Victimes et sénateurs écologistes ont interpellé la ministre de la Santé sur le "scandale de l'amiante qui continue", deux jours avant une audience de la cour d'appel de Douai sur l'indemnisation de victimes.
"Il est temps que le changement arrive et que les victimes, on leur foute la paix, ce sont des gens que l'on a empoisonnés et qu'aujourd'hui on casse, on rabaisse", s'est indigné Pierre Pluta, président de l'Association nationale des victimes de l'amiante (Anva) au Sénat en présence des sénatrices EELV Marie Blandin et Aline Archimbaud.
La cour d'appel de Douai a condamné plusieurs victimes à rembourser au Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (Fiva), organisme placé sous tutelle du ministre de la Santé, une partie importante de leurs indemnités. Elle siègera à nouveau le 24 mai pour traiter 37 dossiers de malades.
"Nous avons écrit aujourd'hui à Mme Touraine pour lui demander d'intervenir auprès du Fiva, avant le 24 mai ; les associations et les victimes ne comprendraient pas qu'à nouveau jeudi 37 nouvelles victimes soient condamnées", a indiqué M. Pluta.
Une motion demandant que le Fiva renonce aux poursuites et propose une remise gracieuse pour les condamnés a été signée en début d'année par 412 parlementaires dont François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Marisol Touraine.
Une loi sur la question du bati et du diagnostic
"Le sujet de l'amiante est loin d'être clos, les dangers avérés sont devant nous, et sont tout aussi importants que ce qu'on a connu", a souligné pour sa part Mme Blandin, présidente de la commission Culture du Sénat mais qui intervenait comme sénatrice du Nord.
Elle a réclamé "une loi sur la question du bâti, du diagnostic et sur le problème des victimes une réelle volonté politique". L'amiante, véritable bombe à retardement pour la santé, est encore présent en masse dans les constructions en France, où des milliers de salariés oeuvrent à son retrait et où leur sécurité pose désormais question.
Quelque 900.000 travailleurs sont potentiellement exposés à cette fibre cancérigène, qui devrait être responsable de 100.000 morts d'ici à 2025, selon les autorités sanitaires. Luc Baillet, architecte et président de ResoA+ a évalué dans l'immobilier "24 millions de tonnes, soit 367 kg par habitant de gisements amiantifères".
Aline Archimbaud a appelé de ses voeux "une nouvelle politique de la santé accordant beaucoup plus de place à la prévention et qui se dégage de la pression économique des lobbies". Le groupe écologiste du Sénat a demandé la constitution d'un groupe d'étude sur l'amiante.
Source : batirama.com / AFP