La FFB révise ses pronostics à la hausse dans la construction neuve, notamment dans l?individuel neuf, mais s'alarme sur le segment du logement collectif, « mal aimé » de nombreux maires.
La présentation des résultats semestriels de la construction par la Fédération française du bâtiment permet de rajuster à la hausse les premières tendances annuelles. L’activité sera moins dégradée que prévu avec un recul de 5 % de l’activité (par rapport à 2019), les carnets de commandes restant bien garnis. Il pourrait ainsi se construire 384 000 logements en 2021 alors que les estimations du début d’année tablaient sur 307 000 unités.
La profession s’était inquiétée en début d'année d’un réel danger de panne dans le neuf notamment en matière de logements. Ces inquiétudes semblent balayées, grâce à la bonne dynamique de la construction de maisons individuelles.
En effet, les mises en chantier de maisons progressent de 4 %, avec une envolée de 18,3 % des permis et de 16,3 % des ventes, en glissement bisannuel sur le premier semestre 2021 (le semestre de comparaison étant celui de 2019). « Et les deux prochains mois semblent bien orientés » reprend Olivier Salleron, président de la FFB. Le rêve des Français de posséder une maison et un jardin, amplifié par la crise Covid, se traduit bien dans les tendances observées.
Deux bémols pour le logement neuf : la Loi Climat et la RE2020
La FFB relève toutefois deux bémols : les constructeurs redoutent les effets de la Loi Climat et Résilience avec le principe du Zéro artificialisation (qui doit limiter l’expansion des constructions) sans oublier les effets de la prochaine RE2020 (applicable au 1er janvier 2022) génératrice de surcoûts, selon la FFB.
Des « solutions » ont d’ailleurs été proposées par l’organisation professionnelle pour limiter l’impact de tels surcoûts avec notamment l’instauration de « MaPrimeRenov2020 » (qui prendrait la forme d’une aide versée aux primo-accédants). La FFB demande cet accompagnement financier dans le cadre du projet de Loi de finances à venir.
Le logement neuf collectif souffre encore
Si la maison individuelle s’en sort bien, ce n’est pas le cas du logement collectif qui souffre encore, estime l’organisation professionnelle. Elle constate néanmoins une amélioration des mises en chantier sur deux ans (+ 3,5 %), conséquence d’un report post-crise Covid de 2020
Toutefois, les permis de construire et les ventes reculent encore d’environ 7 %. La chute du collectif pourrait perdurer avec une année 2022 qui sera compliquée, pronostique Olivier Salleron. Le président pointe du doigt un effondrement des permis de construire en zones tendues, principalement dans les grandes améliorations.
« Le rapprochement des sept premiers mois de 2019 et 2021 révèle une chute de 11 % du collectif en zone A, Abis et B1, alors qu’il progresse de 21 % ailleurs et que l’individuel se redresse partout » relève -t-il. Selon lui, le blocage porte sur la délivrance des permis de construire dans le collectif dans les grandes métropoles.
« Les équipes municipales écologistes brident le développement de leurs villes »
Si ce mouvement de sobriété foncière remonte à 2018, à l’instigation du gouvernement et de son premier ministre, il s’est amplifié avec l’arrivée de nouvelles équipes écologistes extrémistes, explique Olivier Salleron, qui cite la ville de Bordeaux à titre d’exemple.
« Ces équipes brident le développement de leurs villes et ne veulent plus construire, ce qui risque de laisser les gens sur le bord de la route et sans logement. Il faut donc arrêter cette musique qui dit que « Construire du Logement ou du non résidentiel, c’est mal » » analyse le président de la FFB. Car le non résidentiel continue de fortement reculer sur deux ans, y compris la commande publique.
La mise en place d’une instance de médiation avec les préfets de Région sur les refus de permis de construire totaux ou partiels fait d’ailleurs partie des demandes formulées par la FFB auprès de la Commission Rebsamen qui remettra le résultat de ses travaux le 20 octobre.
L’organisation professionnelle réclame aussi que les mesures prises (dans la loi Elan) pour réduire le délai de traitement des recours de tiers soient étendues au contentieux des refus de permis.
Entretien-amélioration : une dynamique confirmée avec MaPrimeRenov’
L’organisation professionnelle note un retour à une meilleure situation en amélioration-entretien. Si la tendance globale déçoit en demeurant inférieure de 5 % par rapport au premier semestre 2019, le dynamique de la rénovation énergétique du logement se confirme avec + 4,1 %.
« La rénovation énergétique tient ses promesses avec le redéploiement de MaprimeRenov, soit 475 000 dossiers aujourd’hui, mais la rénovation non énergétique reste encalminée » reprend O. Salleron. Le président rappelle que « France Relance » a retenu 4 214 projets de rénovation énergétique des bâtiments d’Etat, qui pourrait amplifier le mouvement.
Toutefois, le contexte de pénurie de matières premières et de hausses de prix lui n’a pas beaucoup changé. Alors qu’il devait prendre fin cet été, selon de nombreux experts, force est de constater que le mouvement perdure. Résultat : il bride la relance en cours, selon la FFB.
La profession réitère ses demandes, à savoir la prise en charge totale de l’activité partielle, si elle est provoquée par une pénurie de matériaux ou matériels à installer. Mais aussi le droit à la mobilisation immédiate du carry back sur les comptes arrêtés tant que la crise perdure…
Les prix des logements en hausse de 7 %
Cette tension sur les prix des matériaux a d’ailleurs généré des hausses de prix dans le logement neuf, de l’ordre de + 7 %, indique Olivier Salleron. Il suffit de regarder l’index BT 01 (indice Construction Tous corps d’Etat) qui, à fin mai, affiche une hausse de 32% (relative aux matériaux et non à la main d’oeuvre).
La dynamique demeure néanmoins engagée, et elle se traduit par une création de 68 800 emplois nets, malgré la perte de 5300 équivalents-emplois à temps plein en intérim. La FFB indique qu’elle continue de se mobiliser pour l’emploi. Elle a déjà pu recruter 10 000 talents (opération 15 000 jeunes Talents Bâtisseurs) qui sont des jeunes demandeurs d’emploi et stagiaires issus prioritairement des quartiers de la politique de la ville (QPV) et ressortissants hors UE.
Enfin, la prolongation pour six mois des aides à l’apprentissage de France Relance est également un bon signe pour le secteur, indique la FFB. Elle rappelle que les jeunes apprentis bénéficient d’un niveau de rémunération supérieur au minimum légal dans les entreprises du Bâtiment ainsi que d’un ensemble de mesures grâce à PROBTP (aide à l’achat d’un premier véhicule, accès aux sites de vacances de la profession, ….)
Source : batirama.com/ Fabienne Leroy