Le second trimestre 2022 s’est bien passé pour les artisans du bâtiment. Les perspectives pour la fin de l’année restent positives. 2023 s’annonce mal. Des mesures précises pourraient changer la donne.
Au second trimestre 2020, l’activité des artisans du bâtiment s’était effondrée. L’activité en euros constants (compte-tenu de l’inflation) avait chuté de plus de 20% par rapport au second trimestre 2019. Mais depuis, elle remonte, lentement d’abord, puis de manière explosive au second trimestre 2021 avec une croissance de 37% par rapport au second trimestre 2021.
Depuis, la croissance de l’activité des artisans du bâtiment se maintient entre 3 et 4%.
En tendance annuelle, l’activité globale de l’artisanat du bâtiment à augmenté de 3,5% entre le second trimestre 2021 et le second trimestre 2022. © Capeb / Xerfi
L’activité des entreprises artisanales du bâtiment est tirée par l’amélioration de la performance énergétique des logements. Elle a augmenté de 4% en volume au second trimestre 2022 par rapport au même trimestre en 2021. Ce secteur est massivement soutenu par l’Etat du point de vue financier, notamment à travers MaPrimeRénov’ et le plan de rénovation des bâtiments publics. ©Capeb / Xerfi
L’activité en volume en construction neuve croît encore, mais seulement de 2,5% en volume au second trimestre 2022 par rapport au même trimestre en 2021. ©Capeb / Xerfi
L’activité d’entretien rénovation, hors rénovation énergétique, a également augmenté de 3% au second trimestre 2022 par rapport au même trimestre en 2021. ©Capeb / Xerfi
Du point de vue de la répartition régionale, la Nouvelle Aquitaine vient en tête avec une croissance de 4%, suivie par la Région Paca, les Pays de la Loire et la Bourgogne-Franche-Comté (3,5%), puis par la Bretagne, Auvergne-Rhône-Alpes à 3%. Les autres régions n’ont atteint que 2,5% de croissance de l’activité globale, en volume, pour les artisans du bâtiment au second trimestre 2022 par rapport au même trimestre en 2021. ©Capeb / Xerfi
L’emploi continue d’augmenter
Le secteur de la construction continue d’être pourvoyeur d’emplois : un accroissement des embauches salariées de 2,3 % est observé ce trimestre. Dans l’artisanat du bâtiment, 25 % des chefs d’entreprise interrogés ont tenté d’embaucher durant le second trimestre 2022 (contre 31 % au trimestre précédent) et 12 % y sont parvenus (contre 17% au trimestre précédent).
Ce qui correspond à environ 15 000 emplois créés en un an. Si on laisse faire les artisans, soutient la Capeb, ils sont capables de créer encore autant d'emploi d'ici la fin de l'année 2022.
En termes de métiers, les travaux d’électricité affichent la croissance la plus dynamique avec 4 %, tandis que la hausse atteint 3,5 % pour l’aménagement-décoration-plâtrerie. En revanche, les travaux de couverture-plomberie-chauffage connaissent une progression légèrement plus modérée, mais stable, autour de 3 %. Le constat est plus mitigé pour la maçonnerie et la menuiserie-serrurerie avec une réduction de l’activité de -2,5 % et de -2 %, respectivement, par rapport au second trimestre 2021.
Ce trimestre, 36 % des entreprises déclarent une baisse des marges contre 40 % au 1er trimestre 2022, tandis que seulement 5 % déclarent une hausse. La fin de l’année 2022 s’annonce bien, puisque le nombre de jours de carnets de commandes s’élève à 101 au 2e trimestre 2022.
C’est 10 jours de moins qu’un an auparavant, mais cela représente tout de même 6 mois calendaires de travail.
Le prix des matériaux et les difficultés d’approvisionnement augmentent aussi
Pour mesurer les difficultés d’approvisionnement et l’inflation du prix des matériaux, la Capeb a renouvelé l’étude auprès de 1700 de ses membres, qu’elle avait déjà mené en juillet 2021, janvier et avril 2022. Résultat, la hausse moyenne du prix des matériaux depuis janvier 2022 atteint 26 %.
