa, architectes associés) qui a vu doubler la surface du lycée technique par la construction d’un bâtiment neuf d’une capacité d’accueil de 1200 élèves. Une trame de 3,60 m divisée par des modules de 1,20 m règle le bâtiment. Outre l’élégance et la simplicité des menuiseries et bardages de façades, les protections solaires fixes permettent de rigidifier les hautes parois vitrées au rez-de-chaussée.
Catégorie Apprendre : le Lycée Léonard de -Vinci à Saint-Germain-en-Laye© Camille Gharbi
La catégorie Divertir récompense la Halle multifonctionnelle le Forum à Soultz-sous-Forêts (RHB Architectes) destinée à redynamiser le centre-ville. Sur deux piles, une charpente en structure métallique de 60 m de portée, repose sur deux piles en béton, revêtus d’un bardage en inox.
Catégorie Divertir : la Halle multifonctionnelle le Forum à Soultz-sous-Forêts©Nicolas Brigand
La catégorie Franchir met à l’honneur la Passerelle de l’Aiguille rouge à Bourg-Saint-Maurice (SG Architecte). L’ouvrage se dote d’une forme en croix symétrique, en acier galvanisé. Il repose sur des poteaux qui descendent comme des cônes pour toucher le moins possible le sol.
Catégorie Franchir : la Passerelle de l’Aiguille rouge à Bourg-Saint-Maurice© Raj-Bundhoo
La catégorie Habiter met en lumière la Villa Rohan à Bordeaux (Atelier Cambium). Il s’agit d’un ancien bâtiment de bureau qui a été démonté et déshabillé de ses panneaux en béton pour mettre à jour sa structure métallique : 42 tonnes de charpente métallique redéfinissent sa volumétrie. La superstructure (R + 2 à R + 5) se détache du socle minéral par u niveau R+1 largement vitré.
Catégorie Habiter : la Villa Rohan à Bordeaux ©Mathie Ivan
Le prix de la catégorie Travailler revient à l’entrepôt BT6, réhabilité et surélevé de bureaux à Bègles (Nadeau Architecture/ Faye Architectes et associés). Il s’agit à l’origine d’un ensemble de 21 bâtiments, des entrepôts militaires dont l’origine remonte à la première guerre mondiale. Le BT6 se distingue par sa rehausse de métal noir et de verre d’une surface de 600 m2 et de 200 m2 de terrasses.
Catégorie Travailler : l’entrepôt BT6 à Bègles© Julien Hourcade
La catégorie Voyager récompense un travail de « cador » selon l’expression de Francis Soler : le terminal T1 de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry (Rogers Stirk Harbour – Partners/ Chabanne).
Il s’inscrit dans une expression rationnelle et simple, un bâtiment circulaire compact, composé d’éléments structuraux simples et élégants. D’importantes portées composées de profils standards sont disposées de manière à déployer un minimum de matière. « C’est une vraie démonstration de l’acier sur sa capacité à économiser la matière » souligne le président du jury.
Catégorie Voyager : le terminal T1 de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry© Xavier Barret
Le prix innover distingue le projet Super Pausée à Ploemel (Vous Architecture), un petit hôtel écolo pliable grâce à la superposition de deux canadiennes dont les piquets de bois ont été remplacées par des tubes d’acier.
La structure qui s’inspire du camping, se monte à la force des bras, sans engins de levage, comme une tente traditionnelle. Elle peut héberger sur 50 m2, 5 hôtes qui pourront profiter de nuits à la belle étoile grâce une terrasse conçue sous forme d’un trampoline.
Catégorie Innover : Super Pausée à Ploemel©Vous Architecture
Deux prix spéciaux : Restructuration et International
Le prix spécial Restructuration revient à l’équipe CRO&CO Architecture pour le Carré Michelet, à la Défense. La restructuration lourde comprend l’extension et la surélévation d’un immeuble de 14 niveaux en acier.
La charpente architecturée de l’attique représente 643 tonnes d’acier où les profilés sont quasi tous reconstitués. Les poteaux acier tubulaire sont remplis de béton, pour garantir la stabilité au feu, tandis que les bracons et tirants ont été protégés avec une peinture intumescente.
Prix Restructuration : le Carre-Michelet vue depuis le-cour Michelet ©Gaston Bergeret
Enfin, le prix International a été décerné à l’équipe 3XN pour l’aquarium national du Danemark, Den Pla Planet à Copenhague qui prend la forme spectaculaire d’un gigantesque tourbillon.
Ici, ce sont 700 tonnes d’acier qui ont été mises en oeuvre pour la réalisation de la structure métallique. Le système porteur est composé de 54 cadres en acier qui forment les courbes de l’ouvrage sculptural. A noter que le plus grand aquarium d’Europe du Nord regroupe 53 aquariums d’eau douce et d’eau de mer, et plus de 20 000 poissons.
Prix international : Den Bla Planet©Adam Mørk
« L’acier doit se positionner face à la poussée du biosourcé »
Francis Solers constate aujourd’hui le lobbying et le « forcing » opéré par la filière biosourcée et celle du bois. Même si le bois demeure minoritaire en construction, il occupe en effet largement les esprits des décideurs, en raison d’un indicateur carbone favorable. Comment l’acier (mais aussi le béton) peut-il se positionner sur ces tendances, se demande-t-il.
Selon l’architecte, cette poussée écologique et outrancière de matériaux dits biosourcés, n’a cependant pas fait la démonstration de ses capacités. Il faut donc se positionner « car si on laisse faire les autres, on passera dans la matérialité de matériaux qui n’ont aucun recul ».
Or, l’acier a fait la démonstration de ses capacités, dans le neuf, la rénovation et sur tout type de bâtiment, selon l’architecte. Il a donc la capacité de répondre à une obligation de résultats et non de moyens. Son utilisation a prouvé dans le passé et encore aujourd’hui qu’il était apte à répondre aux défis actuels : industrialisation et mécanisation, fourniture hors site, conception flexible et légère des ouvertures (avec le système poteaux-poutre qui permet la déconstruction et la reconstruction), recyclabilité à l’infini du matériau, maitrise des risques sismique et incendie… Il reste à convaincre les décideurs, dont les élus locaux, des atouts du matériau…. |
Source : batirama.com/ Fabienne Leroy