Au fin fond des monts du Beaujolais (69), la coopérative Coforêt a inauguré ses nouveaux bureaux le 9 juin 2022, dans le prolongement d’un bâtiment en bois construit il y a 20 ans.
La coopérative Coforêt montre l’exemple. Après de premiers bureaux construits à Lamure-sur-Azergues en bois, une extension 240 m² conçue par l’agence Herrgott&Farabosc vient d’être inaugurée. A cette occasion, et dans le cadre d’un chantier réalisé en site occupé depuis 2020, les anciens locaux ont été réaménagés, également sous l’égide de l’agence Hergott&Farabosc. L'an dernier, un premier article de Batirama faisait un point sur cette extension, le voici.
L’extension
Ce nouveau bâtiment est implanté au Sud-Est du bâtiment existant, sur une partie plate du terrain. Il s’élève sur une hauteur de 6,56 m en son point le plus haut. Son gabarit et sa position sont cohérents avec son usage de bâtiment secondaire, d’extension. Le bâtiment principal existant reste le bâtiment identitaire de Coforêt et son entrée principale.
Le bâtiment et sa nouvelle extension
Volume compact et sobre, il reprend les codes architecturaux du bâtiment existant : poteaux arborescents, bardage bois horizontal. Construit en ossature bois d’essences locales, il privilégie l’usage du bois massif pour limiter les produits industriels.
Il est caractérisé par sa haute performance énergétique : isolants biosourcés bois fabriqués localement dans la Loire (42), en laine de bois ; toiture végétalisée (pente 3%), chauffage par la chaudière bois du bâtiment existant ; VMC simple flux, pas de climatisation, les occultations se font tout simplement par des stores toiles extérieurs ; éclairages leds.
La salle de réunion
Les façades sont recouvertes majoritairement de bardages douglas teinte naturelle et en petite partie en partie basse en enduit beige. Des tasseaux bois peints dans un camaïeu de verts viennent partiellement habiller le bâtiment existant et l’extension afin de créer un trait d’union entre les deux bâtiments et s’harmoniser avec les teintes dominantes du site entouré de parcelles boisées.
De grands débords de toit en façades Sud et Ouest viennent marquer ce nouveau volume et protéger largement les façades en bardage bois. Les débords de toiture de l’extension sont soutenus par des poteaux de forme arborescente pour reprendre le langage de l’existant et ses deux poteaux arborescents marquant l’entrée actuelle de la coopérative.
Herrgott&Farabosc
La coopérative a choisi de s’adresser à cette agence très impliquée dans la filière bois, et qui inscrit sur ses tablettes : "Nous essayons d’être exemplaires sur les pratiques de moins et mieux consommer les ressources que notre planète bien malade nous offre encore, ressources de plus en plus rares et précieuses." En d’autres termes, l’agence "limite l’utilisation du béton, car il utilise des ressources non renouvelables. C’est un matériau très intéressant, mais qu’il faut savoir utiliser avec parcimonie."
Frugalité assumée pour l'aménagement intérieur
Par exemple, "la forte inertie nécessaire au confort d’hiver et d’été est apportée par la dalle armée en béton au rez-de-chaussée", soit une dalle armée de 13 cm sur isolant TMS, encadré par des longrines en béton isolées vers l’extérieur. Pour le coup, le revêtement est un carrelage. La dalle de compression du plancher intermédiaire est également en béton.
Carbone et circuit court
Le recours au béton et au TMS (de plain-pied et en toiture végétalisée) n’est pas la solution la plus décarbonée mais elle est économique et permet de faire travailler les entreprises locales.
Parois absorbantes en fibre de bois
Par ailleurs, l’apport de confort d’une toiture végétalisée sur construction bois mériterait d’être évalué, mis à part de fait qu’il réduit l’artificialisation de l’espace construit. Selon Julie Herrgott, "elle amène du confort d'été, de l'inertie et de la fraîcheur, réduit les quantités d'eaux pluviales rejetées en pied de bâtiment."
Bois massif
L’agence privilégie le bois massif, limitant les pièces lamellées collées afin de réduire l’énergie grise de la construction. Le bois massif se retrouve dans le plancher intermédiaire Lignadal.
Couplé à sa dalle de compression de 10 cm d’épaisseur, il répond aux problématiques de faible hauteur du R-1 et aux exigences acoustiques. L’absorption est complétée par des panneaux muraux en fibres de bois de Knauf.
Essences locales
Coforet expose les essences qu’elles côtoient quotidiennement, et les programme pour l’extension. Elle a fourni le Douglas à l’entreprise Charpente Habitat Bois pour la structure et les lames de bardage. La programmation demandait de varier les essences. Le carrelet en pin est utilisé pour les menuiseries.
Détail
Le peuplier est présent sur la vallée du Rhône, mais pour l’intégrer, il faut se reporter à une fabrication en contreplaqué de chez Drouin, soit 650 km dans la Sarthe. Qu’à cela ne tienne, les refends sont habillés par des panneaux en contreplaqué de peuplier qui agissent en contreventement tout en offrant une finition soignée. Les vis sont apparentes, les fixations sont visuellement assumées.
Source : batirama.com/Jonas Tophoven / Photos © Coforêt Vincent Ramet