Le Forum International Bois Construction a réuni la presse au Grand Palais Ephémère pour lever le voile sur la 10e édition qui s?y tiendra, du 15 au 17 juillet, avec une ouverture au grand public le samedi.
Légende : Le hall d’accueil du Grand Palais Ephémère ©J.T
Déplacer le congrès annuel de la construction biosourcée à Paris, investir le Grand Palais Ephémère et parier sur une édition présentielle - la première de la filière bois depuis le salon Eurobois en février 2020 - cela méritait bien une conférence de presse.
Il était convenu de longue date qu’elle permette à Jean-Michel Wilmotte de présenter l’écrin qui va si bien au Forum. Il est fin prêt depuis que le président Macron y a invité les chefs d’Etat Africains en mai 2021.
La presse spécialisée connaît bien ce Forum depuis le temps, mais pour les autres médias, aussi bien le Forum que son thème, la construction bois et biosourcée, restent des inconnus. De fait, la construction bois n’a jamais placé ainsi ses pions en plein Paris, une opportunité qui doit beaucoup aux organisateurs du Grand Palais, qui ont pensé, en 2019, que le thème de la manifestation revêtait une actualité certaine pour les Franciliens.
Ile-de-France : 4 % de construction bois en 2020 contre 17 % prévus en 2030
Même à Paris, ville très minérale, les crèches, les surélévations sont en bois, les bureaux mixtes bois-acier-béton se multiplient et le Grand Palais Ephémère signe le retour d’une architecture agile comme au temps de expositions universelles.
Mais de là à ce que le bois imprime sa marque sur la capitale, il y a encore un grand pas à faire. Le grand globe en bois de la Seine Musicale, présenté au Forum il y a quelques années, est un peu excentré, fruit du savoir-faire de l’architecte Shigeru Ban, attendu au Forum en special guest après une première apparition à Nancy en 2015.
Une étude présentée par Paul Jarquin, président de Fibois Ile de France, et depuis peu président de Fibois France, indique que l’usage du bois dans la construction en Ile de France se limite à 4 % contre 8 % au national (période 2015-2020). Or, les perspectives et projections pour 2030 (issus d’enquêtes auprès des maîtres d’ouvrages) révèlent une progression de l’usage du bois à 17 % en Ile de France.
Nicole Valkyser, organistrice du Forum Bois Construction, présente la 10e édition.©J.T
Le Prix National Construction bois décerné au Forum bois
Comme la dixième édition a pris plus d’un an de retard, les innovations de cette virée parisienne n’ont cessé de se succéder et de s’amplifier. Le contenu, calé dès début 2020, est resté plus ou moins le même, avec un focus final sur l’éphémère et la démontabilité.
Les chantiers sélectionnés ont souvent eu le temps de se finir et de bien s’illustrer, ce qui permet au Forum d’engager pour 2022 un nouveau cycle de présentations, sans parler trop tôt des réalisations qui ne sont pas terminées.
On assiste d’ailleurs à une convergence avec le Prix National Construction Bois, qui sera décerné pour la première fois au Forum, à la fois à cause du lieu et de la date avancée dans l’année. Au fil des années, les interprofessions de FIBois ont réussi à coller de plus en plus à l’actualité et les prix qui seront décernés pour la 10e édition se rapporteront effectivement à des opérations livrées en 2021.
L’année prochaine, les 11e éditions du Forum et du Prix National devraient de nouveau se séparer, puisque le Forum retourne en principe à Nancy et Epinal pour avril 2022, trop tôt pour le Prix National.
Quoi qu’il en soit, le marché de la construction bois semble en verve et la différence d’approche d’un Forum regroupant les projets par ateliers thématiques et d’un Prix qui segmente la réalité constructive selon un large spectre fixe de catégories est complémentaire ; tout comme les Actes du Forum, et les conférences qui se basent sur les études de cas, complètent bien les riches fiches techniques des projets du Prix sur Panorabois.
Perspective nord du GPE, une belle baie pour organiser des conférences.©J.T
Focus sur une large palette d’acteurs et d’usage du bois réunis au FIBC
Il y a 30 ans, la construction bois française n’avait aucun vrai support. Le CNDB a été créé, puis France Bois Forêt et le Codifab, et le Forum à partir de 2011, qui a pris la place des Etats-Généraux du bois dans la construction, de Nantes, sans en avoir l’intention.
Maintenant que le changement climatique propulse la construction biosourcée au premier plan, les initiatives d’explicitation des uns et des autres ne sont jamais assez. Le dixième Forum regroupe les composants de la filière bois, de « Plantons pour l’avenir » jusqu’à l’ameublement français, associe FIBois IDF et réunit pour cette présentation jusqu’ici unique de la construction bois en plein Paris la plus large palette d’acteurs, mais aussi un large éventail d’usage du bois dans la construction.
Le Grand Palais Ephémère, c’est le grand contenant modulaire, démontable et novateur. Un cran en-dessous, l’Auditorium Ephémère, tout aussi démontable et impressionnant, fait évoluer le panneau en CLT vers un élément d’agencement, comme cela est cher à Steven Ware.
Les Tréteaux Belleville conçus par les élèves de l’école d’architecture de Paris-Belleville inventent le stand d’exposition biosourcé. Les tables « Ceci n’est pas une porte » de l’agence AAVP illustrent les possibilités de réemploi des aménagements intérieurs en bois, en l’occurrence les portes de l’hôpital St-Vincent-de-Paul de Paris.
Comprendre la bio-économie du bois
Une analyse de cycle de vie du Forum est menée par Gingko 21, afin de dégager des pistes d’amélioration. Le reboisement d’une parcelle de deux hectares par les participants du Forum, au prix de 5 euros pour un plant, attire l’attention sur un point particulier de la bio-économie circulaire du bois : émettre des gaz à effets de serre coûte aujourd’hui 40 euros la tonne, du moins si une taxe carbone était réellement appliquée.
Capter le carbone comme seule la forêt arrive à le faire aujourd’hui, cela coûte environ 1000 euros la tonne, 25 fois plus ! Mais l’investissement forestier devient rentable : après 25 ans, la captation du carbone équivaut au prix marché actuel de l’émission, par an.
Et l’on ne parle même pas du prix du bois, de l’intérêt de stocker du carbone en utilisant du bois et de remplacer de cette façon des alternatives émettrices. Il est donc dans l’intérêt commun de replanter massivement des forêts en France, de les élargir, et de les exploiter de façon judicieuse.
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven