Comment Saint-Gobain, peut-il relayer le volet « rénovation énergétique » du plan de relance ? Son directeur général envoie au front les industriels du groupe, les enseignes de distribution et ses 50000 salariés.
Le plan de relance présenté en septembre dernier a montré l’intention du gouvernement de mettre l’accent sur la transition énergétique. Quelque 6,7 milliards d’euros de fonds ont été annoncés début octobre, dont 2 dans le cadre des aides MaPrimRenov destinées aux particuliers.
Pour Guillaume Texier, directeur général du groupe Saint-Gobain, même si cette initiative fait suite à de très nombreuses autres au cours de quinze dernières années, le moment semble opportun pour accompagner la filière en déployant les grands moyens.
« Notre mobilisation repose sur trois thèmes forts », a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse ce 13 octobre. Et de détailler : « Il faut aider les artisans à monter en compétence, appuyer le développement des capacités industriels et l’innovation dans le groupe, et mobiliser nos salariés sur ce thème de la rénovation énergétique. »
Former et informer via la qualification RGE
En contact direct et permanent avec les entreprises du gros œuvre et de l’équipement via ses négoces (Point P, La plateforme du bâtiment, Cedeo…), Saint-Gobain veut approfondir sa contribution à la formation des professionnels, encore trop peu nombreux à porter l’indispensable qualification RGE (60 000).
« Depuis 2013, indique Patrick Richard, responsable de la distribution dans le groupe Saint-Gobain, nous formons chaque année 2 000 artisans qui souhaitent être RGE. D’ici 2022, nous allons nous organiser pour former 10 000 artisans par an. » Tous les moyens sont exploités pour dispenser les connaissances de base : cours en présentiel, outils digitaux. Le contrôle des acquis est résumé en 180 questions fondamentales qui permettront au candidat d’évaluer son niveau.
Parallèlement, Saint-Gobain va mettre à profit son site internet grand public « La maison Saint-Gobain » pour mettre en phase les connaissances des particuliers avec celles des professionnels. À noter que ce site déployé en 2017 a été visité par 700 000 internautes en 2019. Outre les guides sur les différents travaux, ce site permet une simulation des aides mise à jour et prend en compte les aides régionales ou départementales proposées à l’internaute. Pour assurer ce lien entre artisans et particuliers, une campagne de communication grand public est programmée dans les semaines à venir.
Investir en biosourcé et en expertise
Producteur d’une vaste gamme de matériaux d’enveloppe, Saint-Gobain met l’accent sur le déploiement de l’isolation biosourcée, d’un niveau de 3 % de part de marché… mais en croissance de 15 % par an, selon Pierre Emmanuel Thiard, responsable de Saint-Gobain Solutions France.
Après s’être confronté à toutes sortes de composants, la fibre de bois produite par son unité Isonat située à Mably (Loire), constitue son offre principale. Guillaume Texier annonce que cette implantation a reçu un investissement de 5 M€ afin de doubler sa production d’ici 2021 (42 000 t à cette date contre 19 000 aujourd’hui).
Cet effort s’accompagne d’une promotion importante : un catalogue de quelque 1 500 références est disponible depuis cet été, et fin 2020, début 2021, un road-show de 48 dates est programmé à travers la France et sera relayé par une communication numérique.
Autre préoccupation de Saint-Gobain pour soutenir la rénovation énergétique : la mise en avant du confort, notion dans « l’angle mort du monde du bâtiment », selon Guillaume Texier. Son savoir-faire dans ce domaine a été développé par la startup Kandu qui a mis au point un équipement connecté de mesure qui permet de réaliser une expertise approfondie des locaux.
Clara Getzel présente Kandu, un objet connecté capable d’analyser le confort d’une pièce de 100 m² dans un équipement public et d’adresser un flux de données via le réseau de communication Sigfox.
Le cylindre Kandu capte les données des équipements publics
Le cylindre Kandu d’une quinzaine de centimètres de hauteur est composé de multiples capteurs classiques : thermomètre, acoustique, qualité de l’air (humidité relative, gaz carbonique, composés organiques volatils totaux) et lumière. Il adresse les données recueillies par réseau Sigfox, et les équipes de Kandu se chargent d’en analyser le contenu afin de fournir des solutions de traitement des nuisances constatées.
Cet équipement a déjà été testé sur 200 restaurants et 300 espaces tertiaires. Ces relevés peuvent être complétés par une analyse qualitative les locaux par des équipes de spécialistes de sciences sociales. Kandu dispose d’un parc de 100 objets connectés, prêts à répondre aux demandes de nouveaux marchés tels que les locaux de santé, les crèches, les établissements scolaires, les bâtiments des collectivités…
Pour Guillaume Texier, « la rénovation énergétique est un moyen d’améliorer le confort : on apprend mieux dans un établissement scolaire insonorisé, et on obtient une meilleure productivité dans un bureau bien rénové... »
Embarquer le personnel autour du Plan de Relance
Le groupe Saint-Gobain paraît impatient de voir la rénovation énergétique prendre un nouvel élan. En témoigne l’annonce de la mobilisation des salariés pour ce qui prend l’allure d’une véritable cause. « Nous souhaitons mobiliser nos 50 000 salariés en France autour du plan de relance », indique clairement Guillaume Texier. « Beaucoup sont des experts dans leur domaine et tous sont des rénovateurs en puissance. »
Deux leviers seront utilisés. Le premier est le mécénat de compétences. Ainsi, les heures de bénévolat qu’un salarié de Saint-Gobain apporte à une association liée à la rénovation énergétique sera doublée par l’entreprise d’un abondement en mécénat de compétences qui représentera au maximum quatre jours par an et par salarié. Guillaume Texier évoque un volume total de 100 000 heures.
« Nous voulons aussi utiliser nos salariés pour être l’étincelle pour démarrer le plan de relance », poursuit Guillaume Texier. L’objectif est d’ailleurs de montrer l’efficacité de la rénovation globale sur la rénovation par éléments, en plusieurs étapes.
« C’est un exercice difficile à mettre en œuvre et souvent cher. Nous voulons démarrer le mouvement en offrant le reste à charge aux salariés qui choisiront cette solution d’ailleurs retenue par le gouvernement dans le cadre des aides MaPrimRénov. »
Une aide complémentaire qui sera accessible aux 1 000 premiers projets de rénovation complète qui feront appel à MaPrimRénov et aux certificats d’économie d’énergie… et dans la limite d’un plafond de revenus de 5 000 € par mois.
Source : batirama.com / Bernard Reinteau