Lors d'une conférence de presse le 14 juin, le président de la FFB Oliver Salleron a évoqué les nombreux problèmes auxquels le secteur de la construction est confronté et a évoqué une possible sortie de crise début 2024.
Une envolée des prix qui se poursuit, des marges qui se dégradent... Lors de sa conférence de presse conjoncturelle le 14 juin, la Fédération Française du Bâtiment a fait le bilan d'un trimestre encore marqué par la crise. Malgré cela, Olivier Salleron, président, avait tout de même une bonne nouvelle à annoncer : l'activité immédiate tient et les carnets de commande se maintiennent à un niveau élevé, toutes tailles d'entreprises, tous métiers et tous territoires confondus sur le début de 2022. Les entreprises résistent avec un niveau de défaillances d'entreprises encore inférieur de 40% à celui de 2019, avant la crise sanitaire, des tendances qui bénéficient à l'emploi dans le secteur.
Une courbe de prix "historique"
Mais attention, la crise de l'énergie et des matériaux continue à frapper durement toute la filière, qui sort d'une année 2021 déjà inflationniste pour les matériaux (l'acier avait déjà augmenté de 80%, le bois, selon les essences, de 100 à 200%...). La période novembre 2021-avril 2022 est marquée par une envolée généralisée de tous les prix qui atteignent des niveaux "jamais vu de mémoire d'économiste dans cette maison", insiste M. Salleron, président de la FFB.
En effet, comme on peut le voir sur cette courbe "historique, qui ne fléchit pas", les prix de l'acier ont encore augmenté de 27% en 6 mois, ceux des tuiles, des briques, de 20%, en partie en raison des hausses de coût de l'énergie qui est nécessaire à leur fabrication. Le PVC prend 16%, la céramique 12% et le cuivre 10%... Résultat, malgré une quasi-stabilité du coût horaire du travail, l'index BT01 calculé par l'Insee qui résume l'ensemble des coûts d'une entreprise moyenne du bâtiment, s'affiche à +3% sur les trois premiers mois de 2022, après plus de +5% sur l'ensemble de 2021.
De son côté, le taux de marge opérationnelle corrigé de la rémunération du travail des chefs d'entreprise non salariés est à la baisse (-2 points de pourcentage au premier trimestre 2022 pour le secteur de la construction).
Le marché de la rénovation se porte encore bien ...
Le secteur de l'amélioration-entretien résiste ce trimestre, grâce en partie aux aides MaPrimeRénov' qui continuent à augmenter entre janvier et avril 2022, que ce soit par le nombre de primes accordées (207 000 primes, soit 19% de plus qu'en 2021) que par le montant accordé, la prime moyenne accordée étant 33% plus importante qu'en 2021, pour un montant moyen de 3 600€. Il faut ajouter que le coût moyen des travaux associé aux aides a également augmenté de 14% avec un montant moyen global de 11 200€.
Olivier Salleron a toutefois attiré l'attention sur la dégradation du marché et l'instabilité des aides CEE "qui peuvent parfois changer d'un mois à l'autre", ce qui bride l'activité.
... Mais le logement neuf "craque"
Bien que les ventes de surfaces non résidentielles augmentent (+26% de surfaces commencées, et +12,4% de surfaces autorisées), elles restent bien au-deçà de leur niveau d'avant crise sanitaire (-12%). Mais la réelle inquiétude vient du logement neuf, dont les ventes s'effondrent en ce début d'année de 25,5% en individuel et de 9,2% en collectif. Les permis de construire sont également en net recul, ce qui ne manquera pas d'avoir des conséquences à moyen terme en 2023.
C'est pour cette raison, indique le président, que les Assises du BTP, annoncées par Bruno Le Maire avant les élections législatives sont attendues avec impatience par le secteur. M. Salleron espère que les dates seront bientôt fixées, sans doute pour le mois de juillet, après le résultat du deuxième tour des législatives dans quelques jours.
Des Assises porteuses d'espoir
Oliver Salleron a indiqué, au sujet des Assises du BTP, qu'elles permettront d’aborder la solidarité de filière, y compris à son amont (industriels et distributeurs), l’indexation des prix des marchés, modalités de financement comprises. Le sujet de l’accompagnement de la trésorerie des entreprises sera aussi abordé, avec des questions tournant autour de l’allongement du remboursement des PGE, des avances sur marché, etc.
"Il conviendra encore de réfléchir au financement de la RE2020 et à l’indexation des aides (PTZ, MaPrimeRénov’, CEE, …) dans un contexte à nouveau inflationniste. Ce contexte renforce d’ailleurs notre demande de mise en place d’un mécanisme d’amortissement généralisé en faveur du l’investissement locatif privé en lieu et place des dispositifs fiscaux dérogatoires", a ajouté le président, qui souhaite également demander une "tempérance législative et règlementaire pour éviter l’accumulation trop rapide des surcoûts associés, mais non financés (RE2020, ZAN, REP, suppression de l’accès au GNR, conséquence de la SFEC…)."
La FFB souhaite également une simplification générale pour permettre de gagner en fluidité et de lever les blocages dans la construction neuve, d’abord en généralisant effectivement la dématérialisation du dépôt et de l’instruction des permis, mais aussi en étudiant la piste du permis déclaratif et en encadrant les processus dilatoires de pré-instruction des permis, etc.
Pour la FFB, l'espoir et que ces Assises ne soient pas un évènement ponctuel de quelques jours, mais puissent devenir un rendez-vous régulier entre le Gouvernement et la filière. "Il faut que le dialogue soit pérenne. Si les bonnes mesures sont mises en œuvre, on pourra sortir de cette crise pour début 2024. Mais il faut mettre ces mesures en place pour que cela soit possible" a conclut le président de la FFB. Nul doute que la question d'obtenir un ministère dédié à la construction afin de permettre un meilleur dialogue sera à nouveau évoqué lors de cet évenement.
Source : batirama.com / Emilie Wood