Le fabricant de panneaux en polyuréthane automatise la ligne de production de son site berrichon et renforce ses effectifs pour accompagner la progression de ses ventes d?isolants.
Légende : Abritant le siège social français de Recticel et l’usine de panneaux isolants, le site de Bourges (Cher), inauguré début 2013, s’étend sur 33 000 m2.
Isolants pour le bâtiment tertiaire, résidentiel, agricole, ou destinés à l’industrie (intégrés dans des murs préfabriqués ou comme éléments de packaging) : les panneaux sortent tous de la chaîne de production de Bourges, qui utilise 500 000 m3 de polyuréthane par an.
Recticel définit et optimise ses formulations, pour maîtriser les mousses produites : la régularité des inclusions d’air et la stabilité des performances (conductivité thermique, résistance mécanique, dimensions) sont des éléments essentiels pour produire des panneaux de qualité.
Versées entre 2 feuilles de parement (des complexes multicouches développés avec les partenaires de Recticel), les matières premières liquides (isocyanate et polyol) s’expansent dès leur mélange, multipliant le volume initial par 40.
Un très grand nombre de paramètres sont à régler au niveau des machines pour obtenir une mousse parfaitement homogène et un panneau de qualité stable. Mais la « botte secrète » réside surtout dans les additifs, qui confèrent des propriétés spécifiques à chaque mousse selon l’usage auquel elle est destinée.
A la sortie de ce moule de 100 tonnes (réglé selon 150 paramètres), la bande sera coupée en panneaux de 6 m.
Mis au repos 1 à 2 heures en tour de refroidissement, les panneaux-mères sont de nouveau découpés et usinés.
Une équipe dynamique
Le site emploie 60 personnes. De Bourges sont gérés les commandes, le service client et l’organisation des livraisons.
Côté production, une dizaine d’opérateurs interviennent sur cette ligne automatisée, uniquement pour contrôler et régler les différentes machines en action. « Nous avons mené et poursuivons un gros travail sur la sécurité, la qualité et la performance », assure Cédric Bara, le directeur des deux usines françaises, qui montre fièrement l’écran d’affichage dynamique consultable par chacun depuis un an.
« Grâce au logiciel de business intelligence mis en place, le système informatique affiche les informations de chaque machine. Toute l’équipe peut participer à l’analyse et à l’élaboration de plans d’action pour améliorer la performance ; ce qui a eu un réel effet ».
Les équipes de production poursuivent leur montée en compétence, tandis que le recrutement suit son cours. Le renforcement de la digitalisation et de la proximité avec le client restent des axes majeurs de développement auxquels s’attèle Estelle Moraud, la nouvelle directrice commerciale de Recticel France et Europe du sud.
Estelle Moraud, directrice commerciale France arrivée chez Recticel en avril, et Cédric Bara, directeur et artisan de la naissance de l’usine de Bourges.
Recticel, une histoire de polyuréthane
Fabricant leader de mousses polyuréthane, le groupe belge réalise 94 % de ses ventes en Europe, dans l’isolation (30 % du CA), la literie (29 % du CA), et les mousses techniques pour l’automobile, l’aviation, l’ameublement et mille objets du quotidien (39 % du CA). En 2020, son chiffre d’affaires atteint 828,8 millions d’euros et il emploie 4 220 salariés dans 20 pays.
Du chemin a été parcouru depuis la société de poudre à canon créée en 1778, en Belgique, puis les premières mousses de polyuréthane synthétisées en 1952. « Discrètement présent » en France depuis une quarantaine d’années, le groupe crée Recticel Insulation France en 2012 et ouvre sa première usine française, à Bourges.
Une autre suivra fin 2016, à Saint-Barthélémy-d’Anjou (Maine-et-Loire), qui fabrique des panneaux d’isolation acoustique en recyclant annuellement 50 000 matelas (son panneau Silent Wall rencontre un beau succès, notamment en France et en Espagne).
Aspirées, les poussières de sciage sont collectées et compactées en briquettes, qui sont recyclées en Allemagne dans la fabrication de planchers hydrofuges.
L’esprit d’innovation
Les années à venir annoncent de belles perspectives de croissance pour la filiale française de Recticel, dont les solutions d’isolation, en intérieur et extérieur, s’appliquent aux murs, sols, façades, toits inclinés et plats. La demande en panneaux rigides augmente significativement ; en particulier pour isoler et servir de support d’étanchéité sur les toits des bâtiments à structure bac acier.
Les efforts accentués dans l’isolation des bâtiments (RE 2020 et réglementations à venir pour le bâti existant) devraient pousser l’avantage du produit car malgré son origine pétrochimique, son bilan environnemental présente des atouts, liés notamment aux très bonnes conductivités thermiques obtenues et à un process peu énergivore.
Pour accompagner cette évolution du marché français*, Recticel bénéficie de l’important service de R&D du groupe en Belgique. Exemple récent de cette capacité d’innovation, Eurotoit Montagne, lancé en 2020, a été récompensé aux Trophées Négoce 2021 et se développe bien dans l’arc alpin.
Destiné à la pose sarking sur les toitures pentues des bâtiments d’altitude, ce panneau rigide performant (λ de 0,022 W/mK) et de petit format (60 x 120 cm) est facile à transporter et à manipuler. Il s’emboîte dans tous les sens, grâce au rainurage-bouvetage des 4 côtés, et son revêtement anti-glisse et anti-réfléchissant apporte une sécurité de pose appréciable sur les toits à forte pente.
*Le polyuréthane, sous forme de panneaux ou de flocons projetés, représente 12% du marché français de l’isolation en 2020 (250 millions de m²), contre 4 % en 2012 (source SNPU).
Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson