Lors de ce 17e concours international qu’organise Saint-Gobain pour les étudiants en architecture, interview exclusive de Benoît Bazin, directeur général de Saint-Gobain, venu à la rencontre des futurs architectes.
Photo : Les jeunes Finlandais reçoivent le premier prix des mains de la maire-adjointe de Varsovie, Karolina Zdrodowska. © EJH
Benoît Bazin, directeur général de Saint-Gobain, a répondu aux questions de Batirama lors du concours étudiant international à Varsovie.
Que représente ce concours pour vous et votre groupe ?
Le lien avec l’architecture est très important pour Saint-Gobain qui se positionne comme le leader mondial de la construction durable et est en prise avec tous les acteurs de la construction, artisans, architectes, bureaux d’études, prescripteurs et industriels. Il est indispensable de comprendre les besoins des architectes et qu’eux nous connaissent.
Depuis 18 ans que nous avons lancé ce concours, qui touche la construction neuve comme la rénovation, la construction durable est montée en puissance jusqu’à devenir le sujet numéro un pour décarboner les bâtiments et l’économie, en particulier pour ces étudiants en architecture. C’est un très bel événement dans lequel nous nous engageons de plus en plus. Saint-Gobain avance vite sur ce sujet : nous venons d’annoncer la première production mondiale zéro carbone de verre plat et aussi, lors de la remise des prix, la première usine de plaques de plâtre zéro carbone au Canada, alimentée à l’hydro-électricité sur des chutes d’eau. Les avancées se succèdent et l’impact est réel sur la planète, le confort de vie, le bien-être collectif, au quotidien chez soi et au travail. Cela a vraiment du sens pour tous et à fortiori pour les jeunes générations.
Etant présents dans 75 pays, ce concours est l’occasion de mobiliser nos équipes, qui se connectent avec des architectes de demain, venus de partout dans le monde.
Benoît Bazin, directeur général depuis le 1er juillet 2021, est entré chez Saint-Gobain en 1999.-© EJH
Les Français participent assez peu à ce challenge ?
En France, les architectes sont parfois perçus un peu plus comme des artistes, alors qu’ils sont plus "ingénieurs" dans d’autres pays. L’interaction avec des industriels dans les écoles pourrait se développer davantage. Pour montrer à quel point les architectes sont importants pour nous, Lina Ghotmeh, une architecte franco-libanaise de renommée internationale, a récemment rejoint notre conseil d’administration. Elle sensibilise nos équipes et nous accompagne dans notre volonté de créer des liens avec les écoles. J’ai aussi souhaité devenir membre du conseil d’administration de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Inviter les gagnants, cette année l’équipe finlandaise, au Prix international de l’architecture durable* organisé par la Cité de l’architecture permettra de mettre en connexion ces futurs architectes avec les plus remarquables de leurs aînés. Toute cela évolue bien, j’y crois beaucoup !
En construction durable, en optimisant l’enveloppe du bâtiment, on traite les trois quarts des émissions de CO2 du bâtiment. Ces jeunes architectes sont à ce moment de bascule du monde de la construction, de cette période charnière assez fascinante où l’on construit différemment pour aller vers la construction extérieure et intérieure par ossature en acier, bois ou béton décarboné. Une construction “légère” avec un remplissage qui abaisse de 50 % le poids des matériaux et donc les émissions de CO2. Il faut penser économie circulaire, recyclage, construction durable, c’est intellectuellement et industriellement très stimulant.
Saint-Gobain est très engagé sur les questions d’efficacité énergétique, au travers de grands chantiers d’innovation, sur nos produits et process de fabrication pour basculer dans la transition nécessaire à opérer, tant pour l’énergie qu’au niveau des matériaux et de leur recyclage.
Pour aider les artisans français, que ce soit pour s’engager dans la construction durable ou plus généralement, quelles sont les actions engagées par Saint-Gobain ?
Nos enseignes de distribution en France, particulièrement Point P, facilitent l’accès à la qualification RGE pour les artisans. Nous avons ainsi créé une appli, Objectif RGE, qui permet aux professionnels de s’entraîner à l’examen RGE. Plus de 10 000 artisans ont ainsi été formés dans nos enseignes.
Dans cette période de faible visibilité, entre pénurie et inflation, nous sommes présents auprès des entreprises en tant que leader de la filière, pour essayer d’anticiper et de les soutenir de notre mieux.
