Les tuiles terre cuite dominent le marché et les matériaux biosourcés ont du mal à s'imposer.
Les fabricants améliorent sans cesse l’offre des produits terre cuite. Ils facilitent leur pose et offrent une variété de modèles adaptés à toutes toitures ainsi que des gammes d’accessoires complets.
Et toujours dans l’optique du développement durable : la tuile béton devient “minérale” par exemple avec le modèle Innotech que Monier a présenté à Batimat. Composée de produits inertes sans impact sur l’environnement et qui se recyclent facilement, cette tuile est fabriquée sans cuisson en four mais par un procédé de séchage en étuve, sans rejets polluants.
Et les éco-matériaux ?
Les éco-matériaux d’origine animale ou végétale (lin, chanvre, liège, chaume, laine de mouton, etc.), qui ne représentent que 6 % du marché des isolants, intéressent les maîtres d’ouvrage par leurs qualités spécifiques : isolation thermique et phonique, lutte contre le changement climatique et préservation des ressources non renouvelables.
Un label Bâtiment biosourcé en cours d’élaboration leur définira plusieurs niveaux de performance selon le taux de matériaux biosourcés incoporés dans le bâtiment. Il devrait favoriser le développement des toitures végétalisées (évalué aujourd’hui à 1 million de m2). Réponse fin 2012.
AVIS D'EXPERT
Bernard Caron Groupe marketing de la FFTB |
« La terre cuite : toujours en tête »
« Sur le marché concurrentiel des matériaux de couverture, la terre cuite est bien installée qui a su conserver sa place de leader par l’amélioration de ses performances techniques.
De meilleure qualité grâce aux investissements des industriels, ce matériau écologique a progressé en légèreté, est devenu plus facile à poser. La longévité de la toiture s’en trouve accrue et le coût d’entretien diminué.
La plupart des fabricants ont développé des produits offrant un jeu latéral et longitudinal plus importants ainsi que des accessoires qui limitent la découpe et permettent de récupérer les accidents de charpente.
En matière d’esthétique, l’offre de textures et de couleurs s’est considérablement élargie pour répondre, en fonction du climat et de l’architecture de chaque région, à toutes les demandes.
On observe ainsi l’émergence de produits vieillis, patinés, voire abîmés grâce à des traitements de surface. Ils permettent, à qualité égale, d’avoir les avantages techniques d’une tuile moderne et l’aspect de la tuile de récupération.
Cette dernière, bien plus chère et sans garantie. Se développe également, en rupture avec les codes habituels, une demande pour des formes très contemporaines et des coloris monochromes : des noirs, des gris, ardoisés, plutôt mats.
Par exemple, le modèle “Diamant” d’Edilians pour la région Nord et “Quartz” de Terreal de forme canal pour le Sud.»
Solution n° 1 : La tuile terre cuite
Le marché de la tuile terre cuite demeure le plus important en volume. De nombreuses innovations techniques et esthétiques on vu le jour.
Classiquement, les fabricants segmentent ce produit en fonction des typologies d’utilisateurs. On y retrouve notamment le marché des primo-accédants pour le marché du neuf. S’y ajoutent les segments des tuiles Patrimoine, celui des produits contemporains et, enfin, le haut de gamme (personnalisé et sur mesure), en neuf ou en rénovation.
Certains fabricants (4 principaux en France) comptent plusieurs dizaines de modèles à leurs catalogues, proposés en différents coloris.
En termes de pose, les industriels n’ont pas pu échapper à la tendance des grands produits faciles à poser, destinés aussi à faire face à la perte de technicité des couvreurs. Les doubles pannes ou doubles tuiles et canal ont ainsi fleuri sur les toitures ces dernières années.
Le marché a même vu l’apparition d’une triple tuile avec la Néoplate d’Edilians. Des produits certes rapides à poser mais cependant esthétiques et identiques aux petits formats : les ABF (architectes des bâtiments de France) doivent, en effet, pouvoir les accepter dans les zones classées.
