Il aura fallu 10 ans au cabinet d?architectes Dubois et Associés pour restructurer le musée Toulouse-Lautrec à Albi. L?une des difficultés a été de maintenir l?ouverture au public pendant les travaux.
Cela fait bien longtemps que le musée du peintre Toulouse-Lautrec s’est installé au Palais de la Berbie à Albi. Cette splendide bâtisse fortifiée du XIIIème siècle, abrite la plus importante collection publique consacrée à cet artiste.
Une collection qui comprend plus de mille œuvres, tableaux, dessins ou affiches. Si beau soit-il, le site n’était plus vraiment adapté à l’accueil des 160 000 visiteurs annuels. L’enjeu consistait donc pour l’architecte Philippe-Charles Dubois,choisi pourlerestructurer, à transformer ce lieu “vieillot”, en un outil contemporain plus vaste et mieux agencé.
« Le chantier a débuté en 2001 et s’est achevé tout récemment ! », déclare Philippe-Charles Dubois l’architecte. Dix ans au cours desquels le musée a poursuivi sa mission d’accueil du public y compris des handicapés. « C’était une des exigences inscrites au cahier des charges », se souvient celui-ci. .
Surface d’exposition doublée
Les travaux sont réalisés, sous l’œil vigilant de Patrice Calvel, architecte en chef des Monuments Historiques. L’édifice propriété du département, est en effet classé. Au plus fort des travaux, une quarantaine de personnes se relaient sur place.
« Nous ne pouvions faire venir plus de monde en même temps, en raison de l’exiguïté des lieux. Au-delà, la sécurité n’était plus garantie », explique Philippe-Charles Dubois. Les opérations organisées en trois phases, ont notamment eu pour but de redéfinir l’accès au musée.
Celui-ci s’effectue désormais par un vaste hall donnant sur la cour d’honneur. Un hall assorti désormais, d’une boutique et d’un vestiaire. Mais plus encore, c’est la surface d’exposition qui a bénéficié de l’intervention. Elle est passée de 2900 m2, à 4200 m2 aujourd’hui.
Découverte de trésors architecturaux
La nécessaire préservation architecturale du site constituait une autre difficulté majeure du chantier. « Pour ne pas dénaturer la forteresse, nous avons cherché un équilibre entre préservation du patrimoine et modernisation. ».
Malgré tout, des interventions importantes étaient nécessaires pour améliorer la fonctionnalité et l’efficacité du lieu. « Une des solutions a été de réaliser la plupart des extensions en sous-sol », se souvient l’architecte. Au cours des travaux, les ouvriers tombent rapidement sur des trésors archéologiques et architecturaux cachés parfois depuis des siècles.
Ils découvrent notamment des pavements médiévaux du XIIIème siècle dans plusieurs salles du Palais. Ils mettent aussi à jour des vestiges de peintures murales, des éléments de charpente ou des carreaux de terre cuite vernissée anciens. Autant d’éléments que l’architecte choisit de mettre en valeur en les rendant visibles du public.
Des astuces pour un travail plus efficace
Mais, c’est bien la création de l’auditorium de 156 places qui a constitué le travail le plus imposant. Placé sous la cour d’honneur, pour plus de discrétion, ce nouveau hall est accompagné de 470 m2 de salles d’exposition temporaires.
Deux ascenseurs ont également été construits, dont l’un dans le pilier de la Tour Maje. Ce dernier, particulièrement délicat à réaliser, a demandé un an de travaux et nécessité le creusement dans la muraille d’une gaine technique de 43 m de haut… Pharaonique !
Pour ce chantier compliqué, il a fallu trouver des astuces ou inventer des techniques spécifiques. Ainsi, des machines de creusement ont été acheminées par les airs, au-dessus de la toiture Renaissance. « Nous avons aussi, se souvient l’architecte, fait passer les gaines verticales de climatisation par les conduits de cheminées historiques, les rendant ainsi invisibles.
Une entreprise spécialisée dans le travail en carrière, a par ailleurs, eu l’idée de placer des pinces sur une grue pour extraire des blocs en briques d’un m3. Nous avons encore dû démonter une partie d’une machine à forer, qui ne passait pas telle quelle sous l’ancien porche de Bernis », rappelle le responsable. Albi a eu raison de patienter. La ville peut désormais compter sur ce musée pour attirer les touristes.
Source : batirama.com / Nicolas Dembreville
Chantier du musée en chiffres
- Durée des travaux : 10 ans
- Chantier : 40 personnes maxi
- Trente corps de métiers différents
- Surfaces d’expo : passées de 2900 m2 à 4200 m2
- Création d’un nouvel auditorium de 470 m2
- Création d’une boutique et d’un centre de documentation
- Investissement : 40 millions d’euros