Quatre artisans, lecteurs de Bâtirama, lauréats des Trophées de l'Artisan.
Cette 17e édition des Trophées de l'Artisan démontre encore l’inventivité des artisans et PME du Bâtiment, aptes à résoudre tous les problèmes de chantier qu’ils rencontrent, avec des idées simples… Ils remportent plusieurs prix dont un week end dans un château, une perceuse-visseuse et un appareil photo numérique.
Trophée Or - François Mikolajec
Gain de temps en façade avec agrafeuse pneumatique et colle thermique
« Lorsque je réalise des façades à la chaux aérienne après avoir dégradé l’ancienne façade, je fixe mes grillages à l’aide d’agrafes de 4,5 à 5 cm et d’une agrafeuse pneumatique. Cette solution me fait gagner un temps considérable par rapport à la mise en oeuvre traditionnelle avec un marteau.
En outre, après la réalisation du sous-enduit et avant de faire la finition, les baguettes qui viennent par exemple autour des menuiseries, je ne les fixe plus avec des pointes mais avec un pistolet à colle. Ainsi je peux réajuster leur positionnement si nécessaire. Je ne me blesse plus les doigts.
On mécanise les opérations et on optimise les outils d’aujourd’hui. »
Dominique Métayer, administrateur de la Capeb, a remis le Trophée d’Or à François Mikolajec, façadier à Aougny (51). © Émeline Hue
Pour la petite histoire :
Ce maçon âgé de 37 ans, passé la formation des Compagnons du Devoir, le souligne d’emblée : « j’aime bien rester à l’affût des nouveautés qui sortent, et essayer de nouvelles choses, à condition de rester dans le cadre des règles de l’Art. Conséquence : c’est en discutant avec un collègue ardennais, que j’ai découvert qu’il était possible d’utiliser une agrafeuse pneumatique. Je l’ai essayée depuis un an et je l’ai adoptée pour le réel confort au travail. En une heure j’ai fixé mon grillage. Et pour l’astuce de la colle chaude ? C’est un de mes compagnons qui me l’a présentée. Je l’ai aussi adoptée parce qu’on s’embête beaucoup moins qu’avec un marteau et des pointes.
Trophée Argent - Olivier Hezard
Rehausser seul des ouvertures de portes
Travaillant seul dans la restauration et l’aménagement intérieur, j’ai trouvé ce moyen pour rehausser facilement des ouvertures de portes (encadrements pierre) ou pour poser un HEA lors d’une ouverture dans un mur de refend à l’aide d’un vérin de mécanicien (initialement conçu pour soulever des moteurs).
Dans le cas des photos ci-jointes, je devais rehausser l’ouverture de 40 cm, ce vérin m’a permis d’éviter la dépose et la repose du linteau. Ce vérin Facom permet de soulever une charge de 600 kg à une hauteur de 210 cm, manquant de hauteur je l’ai placé sur un plateau posé sur des agglos.
Alain Bethfort, président du conseil artisanal de la FFB, a remis le Trophée d’Argent à Olivier Hézard, artisan à Valréas (84). © Émeline Hue
Pour la petite histoire :
Olivier Hézard exerçait ses talents dans l’art Graphique en région parisienne avant de décider de s’installer dans le Sud, près de Montelimar. Il a créé son entreprise individuelle en 2010 afin de tenter de vivre de sa passion : la restauration de bâtiments, de caractère si possible…
« Je rénove d’anciens appartements ou logement en essayant à chaque fois de garder le cachet et l’authenticité des lieux, explique l’entrepreneur. Je m’efforce ainsi de sauver des poutres, des boiseries et de les remettre en valeur dans le cadre d’une rénovation complète » précise cet amoureux des belles choses.
Son astuce est donc née des difficultés rencontrées sur le terrain quand on travaille seul et qu’il faut déplacer de lourdes charges. Ce fut le cas avec ce linteau qu’il a imaginé de déplacer en stabilisant un simple élévateur mais très efficace !