Le marché des tuiles n’oublie pas le développement des produits photovoltaïques et thermiques appelés à se développer avec la RT 2012 et le BBC. Les industriels travaillent beaucoup sur l’intégration des tuiles PV en toiture, sur le plan esthétique et technique. Objectif : favoriser la pose de ces produits par les couvreurs, plutôt que les électriciens !
Intérêts :
la largeur et la profondeur des gammes des industriels. L’innovation technique assurant performance des produits et facilité de pose.
Solution n° 2 : Fibres ciment
Matériau minéral composé de ciment, cellulose et fibres organiques de synthèse, l’ardoise fibres ciment est une bonne alternative à l’ardoise naturelle sans en avoir le coût. Depuis 1997, ces ardoises ne comportent plus d’amiante.
Ces ardoises sont adaptées à tous les types de couverture, mais leur pose est déconseillée au-dessus de 900m d’altitude et une pente minimum de 25% est nécessaire.
Une pose identique à celle de l’ardoise schiste, au crochet ou au clou après préparation en usine ou perçage sur le chantier. Elle suit les règles du DTU n° 40.13 “Couverture en ardoise fibres-ciment”. Conformes à la NF EN 492, elles ont le marquage CE et un Avis technique du CSTB.
Ce type de produit tel que la Kergoat d’Eternit (poids : 860 g) se pose sur liteaux, voliges jointives ou non, avec une lame d’air ventilée de 20 mm minimum entre la couverture et l’isolant.
Pour éviter le baillement du 2e rang d’ardoises, il faut poser à l’égout soit une chanlatte, soit une latte de l’épaisseur d’une ardoise ou encore un contre-doublis réalisé à l’aide d’une ardoise.
Pour une parfaite étanchéité à la neige et à la poussière, la pose d’un écran en sous-face est nécessaire. Le problème de ce type d’ardoises était la tenue dans le temps du pigment noir : le toit finissait par blanchir.
Il est aujourd’hui résolu. La face supérieure de l’ardoise est recouverte d’un semis minéral très fortement pigmenté. Lui-même recouvert d’une peinture acrylique de finition dans laquelle est ajouté un produit antimousse. La sous-face reçoit un vernis acrylique légèrement pigmenté. Eternit garantit ainsi la tenue de la coloration quinze ans.
Intérêts :
performance mécanique (classe B). Planéité parfaite et régularité d’épaisseur (pas de tri sur chantier, pose rapide et économique). Ingélif. Antifeu (classé A2-S1, dO). Coloration garantie 15 ans.
Solution n° 3 : Toitures végétalisées
La toiture végétalisée, par l’amélioration de l’esthétique qu’elle apporte, sa contribution thermique et acoustique, sa capacité à réguler les eaux pluviales, s’inscrit dans les projets où la démarche environnementale est prioritaire.
Pour les bâtiments collectifs, le choix se portera, en fonction de la pente, soit sur une toiture végétalisée intensive ou semi-intensive. Avec une pente maximum de 5%, la toiture végétalisée intensive (végétation composée de gazon et d’arbres), aura une épaisseur de substrat de 30 cm à 1 m.
Le support béton devra supporter un surpoids supérieur à 600kg/m2. Avec une pente comprise entre 5 à 10%, pour réaliser une TTV semi-intensive, le support sera soit en béton, acier ou en bois et 12 à 30 cm de substrat accueilleront une végétation composée de gazon et d’arbustes et le surpoids pourra atteindre de 150 à 350kg/m2.
Dans le cas des maisons individuelles, la toiture dite extensive, sur support béton, acier ou bois, comprendra une couche de substrat de 4 à 15 cm qui accueille une végétation de graminées, de mousses et de sédum.
Avec une pente maximum de 20%, le surpoids acceptable de 30 à 100kg. Dans tous les cas, l’exécution de ce type de chantier est réservée aux professionnels munis d’une garantie décennale.
Selon la surface à couvrir, le choix des végétaux, la pente et les travaux pour renforcement des supports les spécificités de l’installation, un complexe total intégrant l’étanchéité et la végétalisation coûte en moyenne entre 50 et 100 € le m2 mais inférieure aux toitures terrasse-jardin dont le prix oscille entre 150 et 300 €/m2. Le surcoût au niveau de la construction (charge supplémentaire, étanchéité, plantations) sera compensé par des économies d’isolation et de climatisation.
Intérêts :
protection de l’étanchéité contre les UV et le rayonnement thermique solaire. Qualité de l’environnement. Réduction des ilôts de chaleur en milieu urbain tout en contribuant à la rétention et à la régulation des eaux pluviales.
Limites :
l’épanouissement des plantes prend quelques années. L’entretien indispensable et régulier. Le surcoût à la construction.
Solution n° 4 : Les matériaux biosourcés
Depuis le Grenelle de l’Environnement, l’intérêt pour les matériaux biosourcés, notamment pour le chaume, ne fait que s’accroître. Mais la profession connaît une pénurie de main d’œuvre.
Les carnets de commandes de la trentaine d’artisans chaumiers adhérents à l’ANCC* sont remplis 24 mois à l’avance. Qu’il soit en paille de blé, en seigle ou en roseau, c’est un matériau 100% naturel, isolant à la fois thermique et phonique.
Pourtant, s’il y a un label professionnel reconnaissant la qualité des artisans, le “label bâtiment biosourcé” pour le matériau n’existe pas encore et est à l’étude et devrait voir le jour en 2012.
On peut espérer une longévité de la toiture de 45 à 50 ans en respectant à la fois les recommandations techniques et certains points importants comme :
- construire la chaumière dans un lieu venté ;
- respecter une pente minimale de toit de 55 à 60% ;
- choisir un roseau de Camargue ou de la baie de Seine, pas “crochu”, bien droit, d’un bon calibre et éviter les produits d’importation ;
- faire appel à un professionnel de qualité. Ils sont une centaine en France implantés surtout en Normandie, Bretagne et Pays de Loire.
Des recommandations techniques ont été définies par l’ANCC* pour les professionnels mais quelques points sont à surveiller avec attention. Par exemple, il faut veiller à ne pas emmagasiner l’humidité à l’intérieur des paquets de roseaux qui sont posés “à la poignée”.
Chacune est fixée à la charpente par du fil de fer et il en faut 13 à 14 au m2 pour obtenir une épaisseur de 30 cm. Quant aux faîtages, ils sont réalisés en torchis “à l’ancienne” avec des iris pour retenir la terre.
Si la matière première est relativement bon marché, la main-d’œuvre est difficile à trouver et ne séduit plus les jeunes.
Selon Jacques Baudoin, président de l’ANCC : « Notre souci est de redonner un élan à cette profession. Face à une demande croissante, elle est aujourd’hui contrainte de faire appel à une main-d’œuvre des pays de l’est.
C’est pourquoi en septembre 2012, nous relançons une formation, la seule en France, au CFA d’Evreux. L’association a obtenu cette année un certificat de qualification professionnelle (CQP) qui permettra aux jeunes d’obtenir un diplôme au terme de leur année de formation. »
* Association nationale des couvreurs chaumiers : www.chaumiers.com - Tél. : 02 32 23 50 58
Formation toiture végétalisée
Outre les fabricants qui offrent des formations à leurs systèmes dans leur centre de formation, le CSTB Formation (2) en collaboration avec l’ADIVET (1) organise le 7 juin une journée sur l’efficacité et les évolutions technologiques des TTV).
Tecomah (3), l’école de l’environnement et du cadre de vie propose une formation aux “Travaux de végétalisation de toitures” pour les professionnels du paysage au titre de qualification VT 800 délivré par la profession. D’autres formations plus longues existent dont celles du CFPPA (4).
(1) CSTB Formation : Chloé Templier (chloe.templier@cstb.fr) : 01 40 50 28 15
(2) Association des toitures végétales : 06 69 18 68 27
(3) TECOMAH : Gilbert Turcan (gturcan@ccip.fr) : 01 30 67 12 00
(4) CFPPA Le Fresne : 02 41 68 60 03 (cfppa.angers@educagri.fr)
Source : batirama.com / C. Benassi