Avec 29% de hausse, a menuiserie-serrurerie est l’activité qui connaît la plus forte augmentation des prix, suivie par l’aménagement, la décoration-plâtrerie et la maçonnerie (+26 %). La cause principale, selon la Capeb, est la forte augmentation de l’acier et du bois.
Ces hausses sont répercutées dans leurs devis par 81% des entreprises interrogées, contre 60% au trimestre précédent. En moyenne, les entreprises répercutent 59% des hausses dans leurs devis, contre 43% au trimestre précédent. Les électriciens et les menuisiers-serruriers, plus touchés par les hausses de prix, répercutent respectivement 75% et 67% des hausses.
Enfin, 74 % des 1700 entreprises interrogées par la Capeb, contre 56 % en avril 2022, déclarent que la hausse des délais d’approvisionnement et la pénurie des matériaux posent des difficultés de production et d’organisation, imposant notamment des modifications de plannings, 70 %, contre 76 % au trimestre dernier, et une réduction de la validité des devis (51 %).
La Capeb ne semble pas s'inquiéter outre mesure de la hausse des prix de l'énergie. La consommation énergétique représente, pour l'instant, de 1 à 3% des charges de la plupart des entreprises artisanale du bâtiment, contre 30% en moyenne pour les achats de matériaux. En revanche, les entreprises qui fabriquent ou assemblent en atelier - à nouveau les menuisiers, les serruriers, mais aussi les électriciens avec leurs tableaux et armoires électriques - ont des consommations énergétiques nettement plus hautes et seront fortement impactées par la hausse du prix de l'énergie.
26 propositions
La Capeb participe aux Assises du BTP qui se tiendront en septembre. Lors du point presse du 6 septembre, Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, a indiqué que ces assises se dérouleraient en deux phases en septembre. Premièrement, ce vendredi 9 septembre, les Ministères doivent indiquer quelles mesures seront retenues parmi toutes celles que les diverses fédérations du bâtiment ont proposé.
La Capeb, pour sa part, a transmis au gouvernement 26 propositions, que l’on peut encore consulter sur son site internet Ensuite, seconde étape, le 22 septembre, une grand-messe en présence des ministres concernés pourrait décider des mesures définitivement retenues.
La Capeb espère fermement qu’un maximum de ses propositions seront retenues. Certaines ne coûtent rien à l’Etat et pourraient être considérées plus favorablement. Sa première proposition, « Lutter contre la hausse des coûts et l’inflation », demande notamment une transparence sur les hausses de prix.
C’est un peu comme si la Capeb avait le diffus sentiment qu’une part des hausses est opportuniste, plutôt que motivée par une vraie augmentation des coûts. Mais entre personnes de bon goût, ça ne se dit pas cruement. Ce serait beaucoup mieux, si les Pouvoirs Publics se chargeaient de l'établir.
Plusieurs propositions de la Capeb consistent à demander au Pouvoirs Publics, en quelque sorte, de lâcher la grappe aux artisans durant cette période de crise aigüe : retarder et clarifier la REP, l’entrée en vigueur des ZFE, limiter la concurrence déloyale en luttant contre le travail dissimulé, limiter la sous-traitance en cascade au rang 1, …
Mais d’autres touchent demandent un accroissement du soutien financier de l’Etat : régler le financement des restes-à-charge, augmenter MaPrimeRénov’ et l’indexer sur l’inflation des coûts, …
La Capeb souhaite également augmenter les montants des CEE et les indexer sur l’inflation du coût des travaux, … Ce qui pourrait être pour notre Ministre des Finances, un moyen détourner de taxer les profits des entreprises du secteur de l’énergie, sans se dédire : bonne idée !
Source : batirama.com / Pascal Poggi