La technique permet d?améliorer les caractéristiques techniques et esthétiques d?un bâtiment en une seule opération.
Avec une hausse annuelle des ventes, toutes techniques confondues, de 22 à 30 % sur les trois dernières années, l’ITE n’est plus marginale.
Les incitations financières attachées au marché de la rénovation ou encore la généralisation à venir des bâtiments BBC dans la construction neuve par l’application de la RT 2012 devraient encore dynamiser la croissance.
Moins développés que les solutions d’isolation sous enduit qui représentent les 2/3 de parts de marché, les systèmes d’ITE par éléments rapportés restent encore minoritaires malgré une offre de parement enrichie (zinc, terre cuite, ardoise, pierre composite, bois thermotraité…).
Coûts supérieurs
Les produits commercialisés ouvrent un nouveau champ d’expression architecturale avec un large choix de dimensions, matières, couleurs, textures… qui peuvent se combiner en variant le sens de pose du matériau et le calepinage.
Parmi les freins au développement du marché, les artisans se soucient du coût des solutions commercialisées (supérieur aux prix pratiqués en ITE sous enduit) et de la technicité requise, notamment au niveau du traitement des points singuliers.
Les industriels ont donc développé des accessoires spécifiques d’autant plus importants, sur des chantiers en bardage ou vêture, qu’ils incluent la fixation même de l’isolant et du revêtement sur le support.
AVIS D'EXPERT
| Dominique Delassus Président du groupement du mur manteau. |
« Préférer les systèmes complets »
« Pour assurer la qualité de l’ouvrage et limiter notamment les ponts thermiques, l’ITE par éléments rapportés doit être considérée comme une solution globale et non pas comme un ensemble de composants de provenance différente à assembler sur site.
Les magasins de négoce ou les fabricants de parement doivent donc proposer des systèmes complets comprenant chevrons, isolant, ossature, parement. La plupart des industriels de l’isolation sous enduit l’ont compris, ils proposent déjà depuis longtemps une offre globale ce qui explique, entre autre, l’avance prise par cette technique.
L’accompagnement de l’artisan, en particulier au démarrage du chantier, est également décisif pour répondre aux inquiétudes fréquemment avancées par les artisans, la reconnaissance du support, le calepinage, le traitement des points singuliers.
Reste la levée d’un dernier frein pour certains systèmes, l’absence de DTU. Après des années d’attente, un “Guide de conception des ouvrages à valeur de DTU” devrait être finalisé en 2012 / 2013… »
Solution n° 1 : Bardage rapporté sur isolant
Diversité de couleurs, de formes, de matières… pose horizontale ou verticale… cette peau ventilée conjugue esthétisme et fonctionnalité.
Deux solutions de mise en œuvre sont possibles pour réaliser cette peau ventilée, soit directement sur une ossature secondaire (chevrons bois ou profilés métalliques fixés au mur support par vis traversantes ou pattes métalliques chevillées) soit par l’intermédiaire de liteaux ou de lisses fixés sur l’ossature secondaire.
Dans les deux cas, une ou deux couches croisées d’isolant thermique (panneaux de laine minérale ou de fibre de bois, rigide ou semi-rigide à dérouler, plaque d’isolant en polystyrène extrudé, en polyuréthane…) sont intercalées dans le vide réservé entre la façade et le bardage rapporté en ménageant une lame d’air d’au moins 2 cm entre l’isolant et le bardage.
Posé en simple couche, l’isolant (maintenu à l’aide de chevilles étoiles moulées présentant une large collerette) est fixé sur le mur support entre les chevrons / profilés de l’ossature primaire.
Pour ne pas recréer de pont thermique structurel, l’ossature secondaire peut également être posée sur des équerres devant l’isolant. Posé en double couche, l’isolation combine une couche derrière les chevrons + une seconde couche entre chevrons.
Intérêts :
ce système peut se mettre en œuvre sur des façades irrégulières, l’ossature primaire permettant de rattraper les défauts de planéité.Limites :
Le traitement des points singuliers demande des accessoires spécifiques.
Solution n° 2 : Vêtures et vêtages
Les deux principes sont proches, la principale différence étant relative à l’intégration ou non, en usine, de l’isolant au produit fini.
Le vêtage consiste à fixer mécaniquement, une fois l’isolant mis en place, des éléments de parement minces, sans ossature lourde ni lame d'air ventilée.
La vêture est un produit 2 en 1, formant un complexe solidaire, combinant plaque de parement + isolant thermique contrecollé en usine ce qui permet une mise en œuvre en une seule opération. L’isolant thermique peut être en polystyrène expansé moulé (densité de 13 à 20 kg/m2), en laine de roche de forte densité (90 à 150 kg/m2), en polystyrène extrudé ou encore en mousse polyuréthane.
Le parement est métallique (acier ou aluminium), minéral (agrégats naturels, terre cuite…), composite (mortier de ciment et fibre de verre, composite polyester) pour un large panel d’aspects : pierre, veiné, lisse, sablé, granuleux.
Côté mise en œuvre, les éléments se posent verticalement ou horizontalement, bord à bord ou par emboitement, à joints filants ou décalés… Ils sont fixés mécaniquement, directement sur le mur support soit au moyen de vis ou chevilles traversantes en fond de joint soit à l’aide de pattes ou profilés.
Lorsqu’il est nécessaire de rattraper des défauts de planéité en façade, les éléments peuvent être mis en œuvre sur une ossature secondaire.Intérêts :
la diversité de dimensions, de couleurs, de finitions autorise une multitude de solutions architecturales. En cas de dégradation, les éléments se remplacent facilement.Limites :
un calepinage précis de la façade est indispensable lors de la conception.
Fixation de l’isolant sous bardage : elle ne s’improvise pas !
La densité au m2 des chevilles de fixation de l’isolant et le plan de chevillage sont définis dans le Document technique d’Application du système d’ITE mis en œuvre et déterminés en fonction de la charge admissible dans le support donnée par des essais d’arrachements in situ et en fonction de la dépression sous vent normal.
Trois niveaux croissants de performance (F1, F2, F3) sont établis selon la situation géographique du chantier (régions 1, 2, 3, 4, 5 données par les règles Neige et Vents 65), la nature du site (normal ou exposé) et la hauteur du bâtiment.
INFOS PRATIQUES
Textes réglementaires
- Les systèmes de bardages rapportés sont considérés soit comme traditionnels et de fait soumis à DTU (bardage constitué de petits éléments, clins en bois, revêtements en zinc ou en en aluminium laqué, tuiles ou ardoises, carreaux de céramiques…) soit comme non traditionnels et relevant alors d’un Avis technique (éléments rainurés ou agrafés, à fixations invisibles…).
- Un bardage rapporté formant une peau extérieure à joint ouvert non totalement étanche (mur de type XIII) doit être réalisé conformément au Cahier du Cstb n° 1833 de mars 1983, “Conditions générales d’emploi des systèmes d’isolation thermiques des façades par l’extérieur faisant l’objet d’un Avis technique”.
- Un bardage rapporté formant une peau extérieure étanche à l’eau (mur de type XIV) doit être réalisé conformément au DTU 23.1
- (NF P 18-210) de mai 1993, “Travaux de bâtiment - Murs en béton banché - Cahier des clauses techniques” et DTU 20.1 d’octobre 2008, “Travaux de bâtiment –Ouvrages en maçonnerie de petits éléments– Parois et murs”
- DTU 41.2 (NF P 65-210) de Juillet 1996 “Travaux de bâtiment – Revêtements extérieurs en bois”.
- Selon les techniques, des règles générales de conception et de mise en œuvre décrites dans un Cahier de Prescriptions Techniques (CPT) s’appliquent également sur les produits et systèmes faisant l’objet d’un Avis technique :
- CPT 3316 (pour les ossatures bois) ;
- CPT 3194 pour les ossatures métalliques ;
- CPT 3546 (pour la résistance aux chocs des bardages rapportés, vêtures, vêtages) ;
- CPT 3450 (exigences applicables aux façades légères à ossature bois ou métal comportant une peau de bardage) ;
- CPT 3533 (stabilité en zones sismiques des systèmes de bardages rapportés).
Classement reVETIR : pour bien choisir
Ce classement (intégré à l’Avis Technique) caractérise l’aptitude à l’emploi d’un système d’ITE via sept caractéristiques :
"r" : facilité de réparation ou de remplacement d’un élément ;
"e" : fréquence d’entretien ;
"V" : résistance aux effets du vent ;
"E" : étanchéité à l’eau ;
"T" : tenue aux chocs et poinçonnement ;
"I" : comportement au feu ;
"R" : résistance thermique.
Chacune de ces lettres est affectée d’un indice de performance croissant (de 1 à 4).
Source : batirama.com / Virginie Bourguet