Accompagner les acteurs de la construction à s?engager dans des projets de bâtiments menés selon les préceptes de l?économie circulaire, c?est la raison d?être d?Agyre.
Photo : Stéphane Le Guirriec dirige Agyre, une plateforme qui s’appuie sur un réseau d’expertises reconnues, composé de 25 partenaires (dont la Capeb) regroupés au sein d’un comité d’orientation, associés aux membres fondateurs que sont Impulse Partners, le Pôle Fibres-Énergivie et le Cerib.
Que peuvent espérer les entreprises du bâtiment de cette nouvelle plateforme qui s’appuie sur un réseau d’expertise, composé de 25 partenaires ? Stéphane Le Guirriec, directeur général d’Agyre, nous en dit plus.
Batirama : En quoi consiste Agyre et quel est son objet ?
Stéphane Le Guirriec : Agyre est une entreprise qui s’adresse à toute la filière de la construction. On la qualifie de « hub d’accélération» car elle doit contribuer de façon concrète à accélérer le développement de l’économie circulaire dans la construction.
Notre mission est d’ancrer de manière durable des pratiques responsables, de les partager, d’en faire des retours d’expériences et des démonstrateurs, capables de se dupliquer et d’essaimer dans les territoires. Car on a beaucoup théorisé sur l’économie circulaire depuis les années 70 mais peu d’actions concrètes ont été menées. Et les rares initiatives ont surtout porté sur la gestion efficace des déchets, qui n’est qu’un des aspects de l’économie circulaire.
Avec Agyre, nous voulons relever le défi de la sobriété dans la construction des ouvrages de façon plus globale, en prenant en compte les 7 piliers* de l’économie circulaire. En matière de construction, cela se traduit par le fait de maintenir la valeur des matières aussi longtemps que possible dans l’économie, et de réduire au maximum les matières premières extraites et les déchets produits.
Quels sont vos moyens d’action ?
Stéphane Le Guirriec : Agyre a l’ambition de devenir le référent national de l’économie circulaire auprès de l’ensemble des acteurs, qui bénéficieront d’un guichet unique. Nous nous appuyons sur des partenaires locaux et nationaux et nous bénéficions du soutien de Bpifrance et de la région Centre-Val de Loire, au travers d’une aide à l’innovation de 1,6 million d’euros dont 1,2 million de subvention. Ce fort soutien de l’État montre que notre projet est pertinent pour répondre aux enjeux des politiques publiques en matière d’économie circulaire.
Quel retour d’expérience existe en économie circulaire de la construction ?
Stéphane Le Guirriec : « Le Onze » est un premier démonstrateur : ce bâtiment de 12 logements a été construit à Chartres, par Pierres & Territoires Eure-et-Loir et Procivis Eure-et-Loir. Il répond aux principes de l’Écologie Industrielle et Territoriale (EIT), en circuit court, avec l’incorporation de granulats de béton recyclé (GBR) dans les bétons structuraux.
La mise en œuvre a été réalisée par des acteurs locaux, avec des techniques souvent existantes et parfois innovantes, à un coût global équivalent à celui d’un mode de construction classique, alors qu’il est classé E2C1 dans l’expérimentation E+C- qui anticipe la RE 2020.
Notre rôle est d’aider à dupliquer et généraliser ce genre d’avancées, en mobilisant et en accompagnant les décideurs, les prescripteurs, etc., afin de lever les freins et porter ces solutions et travaux au niveau national.
La résidence de 12 logements collectifs, le Onze, a été livrée en février 2020 après 12 mois de travaux à Chartres. Le maître d’ouvrage, le promoteur Pierre et Territoire Eure et Loir/Procivis Eure-et-Loir a choisi de mixer les matériaux : béton en rez-de-chaussée, briques Bio Bric pour les murs de façades et bois pour le 3e étage
Accompagnez-vous déjà un projet ?
Stéphane Le Guirriec : Nous accompagnons un second projet de 36 logements, du même promoteur, toujours à Chartres : la résidence Olympi. Cette opération pilote répondra à 4 cibles de l’économie circulaire et de la construction numérique : développement de l’écologie industriel et territoriale, intégration de granulats de béton recyclés intégrant une approche béton bas carbone, éco-conception, étude de réversibilité d’une partie du bâtiment et allongement de la durée d’usage.
Ce projet est suivi par l’Union Sociale pour l’Habitat (USH), un partenaire avec lequel nous allons produire des fiches de retours d’expérience pour promouvoir les initiatives exemplaires du Onze et d’Olympi.
Dans le cadre d’Appels à Manifestation d’Intérêt et d’appels à projets, nous souhaitons accompagner de nombreuses opérations fondées sur les principes de l’économie circulaire mais aussi de la construction numérique, à travers le programme « chantiers concertés de l’économie circulaire » que nous menons avec l’USH pour faire émerger d’autres projets exemplaires dans les territoires qui seront intéressés.
Pour une TPE-PME, quelles sont les opportunités offertes par Agyre ?
Stéphane Le Guirriec : Agyre est aussi un lieu de rencontres, de synergie entre tous les acteurs. Les entreprises qui viendront à nous pourrons s’informer et approfondir l’intérêt de se positionner dès à présent dans l’économie circulaire. Car c’est un bon moyen de se démarquer pour en faire un avantage concurrentiel.
Si elles ont des bonnes pratiques, elles se feront connaître en étant cartographiées par service déployé. Par exemple, nous avons commencé en répertoriant les producteurs de GBR dans trois régions.
Comment se former à l’économie circulaire ?
Stéphane Le Guirriec : Il faut déjà sensibiliser, informer. Avec le réseau d'apprentissage du CCCA-BTP, nous allons accompagner à la rentrée prochaine la formation d’un contingent d’apprentis à l’économie circulaire, dans un CFA de la région centre, où nous sommes basés. Et si l’expérience est concluante, elle sera réitérée !
* Les 7 piliers de l’économie circulaire : Approvisionnement durable ; Écoconception ; Écologie industrielle et territoriale ; Économie de la fonctionnalité ; Consommation responsable ; Allongement de la durée d’usage et Recyclage, fin de vie produit.
Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson