Pour une personne en fauteuil roulant, la création d?une cuisine sur mesure est indispensable.
Encore peu développée en France, la cuisine aménagée pour personnes handicapées est un créneau sur lequel des artisans avisés se positionnent aujourd’hui. Les premières sont demandeuses de prestations identiques à celles de personnes valides.
Or le marché ne propose pas actuellement de solution adaptée pour un coût raisonnable. Ce qui induit la création de cuisines sur mesure, à la fois originales et de qualité, forcément plus coûteuses.
« Je réponds à leur demande en m’adaptant et créant du sur mesure pour plus de mobilité. Il suffit de sortir du standard pour aménager une cuisine pour des personnes à mobilité réduite?», nous dit Bernard Marie*, agenceur à Rennes qui crée et réalise ce type de projets, adaptés à chaque cas de handicap.
Deux handicaps à prendre en compte
Il a ainsi répondu à la demande d’un couple (lui est aveugle et son amie en fauteuil roulant) pour lequel il a fallu trouver une solution compatible pour eux deux. Entre autres, concevoir plusieurs niveaux de plan de travail car le monsieur mesure 1,90 m.
C’est dire que le mobilier a été fabriqué entièrement sur mesure, tout en restant dans le cadre d’un budget serré. Pour rendre leur cuisine plus accessible, plus ergonomique et faciliter leur vie quotidienne.
Il nous livre ici quelques unes de ses astuces de pose, toujours dans le respect des normes de sécurité imposées par la réglementation (norme NF P 99-611 sur l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite).
La porte d’origine qui séparait la cuisine de la salle à manger a été condamnée permettant de récupérer une largeur de 2,40?m pour l’installation du réfrigérateur et le mur ouvert facilitant l’accès (côté îlot).
- Deux hauteurs de plan (l’un à 0,80 m pour la personne en fauteuil et l’autre à 0,90 m) pour le bar en îlot afin que les deux personnes puissent prendre le petit déjeuner ensemble. Des tablettes coulissantes additionnelles et facilement accessibles ont été posées afin d’augmenter la surface de travail.
- Afin que l’accès à l’évier soit possible avec le fauteuil, la hauteur du plan de travail est de 0,80?m. Un bac peu profond (maximum 0,16 m), un mitigeur, plus facile à atteindre et à manipuler qu’un mélangeur, installé à droite côté évier (et non au fond) facilitent le travail. Poser la tuyauterie le plus proche du mur.
3- Pour les parties situées en bas, on choisit de préférence les tiroirs ou les portes coulissantes moins encombrantes que les portes battantes. Il est nécessaire de prévoir devant ces meubles, des dégagements d’au moins 0,80?m de large sur 1,30 m de long pour l’ouverture. Il est possible d’installer des cadres (mobile à déplacement oblique ou à déplacement vertical) qui permettent de descendre à la demande le meuble de cuisine. Un translateur d’étagères peut s’installer dans le meuble existant et les étagères descendent alors pour se mettre à la portée de l’utilisateur.
4- Pour que chacun puisse profiter du plan de travail pour la préparation des repas sans passer par des systèmes d’élévation électrique (trop onéreux), d’où les deux hauteurs (0,80 m et 0,90 m) de plan côté cuisson. Pour éviter les déplacements inutiles, les multiprises et rallonges dangereuses, on rajoute des prises de courant pour le petit électroménager dans le respect de la norme NF C 15-100.
5- Vérifiez la hauteur de votre hotte vous évitera des ennuis comme la placer trop basse pour votre plafond ! L’espace entre la hotte et le plan de travail doit être de 0,70 m. Difficile à atteindre, elle doit fonctionner à l’aide d’une télécommande. Les plaques de cuisson électriques sont placées entre 0,60 et 0,65 m et les plaques gaz avec brûleurs à 0,70 m.
6- Dans le cas de plans de travail en angle, en L ou décalé, le gabarit de coupe : sera ajusté sur place (dit à la volée c’est-à-dire hors atelier).
7- Mise à niveau avant la fixation des meubles entre eux.
- Siliconez les bords et les joints généreusement. Utilisez du silicone transparent avec fongicide. Nettoyez le surplus de silicone encore frais, n’attendez surtout pas qu’il sèche.
- Camoufler les vis en utilisant les trous existants.
INFOS PRATIQUES
A savoir
Artisan agenceur en Bretagne près de Rennes, Bernard Marie s’est spécialisé dans l’aménagement de locaux pour personnes à mobilité réduite (handicapées ou âgées) après avoir effectué un stage animé par le Pact-Arim (Bâtisseurs de solidarité pour l’habitat). Pour lui, « le contact humain est essentiel ».
Contact : bernard.marie.agencement@gmail.com
Un espace ultra-organisé !
Accéder et circuler :
le premier point à respecter dans ce type d’aménagement, l’accès à la cuisine. Le passage des portes, élargi à 90 cm, voit ces dernières souvent remplacées par des cloisons coulissantes qui facilitent l’ouverture et la fermeture et permettent un gain d’espace. Pour assurer une aire de rotation au fauteuil, il faut prévoir un passage de 1,50 m entre les appareils ménagers, les meubles fixes et les parois. Et ce, hors du débattement de la porte qui doit toujours pouvoir s’ouvrir à 90°.
Cuisiner :
la profondeur du plan de travail est de 0,65 m et la hauteur de 0,80 m. Il faut laisser des espaces sous meubles d’au moins 0,70 m de large, pour le passage des jambes, si on veut utiliser les plans de travail de face.
Ranger :
il faut tenir compte que tout l’espace de rangement situé au-dessus de 1,30 m est complètement inaccessible pour une personne en fauteuil. Ses zones d’atteinte verticale se situent entre 0,40 et 1,30 m contre 0,20 à 1,80m pour une personne valide. Les tiroirs doivent être installés entre 0,70 et 1,10 m. Les rangements bas se situeront au minimum à 0,25 m su sol pour permettre le passage des repose-pieds du fauteuil. Il vaut mieux choisir des systèmes avec coulisses à galets ou à ouverture/fermeture assistée qui requièrent moins d’efforts dans les bras. Les tablettes escamotables sont souvent une bonne solution pour allier accessibilité et profondeur de rangement.
Important
Le décret du 17 mai 2006 définit le principe d’accessibilité généralisée posé par la loi du 11 février 2005, modifiée par l’arrêté du 30 novembre 2007.
www.assistance-cuisine.com
Source : batirama.com / Claudie Benassi