Salon polyvalent, le Carrefour International du Bois n’en expose pas moins, pour qui cherche, les paramètres de la révolution constructive RE2020, en cours.
Les acteurs de la structure en bois ne sont pas tous regroupés et pas non plus tous présents, mais à l’instar des évolutions qui se passent dans le panneau, les essences, le parquet, les traitements, les bardages voire l’isolation et bien sûr de l’offre sciage, le Carrefour permet d’esquisser la situation du bois en termes de gros-œuvre.
CLT ou XLAM
Discret, le nouveau fournisseur de CLT français X Lam fait sa rentrée comme second fabricant industriel français de CLT, appartenant à la scierie franc-Comtoise Chauvin. X LAM dispose d’un avis technique et se paye le luxe de fournir une dizaine de milliers de m² de planchers pour le constructeur Mathis dans le cadre de la construction du Village des Athlètes. X Lam n’a aucun rapport avec l’Italien X Lam Dolomiti, Chauvin utilise le terme commun international pour le CLT, c’est tout.
Sur le stand X LAM au CIB
La capacité de production visée est d’environ 15 000 m³ avec une ligne Minda à presse hydraulique. La scierie Chauvin alimente Prolignum, le fabricant de barres contrecollées, avec des lamelles de taille supérieure, et peut exploiter entre autres les plus petites sections de lames et les dosses pour le CLT de X LAM, une entité installée sur le périmètre de la scierie. L’approche technique se distingue par un collage quatre faces anti-délamination, donc particulièrement résistant en termes de résistance à l’incendie.
Le recours au bois du Jura est toujours un gage de qualité et la perspective est également d’ouvrir la production au sapin. Le travail avec Maths s’explique aussi par des raisons géographiques. Le recours à des produits français était poussé par la filière pour les JOP avec une jauge de 50%. Les panneaux de X LAM transitent en Alsace pour le nervurage avant de rejoindre le chantier de St Denis. Si tout se passe bien, ce sera la meilleure carte de visite du nouvel acteur du CLT en France.
L'autre CLT
Le Suisse Schilliger ne sera pas en reste avec le financement en cours d’une nouvelle ligne. En Bretagne, Tanguy a renoncé comme Moulinvest aux murs cloués de MHM et se rabat sur une ligne de production avec membranes à vide XXL de Sarmax. A la différence de Piveteau qui tente une percée dans le standard, Tanguy vise les solutions spéciales. Le recours à l’épicéa de Sitka, essence locale, est possible.
L’offre Hexakit de Piveteau est bien un kit en incluant des accessoires comme des semelles en LVL, mais sa gamme est large avec six longueurs et plusieurs épaisseurs. En principe, ces panneaux ne seront pas usinés chez Piveteau, mais faut-il encore que le charpentier moyen dispose de outils pour la transformation rapide. Quant à la manutention, Piveteau s’est allié aux chevilles de transport de Simpson Trapco. La gamme manie le pin et l’épicéa, notamment, avec le pin en sous-face afin de faciliter le recours à une sous-face visible.
Le kit Piveteau avec la semelle en LVL, ce LVL qui n'a pas dit son dernier mot.
L’entrée de Stora Enso dans le capital du Franc-Comtois ACDF ne bouleverse pas la donne, dans la mesure où un partenariat était déjà en cours depuis des années pour tous les chantiers inférieurs à 150 m3 de CLT Stora Enso, pour lesquels ACDF assurait la transformation et le relais. ACDF est spécialisé dans les systèmes complexes et continuera à fabriquer pour le voisin Simonin des planchers Dalfeu.
D’ailleurs, Simonin lance enfin la construction d’une tour multi-étage à Monaco, avec la particularité d’y associer des interfaces massives en acier (pas vraiment le bon moment commercial vu les augmentations sur ce matériau).
Enfin, le fameux chantier du Village Olympique semble engager des solutions acoustiques avec des élastomères, une offre abondante sur le marché international mais rarement utilisée en France, surtout à cette échelle. Il sera donc peut-être possible de mesurer l’intérêt de l’interposition des élastomères, notamment au sein des fixations, afin de lancer pour de bon cette option constructive en France, notamment en rapport avec les planchers CLT.
Bois-béton
La première édition du challenge Canopée avait récompensé la solution Hybridal de Cruard, qui dispose désormais de ses propres chantiers et expose séparément. La dalle de compression préfabriquée est collée sur une structure en ossature bois, ce qui règle plusieurs problèmes en termes de feu et d’acoustique.
Solutions SFS de planchers mixtes béton sur solives en bois, neuf ou rénovation.
Lauréat du second Challenge Canopée d’ailleurs exposé au CIB, l’architecte Thierry Soquet a recueilli pour son système Horizons Bois un chèque de 15000 euros bienvenu pour compenser les 800 000 euros personnels investis dans ce système béton-CLT de plancher. La chance de Thierry Soquet, c’est que le 11 mai, au matin, son système a décroché un ATEx de cas "a", juste avant le succès de la phase nationale du Challenge. Développé dans la perspective d’une tour en bois imaginée à Rennes depuis un certain nombre d’année, le plancher Horizons Bois devrait faire l’objet tout d’abord de deux utilisations cette année pour un chantier de surélévation et un R+5 bois à Cesson-Sévigné.
L'inventeur obstiné Thierry Soquet (Horizons Bois), avec le bon sens de l'architecte.
LVL
Face au CLT omniprésent et aux solutions mixtes en plein développement, le LVL tente de tirer son épingle du jeu en faisant valoir son économie de matière et sa résistance. Stora Enso tente avec Sybois de développer des caissons, tandis que Steico mise sur sa carte d’industriel du LVL et de l’isolation biosourcée pour promouvoir le recours aux planchers associant les deux, avec des panneaux LVL mais aussi des poutres en I, la principale utilisation du LVL dans le monde. Une chape sèche couvre le tout et permet d’obtenir les bons résultats acoustiques.
Sur le stand de Steico au CIB, dans l'attente de grande mise en ligne de nouveaux isolants à Casteljaloux, à la rentrée.
Le CIB offre la même vision d’ensemble pour les façades et l’évolution générale de la construction bois en termes de ré-usage.
Source : batirama.com/Jonas Tophoven©JT