L?Aformaba, basée à Paris, fait désormais partie des centres de formation certifiés* « amiante » en France. Elisabeth Menoud, sa secrétaire générale, nous explique les enjeux du nouveau décret amiante.
Quels types d’entreprises sont susceptibles de venir se former chez vous ?
Elisabeth Menoud
: nous assurons les formations concernant les activités de retrait ou d’encapsulage de l’amiante (sous-section 3) (1) et les formations concernant les travaux susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante (sous-section 4)(2). Elles impliquent des équipements lourds en matériel (tunnel de décontamination, zone de confinement, déprimogènes, compresseur, appareils de mesure…) et en EPI dont notre centre s’est doté. Ces formations intéressent des entreprises spécialisées dans ces métiers de retrait d’amiante (gros œuvre, démolition, couvreurs, canalisateurs,…).
Les autres métiers du Bâtiment sont-ils également concernés ?
Elisabeth Menoud
: tous les métiers liés à la rénovation sont concernés par ces formations car leurs interventions sont susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante (travaux visés dans la sous-section 4 pour lesquels l’Aformaba assure aussi des formations) (2). Les électriciens, plombiers, maçons et plâtriers peuvent y être confrontés dans leurs activités. L’amiante c’est dangereux car ça ne voit pas, il y en a partout : dans les flocages, les plaques ondulées, les canalisations, la colle des dalles, les joints des portes-coupe-feu, … On estime que l’on peut en trouver dans 3000 produits du bâtiment !
Pourquoi trouve-t-on encore autant d’amiante dans les bâtiments ?
Il faut savoir que l’amiante possède des propriétés exceptionnelles (isolation thermique et phonique, bonne résistance au feu, résistance mécanique et chimique, faible coût), c’était donc un matériau idéal pour les travaux, mais pas pour les personnes le mettant en œuvre. On savait, depuis 1947, que c’était dangereux pour la santé. Mais un fort lobbying des industriels a permis son utilisation jusqu’au 1er janvier 1997 dans le BTP.
Pourquoi l’amiante est-elle si dangereuse pour la santé ?
L’amiante est invisible à l’œil nu et la maladie peut se déclarer 30 à 40 ans après. Elle est la première cause de cancers professionnels, la deuxième cause de maladies professionnelles, la première cause de décès lié au travail. En cas de maladie ou de décès, on recherchera toujours la responsabilité de l’employeur.
Quelles sont les conditions pour suivre un stage dans un centre de formation ?
Les stagiaires sont acceptés en formation sous cinq conditions : avoir plus de 18 ans, être en CDI, occuper en poste en rapport avec leur future attribution concernant les travaux liés à l’amiante, être aptes du point de vue médical (visite médicale spécifique obligatoire) et parler le français. L’employeur doit nous fournir une copie du certificat médical datant de moins d’un an.
Qu’est-ce-qui a changé avec la nouvelle réglementation ?
On est passé du « light » au lourd ! Avant, on distinguait l’amiante friable de l’amiante non friable. L’Aformaba ne formait que sur les activités de retrait et de confinement d’amiante non friable avec ou sans risque particulier. Pour la sous-section 3, on est passé de 2 et 3 jours de formation à 10 et 5 jours de formation selon le public avec en plus des recyclages.
Et aujourd’hui, qui doit se former ?
Aujourd’hui, on distingue 3 catégories d’intervenants au lieu de 2 (les opérateurs, les encadrants techniques et de encadrants de chantiers). Les opérateurs doivent se former 5 jours et les encadrants, 10 jours, avec obligation de recyclage à 6 mois et les suivants à 3 ans. Depuis le 1er janvier, il faut que la formation pratique se déroule sur un plate-forme pédagogique reproduisant un chantier fictif grandeur nature, ce qui représente un investissement coûteux en matériel et équipements (EPI).
La certification de votre centre est-elle également obligatoire ?
Pour les activités relevant de la sous-section 3 (retrait, confinement), elle est en effet obligatoire. Nos formateurs (ingénieurs, ayant 10 ans d’expérience dans le bâtiment, 5 ans sur les chantiers amiante, 2 ans en tant que formateurs sous-section 3), ont dû suivre un recyclage de 10 jours à l’Inrs OPP et passer les épreuves avec succès ! Avant, tout le monde pouvait faire de la formation sans certification, aujourd’hui, cela n’est plus possible pour les formations relevant de la sous-section 3.
Qu’apprennent vos stagiaires dans votre centre ?
