L?explosion des prix en 2021 et les nouvelles réglementations à venir inquiètent la Fédération française du Bâtiment qui parie cependant sur une année de rattrapage en 2022.
Quel sera le prix des logements et des travaux de rénovation en 2022 ? Sans aucun aucun doute, beaucoup plus cher si l’on regarde l’évolution des prix de 2021, constate La Fédération française du Bâtiment qui a dressé ses perspectives d’activité pour 2022. Bois, acier, PVC ont en effet connu certaines hausses spectaculaires, entre 60 et 80 % depuis janvier 2021.
« Et les fournisseurs ont tous annoncé des hausses de prix de leurs matériaux et matériels, entre 5 et 15 % au 1er janvier 2022 » souligne Olivier Salleron, président de la FFB. C’est par exemple le cas des industriels de la terre cuite (briques, tuiles), qui annoncent des hausses de 10 % en raison de la forte hausse prix de l’énergie.
« Le choc supplémentaire des prix de l’énergie vient alimenter cette crise et atteint aujourd'hui les matériaux comme le ciment. Et cette crise des matériaux n’est pas derrière nous, malheureusement » remarque Olivier Salleron qui constate que les marges opérationnelles des entreprises chutent à nouveau au 3e trimestre 2021.
Prix des maisons individuelles : + 7 % en 2022
Les effets de la prochaine réglementation environnementale RE2020 se feront également sentir sur les nouvelles constructions (permis de construire déposés au 1er janvier 2022). Il faudra en effet notamment répercuter le coût des opérations (études) et le surcoût est estimé à 3,5 %, hors effet prix matériaux, indique Olivier Salleron.
Ce qui mécaniquement engendrera une hausse de 7 % en moyenne pour les constructions neuves (individuelles) en 2022, reprend le président de la FFB
Quant à la prochaine REP (Responsabilité élargie des producteurs) dont l’application est reportée au 1er janvier 2023, son surcoût est d’ores et déjà évalué par la FFB à 5 % sur le coût de la construction. Rappelons qu’elle impose aux producteurs de gérer les déchets de chantiers avec des systèmes de collecte et la création de filières de valorisation. Et le maître d’ouvrage, donc le client, paiera au final, ce surcoût
Des délais allongés pour la livraison des matériaux
« Trois mois pour se faire livrer une chaudière contre deux semaines il y a un an… cela devient gênant, on manque aussi de matériaux, et nos entreprises peuvent en subir les conséquences de ces délais d’approvisionnement avec des révisions de prix. Les pompes à chaleur, par exemple, ne pourront pas être livrées avant février/mars et tous les acteurs du bâtiment sont touchés » reprend Olivier Salleron.
« Heureusement, les carnets de commande sont encore bons, constate le président de la FFB qui ajoute : « C’est la raison pour laquelle, on garde nos compétences et donc nos effectifs, car nous avons de forts espoirs dans les domaines de la rénovation des bâtiments et de la construction durable, tous bâtiments confondus. Mais l’urgence porte sur la crise du logement qui se profile, estime Olivier Salleron.
Pourtant l’activité s’est bien redressée sur le logement neuf en 2021 avec 390 000 mises en chantier en 2021, soit + 0,9 % par rapport à 2019. Une reprise réussie due au report de l’entrée en vigueur de la RE2020, la prolongation du PTZ et du Pinel au-delà de 2022, juge la FFB.
Une production de logements neufs en hausse de 7,3 % en 2022 (vs 2021)
L’organisation professionnelle prévoit pour 2022 une tendance haussière avec 398 000 unités, « que l’on dépassera peut-être, compte tenu du stock élevé de permis de construire dans l’individuel, à + 15,5 % en 2021 » reprend le président de la FFB. Cela se traduirait par une hausse de 2,1 % des mises en chantier en 2022.
Mais ce qui vaut aujourd’hui pour la maison individuelle, ne concerne pas le logement collectif puisque la dynamique des permis chute notamment dans les zones réputées tendues, analyse la FFB.
Ainsi le collectif neuf enregistre un recul de 7 % des permis de construire en 2021. « Et cette absence de reprise concernant la délivrance des permis en zone dense, va se poursuivre en 2022 » souligne Olivier Salleron qui rappelle que les propositions de la commission Rebsamen (voir ci-dessous) doivent éviter en partie cette dégradation.
De fortes disparités dans le non-résidentiel neuf
Enfin, dans le non-résidentiel neuf, le rebond en 2021 na pas compensé la baisse d’activité sur ce segment : les surfaces commencées sont en recul de 11 % par rapport à 2019. « Et elles sont toujours en dessous de la moyenne à long terme, commente Olivier Saleron.
Selon ce dernier, l’année 2022 présentera de fortes disparités, avec une bonne tenue des bâtiments industriels et de stockage, ou encore des établissements publics tandis que la chute des commerces et bureaux devrait se poursuivre
En termes d’activité, la FFB prévoit une croissance de 7 % pour le non résidentiel neuf en 2022, mais qui restera en repli de 6,3 % par rapport à a 2019.
*En sachant que les niveaux de production de logements neufs chutent depuis 2017
Une progression attendue de 4,2 % en 2022, selon la FFB
En synthèse, l’année 2021 se solde par une baisse d’activité de 5 % hors effet prix. Sur le poste « main d’oeuvre », la FFB relève en 2021 la création de 60 000 postes salariés et intérimaires.
Les créations d’emplois seraient d’ailleurs limitées à 25 000 postes à 2022, soit une hausse de 2 %. Explications « de ce paradoxe » : les recrutements ont été massifs en 2021 et les temps d’opération sur les chantiers ont été ralentis en raison de la crise des matériaux, sans oublier le retour au pays de nombreux travailleurs détachés.
Un pronostic cependant qui ne pourra tenir « que si les difficultés en recrutement s’amenuisent dans nos métiers et que les aides à l’embauche se poursuivent (Ndlr : apprentissage) » estime l’organisation professionnelle
En 2022, l’activité progressera de 4,2 % et retrouvera son niveau d’avant crise. « Nous espérons dépasser ce chiffre et bien pouvoir rattraper l’activité de 2019 » conclut Olivier Salleron. |
Amélioration-entretien : un marché en forte profession
La rénovation (qui pèse pour 58 % dans le chiffre d’affaires global du secteur) progresse en 2021 mais reste en baisse de 2,6 % par rapport à 2019. Elle devrait toutefois retrouver son niveau d’avant-crise en 2022.
L’organisation professionnelle souligne la belle dynamique de la rénovation énergétique, avec + 5 % sur les deux ans (liée au nouveau profilage des aides publiques dont Maprimerenov). Seuls les travaux non énergétiques n’ont pas suivi cette courbe de la rénovation énergétique
En 2022, la rénovation énergétique poursuivra sa tendance haussière, suite à l’engagement des travaux sur les bâtiments d’Etat (4200 projets dénombrés n’ont pas tous démarré, reprend l’organisation professionnelle).
Par ailleurs, elle note dans le secteur privé que d’autres logements en bénéficieront puisque 1,2 million de transactions (un record) ont été enregistrées dans l’ancien (ce qui donne très souvent lieu à des travaux de rénovation) |
Les demandes de la FFB
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Source : batirama.com/ Fabienne Leroy