L'Institut de France, qui abrite l'Académie française et d'autres institutions comparables, a urgemment besoin de gros travaux de rénovation face au risque d'incendie, constate la Cour des comptes.
photo© Dennis Jarvis from Halifax, Canada / wikimedia.org
La Cour déplore l'état parfois vétuste d'un "patrimoine artistique et culturel exceptionnel, en partie laissé à l'abandon", dans la capitale et ailleurs. C'est le cas du siège de l'Institut, le Collège des Quatre-Nations quai de Conti à Paris, surnommé la Coupole pour l'architecture de son ancienne chapelle.
"Le palais Conti a été insuffisamment entretenu au cours des décennies passées. L'Institut et les académies sont donc aujourd'hui confrontés à un mur d'investissement", écrivent les magistrats de la rue Cambon. Le bâtiment est mal préparé au risque d'incendie, révèle la Cour, qui s'appuie sur un audit de l'inspection du patrimoine du ministère de la Culture fin 2020.
"L'audit souligne l'existence de nombreux risques de sécurité dans les locaux où sont entreposées les archives, avec des dangers importants en cas de départ de feu, y compris dans la zone située au-dessous de la Coupole", lit-on dans le rapport. "Il est urgent de régler le problème lié au stockage des archives au sein du palais Conti, qui met gravement en danger la sécurité du bâtiment, des personnes et des collections", exhortent les magistrats.
25 millions d'euros de travaux estimés par l'Institut de France
Face aux "risques d'incendie des zones d'entreposage", ils recommandent de stocker ailleurs la majeure partie des documents et livres que possède l'Institut de France, mal valorisés aujourd'hui.
L'Institut de France est conscient de la nécessité de ces travaux, qu'il évalue à environ 25 millions d'euros, sans avoir toutefois de devis. Or, ses moyens sont limités : il affiche un "déficit structurel" malgré "un patrimoine financier de près d'un milliard d'euros", souligne la Cour. Le ministère de la Culture a répondu dans le rapport qu'il refusait toute contribution, conformément à la loi.
Pour lui, cela "constituerait une dérogation considérable en termes de montant, qui risquerait de créer un précédent". Il suggère de recourir, si les ressources propres de l'Institut ne suffisent pas, aux "recettes des bâches publicitaires" ainsi qu'au "mécénat, sans contribution du ministère".
La Cour, par de nombreux exemples, illustre combien cet établissement placé directement sous l'autorité du président de la République et ses différentes branches "doivent (...) remettre de l'ordre dans leurs comptes". Elle y a repéré "de graves désordres". Le trou dans le budget, apparu en 2018, a atteint 4,6 millions d'euros en 2020, et devrait être encore de 4,2 millions d'euros cette année. Les magistrats pensent qu'il peut être comblé en rationalisant la gestion quotidienne et en revoyant la stratégie financière.
D'autres sites immobiliers en déshérence en France
D'autres sites immobiliers apparaissent en danger ou en déshérence, surtout la villa Ephrussi à Saint-Jean-Cap-Ferrat, près de Nice. Le domaine de Chantilly (Oise) a besoin de travaux pour 17,6 millions d'euros.
Pour l'Institut, son chancelier Xavier Darcos répond qu'il va travailler à "la mise en ordre des comptes et de la gestion financière". D'après lui, "des actions concrètes seront présentées dans les prochaines semaines". Mais il n'évoque pas directement le problème des rénovations du patrimoine immobilier.
L'Institut de France regroupe cinq académies (française, des inscriptions et belles-lettres, des sciences, des beaux-arts, et des sciences morales et politiques) qui ont pour mission le rayonnement culturel et scientifique du pays.
Source : batirama.com