Nous avons lancé le pack Jeunes Artisans dans le cadre du programme Génération Artisans chez Point P. L’objectif est d’aider des jeunes diplômés du bâtiment de moins de 30 ans dans la création de leur entreprise. Concrètement, nous offrons des formations, du parrainage par nos équipes, un service d’aide au recouvrement d’impayés, mais aussi une augmentation de l’encours crédit si nécessaire pour aider les jeunes artisans dans le développement de leur activité. C’est fondamental pour nous d’enrichir l’attractivité des métiers du bâtiment.
Nous avons beaucoup investi pour augmenter nos stocks, de façon à aider les entreprises face à la pénurie de matériaux. Nous nous sommes engagés auprès de la FFB et de la Capeb à faire des devis garantis un mois chez Point P, ce qui n’est le cas nulle part ailleurs en France. Dans le nouveau contexte économique et géopolitique auquel nous devons faire face ensemble, nous alertons à l’avance sur les évolutions de prix, nous proposons du crédit gratuit au travers d’une palette de solutions.
La communication est très importante. Il est essentiel aussi que les artisans valorisent de plus en plus leur expertise et leur travail dans les devis plutôt qu’une rémunération sur le prix des produits, afin d’être moins fragiles dans les périodes d’inflation des prix. Nous les aidons aussi à ce niveau-là à produire des devis rapidement, notamment via notre suite de logiciel Solu+ et les projets reçus via le site lamaisonsaintgobain.com. Tous ces dispositifs digitaux montent en puissance et sont très efficaces.
* Le “Global Award for Sustainable Architecture” distingue chaque année cinq architectes qui partagent les principes du développement durable et d’une approche participative de l’architecture aux besoins des sociétés, au Nord comme au Sud de la planète. En 2022, il se tiendra le 14 octobre à Paris.
Les étudiants lettons, second prix du Concours 2022, entourés de Benoît Bazin, Joanna Czynsz-Piechowiak, directrice générale Saint-Gobain Pologne, et Cordula Gudduschat, directrice marketing et développement Saint-Gobain. © EJH
Un concours ouvert sur le monde
“Architecture Student Contest 2022” s’est déroulé à Varsovie (Pologne) du 8 au 10 juin. L’équipe locale de Saint-Gobain a accueilli environ 250 personnes, dont 110 étudiants à divers niveaux d’étude et leurs enseignants référents, soit 52 équipes issues des 220 universités ou écoles participantes, venues de 32 pays différents. Présent dans 75 pays, le groupe a aussi reçu des représentants de ses différentes entités des quatre coins du monde.
Un projet en conditions réelles
En solo, duo ou trio, les candidats ont d’abord dû franchir une première sélection dans leur pays. Ils ont travaillé sur un projet élaboré avec la municipalité de Varsovie, intégrant des aspects architecturaux, techniques et environnementaux (pour répondre au programme politique de la ville pour atteindre les objectifs climatiques à 2050), mais aussi sociaux et culturels (attirer des jeunes dans la capitale). Le tout devant être faisable sur le plan économique.
La mission était de contribuer à redynamiser un quartier proche de la gare de l’est de la capitale polonaise : sur une friche de 14 500 m², une usine, classée au patrimoine, devait être réhabilitée en un espace de rencontres et de divertissement et sa périphérie devait accueillir une résidence étudiante et d’autres logements, de façon à créer un ensemble cohérent, lieu de vie estudiantine ouvert aux populations des alentours. Le tout selon une approche de construction durable, en prenant en compte le bien-être des usagers et le respect de la planète.
Lucie, Faustine et Léa, les trois participantes de l’ENSAP de Bordeaux, seule équipe française en lice à Varsovie.-© EJH
Le concours, une étape vers le monde professionnel
Les jeunes finalistes ont eu 5 minutes pour présenter oralement leur projet, dossier à l’appui, et convaincre le jury (des architectes, des représentants des autorités et de Saint-Gobain et des personnalités comme Catherine Chevillot, présidente de la Cité de l’architecture et du patrimoine, ou Jose Luis Cortes, président de l’Union internationale des architectes).
Cette année les lauréats sont des équipes finlandaise (premier prix), lettonne (second prix) et polonaise (troisième prix) et un prix spécial du jury a été décerné à une équipe mexicaine.
La capitale portugaise accueillera l’édition 2023. Rendez-vous à Lisbonne !-© EJH
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson