Les assises de la forêt et du bois doivent apporter des "réponses concrètes" aux difficultés d'une filière confrontée au changement climatique et à l'exportation de chênes vers la Chine.
Ces assises associeront "l'ensemble des parties prenantes reconnues au niveau national", y compris des associations de défense de l'environnement, ont précisé à la presse les cabinets des ministres impliqués: Julien Denormandie (Agriculture), Agnès Pannier-Runacher (Industrie) et Bérangère Abba (Biodiversité).
Leur organisation avait été promise par le Premier ministre fin juillet, à l'occasion d'un déplacement où il avait affirmé la nécessité de "booster" une filière représentant 400.000 emplois en France, très attendue pour verdir le secteur de la construction. Or les scieries peinent à se fournir en grumes (troncs débarrassés des branches) français, notamment de chêne, face à la fièvre acheteuse chinoise.
Aujourd'hui les grumes français partent massivement à l'exportation, tandis que la France importe du bois transformé, mieux valorisé. A la clé, un "déficit commercial chronique de six milliards d'euros", a souligné Agnès Pannier-Runacher, lors de l'ouverture des assises.
"Nous avons besoin de mettre du bois français dans nos constructions de bâtiment", a plaidé à ses côtés la ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon. Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie attend de ces assises des "réponses concrètes" aux "immenses défis" du secteur.
Plusieurs enveloppes dédiées à la filière bois grâce au Plan de relance
Depuis un an, l'exécutif a annoncé successivement plusieurs enveloppes dédiées à la filière dans le cadre du plan de relance (300 millions au total) et récemment du plan d'investissement "France 2030" (500 millions d'euros). Il s'agit de subventionner le repeuplement des forêts fragilisées par le changement climatique, mais aussi de moderniser des scieries pour qu'elles soient capables de répondre aux besoins grandissants du secteur de la construction, à la recherche de bois plus industrialisé, sur la base de préfabriqué notamment.
La nouvelle réglementation, qui entre en application dans le secteur du bâtiment au 1er janvier 2022 (RE2020), impose aux constructeurs de nouvelles normes pour décarboner leur production, encourageant notamment la construction en bois. Grâce aux fonds débloqués, "on est en train de changer d'échelle en matière d'investissement", salue Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la Fédération nationale du bois (FNB) qui représente scieurs et transformateurs.
"Le produit de tous les efforts va se ressentir dans la durée. Quand vous investissez dans une usine, cela prend trois ans, laissons la pousse grandir", avance-t-il. Reste à s'assurer des approvisionnements réguliers en matières premières. Or "la situation vue du côté des scieries continue de s'aggraver", selon M. Douzain-Didier.
"Pour travailler sereinement, les scieries ont besoin de disposer de six mois de stock de grumes. Il y a deux mois, le stock était à 3,5 mois. A date, il est à 2,9 mois", s'inquiète-t-il.
Source : batirama.com