Ils doivent apprendre à travailler en sécurité… l’objectif n’étant pas de leur apprendre leur métier ! Ils doivent savoir s’habiller (combinaison, surbottes…), brancher leur masque, vérifier que le confinement dans les zones de travail est bien hermétique, respecter les procédures et les temps de travail limités dans leur durée(compte tenu de l’équipement à porter !). En fait, ils doivent connaître les modes opératoires et les suivre à la lettre, il n’y a pas d’improvisation.
Comment valide-t-on la formation d’un stagiaire ?
Il doit passer un test théorique et un test pratique. Malheureusement, de très bons professionnels peuvent échouer aux tests théoriques (QCM) en cas de méconnaissance de la langue française qui est indispensable, notamment pour la formation des encadrants. En cas de succès, une attestation de compétence est délivrée au stagiaire et non à l’entreprise : elle est personnelle et porte le numéro de certificat du stagiaire.
Les employeurs sont-ils sensibilisés à la formation des salariés ?
Ils ont fait beaucoup d’efforts pour former leur personnel ces dernières années. Certes, ils savent qu’un inspecteur du travail peut arrêter le chantier si l’employeur ne remplit pas toutes les conditions pour effectuer ce type de travaux (la qualification Afnor ou Qualibat est obligatoire pour l’entreprise en sous-section 3). Mais à la base, il faut qu’il y ait la volonté du chef d’entreprise pour former ses salariés et une culture formation dans son établissement. La formation doit être vécue comme un investissement et non une obligation car elle permet de faire évoluer les carrières des compagnons et aide à les faire travailler en sécurité. L’Aformaba dispose d’une base de données informatique permettant de suivre leur cursus individuel. Elle permet de voir leur évolution dans l’entreprise.
Quelles mesures de précaution un employeur doit-il prendre avant d’embaucher un salarié ?
Je conseille aux employeurs de faire faire une visite médicale d’embauche complète à leurs salariés susceptibles de travailler avec des produits CMR (cancérogènes mutagènes et reprotoxiques). Ceci permettra de vérifier qu’ils n’ont pas été contaminés et ne sont pas porteurs de maladies.C’est important, car le dernier employeur est toujours considéré comme responsable en cas de détection de la maladie… même si la faute ne lui incombe pas.
Quelles sont les perspectives pour votre centre ?
Nous devons d’abord recycler tous les gens formés depuis le 25 avril 2005, avec 5 jours pour les encadrants et 2 jours pour les opérateurs. Nous devons vérifier qu’ils ont bien effectué des travaux de désamiantage durant les 12 derniers mois. Plus de 10 sessions de formations sont prévues d’ici fin juillet en direction des 3 publics (recyclage ou formation préalable). Nous donnons la priorité à la sous-section 3 compte tenu des investissements lourds réalisés dans notre centre…
*Les organismes de formation des risques liés à l’amiante doivent être certifiés soit par Certibat soit par Icert. A ce jour, 7 centres sont certifiés (voir liste sur www.certibat.fr ou www.icert.fr). L’Aformaba est certifié par Certibat sous le numéro 003/2012/AMI-S3/31.
- (1) Article R 4412-114 à 138 de la sous section 3 du chapitre II du code du travail : ils concernent les activités dont la finalité est le retrait ou le confinement par fixation, imprégnation ou encoffrement de l’amiante ou de matériaux en contenant, et qui portent notamment sur des bâtiments, y compris dans le cas de démolition.
- (2) Articles R 4412-139 à 148 de la sous section 4 du chapitre II du code du travail : ce dispositions s’appliquent aux activités ne relevant pas de la sous-section 3 ainsi qu’aux interventions susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy
Plus de 1000 stagiaires par an !
L’Aformaba située dans le 15e arrondissement de Paris (9 rue Saint Lambert, 01 80 18 92 60) met en place des stages interentreprises ou sur mesure portant sur les techniques de base du gros œuvre (lecture de plans, topographie, coffreur boiseur,…), l’organisation et la gestion de chantier, le management des hommes, l’encadrement de chantier, la prévention et la sécurité et pour finir les formations obligatoires (amiante, CACES, permis, échafaudages, sauveteur secouriste du travail, plomb, habilitations électriques, …).
Son public est large et vient en particulier pour l’amiante des quatre coins de France, facilité d’accès de centre oblige ! Elle forme entre 950 et 1200 stagiaires par an en répondant à la demande des entreprises. Particularité de l’Aformaba : elle est l’un des rares centre de formation certifié « amiante ». Or, la règlementation amiante renforce, depuis l’arrêté du 23 février 2012, les obligations de formation aux entreprises. Pour tout renseignement : inscription@aformaba.fr