Diverses solutions de chape allégée sont utilisées pour rénover un sol sans surcharger la structure d?un bâtiment, tout en améliorant son isolation acoustique et thermique.
Le premier objet des chapes allégées est de ne pas surcharger la structure du bâtiment. En cela, elles sont plébiscitées en rénovation des planchers structurels n’autorisant pas de charges lourdes rapportées. Et, dans une moindre mesure, trouvent aussi des applications dans le neuf, pour construire une structure de bâtiment moins gourmande en matériaux.
Les chapes allégées réparent les sols abimés, rattrapent les défauts de planéité et apportent un complément d’isolation thermique et acoustique aux planchers. Selon le type de produits et l’épaisseur mise en œuvre, les bruits de choc, notamment, sont considérablement atténués, ce qui est de plus en plus recherché par les usagers.
Dans une chape légère, de masse volumique généralement comprise entre 500 et 1 900 kg/m3, la grande majorité de la charge minérale est remplacée par des granulats légers ; ici des billes de polystyrène expansé. Photo ci-dessus et photo de une © Edilteco® France
Filière humide : des produits pour tous les usages
Diverses solutions existent pour créer une chape jusqu’à 4 fois plus légère qu’une chape classique. Les chapes légères de type traditionnel se présentent sous forme de produits prêts à l’emploi ou s’obtiennent en mélangeant soi-même du ciment ou de la chaux, du sable, des agrégats légers et des adjuvants spécifiques (les chapes liquides, fabriquées en centrale à béton, peuvent elles-aussi être allégées par l’ajout de divers granulats).
Les produits du marché ont été adaptés pour réaliser toutes sortes de chapes d’épaisseurs variées selon le contexte : chapes flottantes, désolidarisées ou adhérentes, pour les locaux intérieurs à trafic modéré. Certains peuvent être appliqués en très faible épaisseur (à partir de 1 cm !), quand les réservations sont très limitées.
Ils conviennent à tous les types de plancher porteur (béton, bois, etc. Il est même possible de réaliser des planchers collaborants avec bac acier). Mais ils sont contre indiqués pour l’enrobage de plancher chauffant, ou dans les salles de bains avec siphons de sol (douche à l’italienne).
Une mise en œuvre sans spécificité et facilitée
Souvent préparés en bétonnière, ces produits sont pour la plupart également utilisables dans une pompe à béton. Leurs conditions de mise en œuvre sont les mêmes que pour les chapes traditionnelles, conformément aux règles du DTU 26.2. Avec une pénibilité réduite du fait d’un produit allégé.
Dans des délais plus ou moins raccourcis par rapport aux chape traditionnelles (en fonction de leur épaisseur), les chapes légères peuvent recevoir tous types de revêtements de sol : du carrelage (après 24 ou 48 heures, dans certains cas), du parquet bois, un stratifié. Elles ne nécessitent de réaliser un ragréage que pour la pose de sols souples (moquettes, lino, PVC, …). Généralement fibrés, les produits prêts à l’emploi permettent aux carreleurs de s’affranchir de treillis.
Les atouts de la filière sèche
Chape sèche. © Biofib
Une autre façon simple et rapide de créer un sol de faible poids est de recourir aux chapes sèches, procédé plus récent (années 1990), encore peu connu du public mais qui représente environ 10 % du marché total des chapes. Surtout utilisées pour redresser des planchers bois qui ne peuvent accueillir un autre type de chape, les chapes sèches (environ 25 kg/m2) sont mises en œuvre simplement sur un support bien préparé, parfois en très faibles épaisseurs (à partir de 18 mm) et acceptent un revêtement de sol après 12 à 24 h. Une autre vertu est de ne pas nécessiter d’eau.
Les panneaux de bois ou de gypse, plâtre fibré, ciment (Knauf, Placoplatre, Siniat, Fermacell, etc.) recouvrent une épaisseur d’isolant rigide ou souple (polystyrène, fibres de bois, laine minérale), ou de granulés incompressibles qui permettent de rattraper la planéité du sol (béton cellulaire, roche volcanique, billes d’argile expansée, chanvre, liège, bois neutralisé). La majorité des systèmes constructifs sont couverts par un avis technique du CSTB.
Humide et sèche, si ces filières semblent en concurrence, elles ne s’adressent pas aux mêmes professionnels : maçons, carreleurs et chapistes pour la première, peintres et plaquistes pour la seconde.
Quels acteurs ?
On a cité les fabricants de plaques acteurs de la chape sèche. Ceux du marché de la chape légère traditionnelle, peu nombreux, sont principalement les fabricants d’agrégats légers (les fabricant d’enduits PRB et Parexlanko proposent aussi des prêt-à-l’emploi) : les producteurs de billes de polystyrène expansé détiennent la majorité du marché (Edilteco ; Collet) ; les producteurs de billes d’argile expansée sont aussi présents (Weber- Saint-Gobain ; Laterlite). Le segment des granulats végétaux gagne des points ces dernières années et d’autres matériaux sont employés de façon plus anecdotique, comme les billes de verre recyclé expansé (Poraver).
Les évolutions en vue
Les chapes légères se distinguent des mortiers allégés, de densité inférieure (300 kg à 500 kg/m3), destinés au ravoirage mais qui font parfois office de chape bien que n’ayant pas la résistance mécanique exigée par la norme NF EN 13813 pour la construction de planchers en intérieur (une compression minimale de 5 Mpa et une résistance à la flexion d’au moins 1 Mpa). Ces mortiers devraient d’ailleurs bénéficier prochainement d’évolutions portées par une prochaine norme européenne.
Un marché de niche en progression
Photo © Edilteco® France
Les billes de PSE continuent à se développer sur le marché des agrégats pour chapes et bétons légers. « Les chapes légères restent une niche, tout comme les chapes sèches, mais nos ventes sont en croissance chaque année », assure Franck Pied, directeur marketing Edilteco France. Edilteco a développé toute une gamme de prêt-à-l’emploi pour répondre aux demandes du marché, notamment un besoin de gain acoustique et de faible épaisseur.
Des produits biosourcés qui montent
Dans le contexte réglementaire actuel (loi AGEC, RE 2020), les matériaux biosourcés sont mis en avant, et même si les sols comptent pour peu dans la « chasse au CO2 » et que les chapes concernent surtout la rénovation, granulats de bois (Granuland, Agresta), de chanvre et lin (Biofib) ou de liège (Amorim gagnent des points, aussi bien utilisés en chape légère, en mélange avec un liant hydraulique, qu’en chape sèche. Hervé Pottier, directeur Biofib, pointe : « Notre produit chape commence à faire sa place parmi notre gamme de solutions d’isolation et de construction d’origine végétale et auprès d’une maîtrise d’ouvrage de plus en plus attentive aux produits biosourcés. En chape sèche, nos granulés permettent de rattraper les défauts du sol sans ragréage, avec une diffusion 3D optimale, qui coupe les ponts thermiques. Et la charge au m² est inférieure à une solution humide. La demande croît de 200 % cette année. » Biofib travaille sur d’autres granulats plus solides issus des produits de la coopérative agricole.
Mario Aschero , directeur de Granuland confirme « Nos granulés de bois neutralisé sont de plus en plus demandés, en chape sèche et en chape légère qu’elle soit traditionnelle (avec le seul prêt-à-l’emploi sous DTA) ou fluide. »
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson