« Nous avons souligné la nécessaire qualité des armatures et de leur pose », souligne Bernard Creton, président de l?AFCAB*, quatre ans après la chute de plusieurs balcons qui avait causé quatre décès.
Quatre morts, quatorze blessés et cinq personnes mises en examen pour homicides et blessures involontaires. Tel est le triste bilan de l’effondrement, le 15 octobre 2016 d’une rangée de balcon sur la façade d’un immeuble récent, à Angers. Le procès de cette affaire doit commencer début 2021.
Dans la foulée, la DHUP, direction de l’habitat de l’urbanisme et des paysages du ministère de la transition écologique avait missionné l’Agence Qualité Construction pour produire un rapport sur ces phénomènes trop fréquents. Quatre ans plus tard, le dossier semble au point mort. L’AFCAB (Association Française de Certification des Armatures du Béto) a fait quelques propositions. Entretien avec Bernard Creton, son président.
Batirama : Quel est l'état des lieux de ce type d'accident ? Combien y en a-t-il eu depuis celui d’Angers ?
Quelles sont les causes classiques de ce type de rupture ?
C’était justement l’une des missions confiées à l’Agence Qualité construction. La mauvaise qualité des armatures et surtout leur mauvaise mise en œuvre ont été identifiées comme une des causes principales des défaillances sur les balcons.
Bernard Creton, président de l’AFCAB
Nous avons souligné la nécessaire qualité des armatures et de leur pose. Nous avons aussi indiqué que les certifications délivrées par l’AFCAB* pour ces deux domaines permettaient de répondre à cette préoccupation. Nous avons donc recommandé davantage de promotion de cette nécessaire qualité, par exemple avec des guides de bonnes pratiques.
L’AQC a recommandé davantage de contrôle sur les chantiers et nous savons que ces guides de bonne pratique sont considérés comme une option par le Ministère. Néanmoins, le rapport n’a jamais été officiellement publié à notre connaissance par l’AQC / DHUP. Nous savons que le renforcement des contrôles et des certifications n’est pas une priorité politique, c’est pourquoi l’option guides de bonne pratique nous parait une première bonne réponse.
Comment détecter ce type de pathologies ? Et comment y remédier ?
Une fois encore, c’était le rôle du rapport de l’AQC de répondre à ces questions que se posent évidemment les gestionnaires d’immeubles. Des pistes sont formulées dans le rapport : détecter les infiltrations, la corrosion des fers, la dégradation des revêtements de sols…
Quelles actions avez-vous menées auprès des architectes, entreprises de gros œuvre et bureaux de contrôle ? Quels messages portez-vous lors de vos échanges avec les pouvoirs publics ?
Nous tentons, avec nos faibles moyens, de convaincre l’ensemble des acteurs dans l’acte de construire de l’importance de la qualité des armatures et de leur pose. Le même message est porté aux pouvoirs publics lors de nos échanges, en attirant leur attention sur le fait que, en génie civil, les indications de qualité ont été prises en compte dans le fascicule 65 du CCTG qui impose les certifications AFCAB ou leurs équivalentes.
Comment les industriels adhérents de l’AFCAB répondent-ils techniquement à ce problème ? Ont-ils revu leurs produits, leurs règles de pose, leurs conseils avec les entreprises de pose ?
Les industriels titulaires de certifications AFCAB respectent les prescriptions des référentiels de certification qui pour les armatures s’appuie sur la norme française NF A35-027 et pour la pose sur les règles de l’art en la matière. Ils ont dû, dans un certain nombre de cas, revoir leurs processus de fabrication et leurs contrôles internes pour satisfaire aux référentiels.
* Association Française de Certification des Armatures du Béton
Source : batirama.com/ Bernard Reinteau