Trophée de Bronze - Steeve Bernardo
Réaliser un escalier en plaques de plâtre
J’ai réalisé en escalier en plaques de plâtre chez moi car plâtrier/plaquiste de métier, je voulais utiliser les plaques techniques que je connais bien. L’escalier est éclairé par un puits de lumière : un atrium qui relie les 2 parties de la maison (reliée à l’étage par une passerelle en mezzanine).
J’ai utilisé une ossature “musclée” avec un montant tous les 30 cm et l’intégration d’appuis structure bois. Des montants Placostil forment également les limons de l’escalier. J’ai réalisé l’ouvrage avec l’appui d’un échafaudage roulant.
Au final, j’ai fabriqué un escalier encloisonnée en ¼ tournant, en plaques Duo’Tech 25 (acoustique + forte résistance mécanique), qui respecte la loi de Blondel.
Je me suis servi des bords amincis des plaques de plâtre pour y installer les nez de marche. L’ouvrage est donc solide, économique (Coût des travaux : 2 130 €/HT) et rapide à créer.
Patrice Richard, président du directoire du Groupe Point.P, a remis le Trophée de Bronze à Steeve Bernardo, plaquiste à Darvoy (45). © Émeline Hue
Pour la petite histoire :
Steeve Bernardo a 34 ans. Il est co-dirigeant de l’entreprise Bernisol, créée en mai 1999 par son père. Elle s’est spécialisée dans l’isolation thermique, acoustique coupe-feu et décoratif et œuvre sur la région d’Orléans et parisienne.
Pourquoi cette idée de créer un escalier en plaques de platre ? « C’est parti d’une plaisanterie », raconte Steeve Bernardo. « Je voulais faire un escalier en béton au départ, mais pour des raisons de délai, le maçon n’a pas pu réaliser l’ouvrage. Alors, j’ai rétorqué en plaisantant, que je le ferai en plaques de plâtre ».
Une idée qui a creusé son chemin car après quelques réflexions et calculs, Steeve a réussi à concevoir et réaliser son escalier. « Je me suis fait aider par un menuisier pour calculer la hauteur et la profondeur des marches ainsi que la hauteur du plafond, et on a utilisé de la plaque haute dureté.
Le nez des marches est réalisé avec le bord aminci des plaques (sans autre traitement suplémentaire) et nous avons recouvert le tout d’un enduit ciment gris foncé » termine cet entrepreneur imaginatif !
Prix spécial du Jury - Jean-Pierre Sgrillo
Obtenir un enduit à la chaux aspect velours
« Alors qu’il est préconisé de mettre en œuvre l’enduit de rénovation sur le support et ensuite le badigeon mouillé sur mouillé pour la réalisation de façade à la chaux aérienne, j’évite d’appliquer cette technique car les couches se mélangent trop. Et au final, on n’obtient pas l’effet désiré.
Je laisse par conséquent tirer la première couche, sinon en rejetant l’eau elle génère des bulles d’air. Avant d’intervenir pour appliquer le produit de finition, l’eau de la première couche doit presque être évaporée, presque sèche en passant la main dessus. Ainsi, à l’œil, le produit fini est beau, et le toucher est soyeux à la limite du velours.»
Gérard Laurent, président de la Fondation Excellence SMA, a remis le prix spécial du jury à Martin Bueno, représentant Jean-Pierre Sgrillo (71). © Émeline Hue
Pour la petite histoire :
Depuis un an, Jean-Pierre Sgrillo applique cette technique sur ses chantiers. Ce dirigeant à la tête d’une entreprise de maçonnerie d’une quinzaine de salariés rassure : « il n’y a pas de DTU, ni de notion réglementaire qui puisse causer un souci avec cette mise en œuvre ».
Et comme pour beaucoup d’entreprises du bâtiment, il explique : « c’est sur le chantier que nous nous sommes aperçus que la finition était d’une qualité plus agréable. Comme pour beaucoup, nous adaptons la recette de cuisine initiale, et nous ajoutons notre ingrédient pour l’améliorer.
C’est le coup de patte de mes compagnons qui ont l’expérience chantier qui a permis d’arriver à ce résultat. »
Source : batirama.com